Tuesday, June 01, 2010
ET L'HOMME CREA LA VIE...
"SCIENCE SANS CONSCIENCE N'EST QUE RUINE DE L'AME" Rabelais
L'homme "crée la vie"…, ou il menace de la détruire dans son essence...?
Le biologiste américain John Craig Venter se vante d’avoir créé la vie à travers «une cellule bactérienne contrôlée par une synthèse chimique du génome». Certains y voient un prodige scientifique sans précédent ; d'autres l'annonce de l'approche de l'Apocalypse. Les enjeux, risques et dangers sont réels (et irréversibles) pour l’humanité et pour la vie sur terre…Manipulations génétiques de l’homme (eugénisme) et sur les animaux, création d’armes biologiques, de virus extrêmement pathogènes, relâchement dans l’environnement d’organismes de synthèse, etc…
En octobre 2004 un éditorial de la revue scientifique Nature précisait :
« Si les biologistes sont sur le point de synthétiser de nouvelles formes de vie, l’étendue des désastres qui pourraient être provoqués volontairement ou par inadvertance est potentiellement immense. »
La CIA - l’Agence Centrale de Renseignements des Etats Unis - écrivait à propos de la biologie synthétique: « La même science qui peut permettre de guérir les pires maladies pourrait être utilisée pour créer les armes les plus effrayantes que le monde ait connues »
Source: Central Intelligence Agency’s Office of Transnational Issues, « The Darker Bioweapons Future », 3 novembre 2003
De quoi s’agit-il exactement ?
Comme l’explique Jean-Yves Nau : « Craig Venter et ces vingt-quatre chercheurs américains sont parvenus à créer des bactéries dont le patrimoine héréditaire a été construit par synthèse informatique et chimique, bactéries qui sont aujourd'hui «naturellement» capable de se diviser pour se reproduire. Une vie synthétique en somme. «Il s'agit de la création de la première cellule vivante synthétique au sens où celle-ci est entièrement dérivée d'un chromosome synthétique », explique John Craig Venter. « Ce chromosome a été produit à partir de quatre flacons de substances chimiques et d'un synthétiseur, le tout ayant commencé avec des informations dans un ordinateur», ajoutant qu'un tel résultat «change certainement sa vision de la définition de la vie et de son fonctionnement». Il précise: «Cette approche est en effet un très puissant instrument pour tenter de concevoir ce que nous attendons de la biologie et nous pensons à cet égard à une gamme étendue d'applications.»
En d’autres termes, écrit Jean-Yves Nau, « Le pionnier de la génomique Craig Venter est donc parvenu à créer une forme de vie artificielle : une bactérie dont le génome, soit le code génétique qui fait vivre tout organisme, comme un logiciel fait tourner un ordinateur, a été synthétiquement fabriqué de toutes pièces par ordinateur en laboratoire ! »
Pour Venter, "il s’agit d’une importante avancée philosophique dans l’histoire de nos espèces." "Nous sommes en train de passer de la lecture du code génétique à la capacité de l’écrire. Cela nous donne la possibilité hypothétique de faire des choses que nous n’avions jamais envisagées avant"…
De nouvelles formes de vie artificielles pour faire quoi… ?
Pour Craig Venter, le champ d’exploration qui s’ouvre est incommensurable. « Nous avons là un outil très puissant pour tenter de créer ce qu’on veut en biologie. Nous avons diverses applications en tête » : fabriquer des micro-organismes produisant des biocarburants, des substances médicinales, ou des ingrédients alimentaires, ou purifiant l’eau. « Et avec Novartis, nous tentons d’accélérer la production de vaccins, jusqu’à 99 % avec celui de la grippe annuelle. »
Comme l’explique Jean-Yves Nau : « John Craig Venter et ses collaborateurs n'ont bien évidemment pas manqué de vanter les applications environnementales et énergétiques pouvant désormais être envisagées. Ils évoquent notamment la conception d'algues capables de capturer le CO2, principal gaz à effet de serre, ou de produire de nouveaux hydrocarbures «propres». Ils disent aussi travailler sur des techniques capables d'accélérer la production de vaccins et de fabriquer de nouveaux ingrédients alimentaires, des substances chimiques ou des bactéries capables de purifier l'eau. Un véritable Eldorado en gestation.
On ne saurait pour autant, et sans faire ici preuve de catastrophisme, masquer l'autre volet de ce progrès. Cette nouvelle maîtrise et compréhension du vivant pourrait notamment, si elle n'était pas strictement encadrée, conférer un formidable pouvoir de nuisance à certains biologistes en augmentant considérablement la gamme des armes pouvant à l'avenir être utilisées dans le cadre de la guerre biologique ou environnementale.
Et plus généralement encore cette étape majeure de la biologie synthétique - un champ scientifique combinant biologie et ingénierie dans le but de concevoir et construire de nouvelles formes du vivant - nous rapproche à grand pas du moment où se posera, en des termes concrets, la question fondamentale du «post-humain»: celle de la modification dirigée du génome de l'espèce humaine. Non plus pour y corriger le pathologique, mais bel et bien pour «améliorer» l'existant. »
De plus, comme écrit DESSIBOURG,OLIVIER : « Cette étape qui dépasse les capacités de la transgenèse (OGM) et propose d’implanter des génomes entiers, fabriqués sur mesure par synthèse chimique, dans des cellules vidées de leurs propres gènes est celle de la biologie synthétique. Elle n’est pas anodine et inquiète de nombreux biologistes et spécialistes du bioterrorisme : en mai 2006, 38 organisations internationales comprenant des scientifiques, des écologistes, des coopératives, des avocats et experts en guerre biologique ont lancé une alerte sur la biologie synthétique appelant à des débats ouverts et des régulations.
Parmi ces voix, celle de Pat Mooney, directeur général de l'ETC Group, un organisme international de surveillance des technologies dont le siège se trouve au Canada. pose la question centrale des finalités et du contrôles de telles entreprises. Cité par le Guardian, il considère que ces travaux constituent "l’armature sur laquelle il sera possible de construire pratiquement n’importe quoi. Les gouvernements et les sociétés sont confrontés à ces défis énormes. Cette annonce est un appel au réveil pour s’interroger sur ce que ça veut dire de fabriquer des nouvelles formes de vie dans un tube à essai ? “
Une bactérie artificielle pour sauver l’humanité et la planète… ?
Selon Craig Venter, "Synthia" (le nom donné à la bactérie par le Groupe ETC) pourrait constituer une véritable bénédiction pour les agrocarburants de deuxième génération, car elle aurait le potentiel -- théorique -- d'assurer l'alimentation à la fois des humains et des voitures. L'article suggère aussi que Synthia, ou la biologie synthétique, pourrait contribuer à nettoyer l'environnement, à nous préserver des changements climatiques et à résoudre la crise alimentaire.
"Synthia n'est pas une solution miracle à tous les malheurs de nos sociétés, conteste Pat Mooney, Cette technologie risque bien davantage d'engendrer toute une nouvelle série de problèmes auxquels les gouvernements et la société sont encore mal préparés."
Boîte de Pandore ?
"C'est le genre de moment charnière qui a toutes les caractéristiques d'une boîte de Pandore, comme la fission de l'atome ou le clonage de la brebis Dolly. Nous allons tous avoir à subir les répercussions de cette expérience alarmante, dit Jim Thomas de l'ETC Group. La biologie synthétique est un champ d'activité à haut risque fondé sur la recherche de profit, où l'on assemble des organismes à partir d'éléments qui sont encore mal compris. Nous savons que les formes de vie créées en laboratoire peuvent s'échapper de leur lieu de confinement ou devenir des armes biologiques, et que leur usage peut menacer la biodiversité naturelle.
Mais ce qui est le plus inquiétant, c'est que Craig Venter mette cette puissante
technologie entre les mains de l'industrie la plus irresponsable et qui cause le plus de dommages à l'environnement en établissant des partenariats avec des entreprises comme BP et Exxon dans le but d'accélérer la commercialisation de formes de vie synthétique."
Vide réglementaire...
De plus, il n'existe toujours pas de mécanisme de surveillance national ou international adéquat pour ces nouvelles technologies à haut risque qui pourraient avoir d'énormes impacts sur l'humanité et le monde naturel, prévient Jim Thomas.
En 2006, l'ETC Group s'est joint à d'autres organisations pour exiger une surveillance officielle, ouverte et inclusive de la biologie synthétique, et a depuis appelé, avec ces mêmes groupes, à un arrêt de la recherche à l'échelle mondiale jusqu'à ce qu'une réglementation soit mise en place. L'ETC Group a réitéré aujourd'hui cet appel lors d'une rencontre scientifique des parties à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique à Nairobi, à laquelle participent plus de 100 représentants gouvernementaux.
L'absence de réglementation mondiale dans ce domaine préoccupe aussi de nombreux gouvernements, comme l'illustrent la teneur des pourparlers sur la biodiversité qui se déroulent à Nairobi. Mundita Lim, membre de la délégation des Philippines à la rencontre des parties à la CDB, a exprimé les préoccupations de son pays devant "les impacts potentiels graves de la biologie synthétique sur la biodiversité". "Nous croyons, a-t-elle ajouté, qu'il ne devrait pas y avoir de libération des formes de vie, des cellules ou des génomes synthétiques dans l'environnement tant qu'il n'y aura pas eu d'évaluations scientifiques minutieuses effectuées dans le cadre d'un processus transparent, ouvert et participatif auquel sont conviées toutes les parties concernées, les communautés autochtones et locales qui risquent d'être touchées par ces formes de vie synthétique dont les effets sur la biodiversité, l'environnement et les modes de subsistance sont inconnus." L'annonce
faite aujourd'hui mettra de nouveau en évidence de manière éclatante l'urgence du
débat sur la biologie synthétique, ainsi que la nécessité d'exercer une surveillance
rigoureuse des nouvelles technologies avant que leur commercialisation ou leur utilisation dans l'environnement soit permise.
Source : http://www.etcgroup.org/en/issues/synthetic_biology
Marcher sur les plates-bandes immémoriales de Mère Nature : voilà ce qui dérange Jim Thomas, de l’ONG de bioéthique canadienne ETC Group : « L’annonce de cette découverte est un choc ! Elle devrait servir de signal d’alarme pour nous forcer à nous interroger sur cette nouvelle technologie. » Craig Venter assure avoir pris les devants : « Sachant que nous entrions en territoires inconnus, nous avons réuni un comité d’experts. C’est même la première fois qu’une évaluation bio-éthique est menée avant que l’expérience ait lieu. »
La démarche est loin de satisfaire Jim Thomas : « Ces experts ont effectivement soulevé de bons points concernant l’éthique, mais Craig Venter les a minimisés », assure-t-il. Avant de redire : « Il faut absolument que les gouvernements discutent de cette thématique et lui imposent un moratoire jusqu’à ce que les conséquences soient mieux connues. »
Qu’arriverait-il si un organisme artificiellement programmé génétiquement – qui pourrait être un virus inédit – s’échappait des laboratoires ? Là aussi, Craig Venter a sa réponse : « La bactérie M. mycoides infecte les bovins. A moins de l’injecter directement dans un bovidé, elle ne peut survivre hors des laboratoires. Où d’ailleurs elle se développe uniquement sur des substrats nutritionnels très riches. »
« Tôt ou tard, il y aura des fuites. Depuis les laboratoires, mais aussi à travers les applications commerciales », rétorque Jim Thomas.
Eugénisme et manipulations génétiques de l’homme…
Se pose la question de la reproductibilité de cette percée : outre celui d’une bactérie, peut-on aussi synthétiser le génome d’un organisme (beaucoup) plus complexe, à ailes, à pattes ou à pieds ? Craig Venter indique qu’il va tenter l’affaire avec des eucaryotes (cellules ayant un noyau contenant l’ADN, les bactéries en étant dépourvues, et s’avérant donc plus « simples »). « Ça lui prendra au moins cinq ans, dit Sven Panke. Mais pour des êtres plus complexes que des unicellulaires, il faudra beaucoup plus de temps. » DESSIBOURG,OLIVIER
John Craig Venter peut être rejoint à l’adresse email suivante: jcventer@jcvi.org
Libellés :
craig venter,
eugenism gmo,
synthetic biology
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