Monday, May 25, 2009

LES OGM N'AUGMENTENT PAS LES RENDEMENTS ET NE PEUVENT PAS "NOURRIR LE MONDE"...


Face aux OGM : L'Afrique s'ouvre, l'Europe se referme

Le Matin

source: http://www.maliweb.net/category.php?NID=44733&intr=

19/05/2009

Les organismes génétiquement modifiés (OGM) ne sont pas seulement la cible des critiques en Europe ou des altermondialistes en Afrique. L'Allemagne vient aussi de rejoindre le cortège des Etats ayant banni le "maïs Mon810" de leur territoire. Aux Etats-Unis également, patrie du groupe Monsanto, un rapport ( Failure to Yield) publié le 14 avril 2009 par l'Union of Concerned Scientist (UCS, un groupe indépendant d'experts né dans le giron du Massachusetts Institute of Technology), s'attaque au principal argument des fabricants de semences modifiées : la garantie de meilleurs rendements !

Depuis des années, les industriels claironnent qu'ils vont nourrir le monde en promettant que les OGM produiront de meilleurs rendements. Mais, après vingt ans de recherches et treize ans de commercialisation, les fermiers américains qui ont recours à ces semences n'ont guère récolté davantage à l'acre (0,4 hectare). En comparaison, l'agriculture traditionnelle continue d'avoir de meilleurs résultats" ! Cette révélation est de M. Doug Durian-Sherman, l'auteur du rapport publié le 14 avril 2009 par l'Union of Concerned Scientist (UCS).

Pour aboutir à cette conclusion, ce biologiste a passé au crible toutes les statistiques et études académiques publiées sur le soja et le maïs, les deux cultures transgéniques les plus répandues aux Etats-Unis où près de 90 % des surfaces plantées en soja le sont en OGM, tout comme plus de 60 % des surfaces consacrées au maïs.

De nos jours, trois OGM dominent le marché. Une variété de maïs résistante à certains insectes nuisibles, comme la pyrale, une chenille qui dévore les tiges de la plante de l'intérieur, et deux variétés tolérantes aux herbicides. Ces deux dernières, l'une de maïs et l'autre de soja, "n'ont apporté aucune amélioration des rendements", défend le rapport.

Concernant le maïs Bt (Bacillus thuringiensis), résistant aux insectes, comme le Mon810, l'accroissement de la production s'est avéré " marginal ". Sauf dans les cas de forte invasion où une hausse de 7 % à 12 % a pu être observée. Ces résultats s'appuient en partie sur des récoltes obtenues en Europe où le maïs Bt est largement exporté.

" La hausse de la productivité au cours des dernières années tient davantage à d'autres facteurs d'innovation agricole ", constate le rapport. L'auteur juge même, en conclusion, qu'il serait dangereux de miser sur les OGM pour assurer les besoins alimentaires d'une planète qui comptera 9 milliards d'habitants en 2050, soit près de 50 % de plus qu'aujourd'hui.

Efficacité démentie par l'interdiction
Il faut souligner que ce rapport n'est pas le premier à dénoncer la " fausse promesse " des OGM que les multinationales imposent petit à petit aux pays pauvres, notamment africains, comme solution miracle à leur insécurité alimentaire. Et le constat n'émane pas seulement de cercles réputés hostiles aux biotechnologies. En effet, en 2006, les chercheurs du ministère américain de l'agriculture avaient fait le bilan des dix premières années de cultures transgéniques et ils étaient parvenus à la même conclusion : aucune amélioration significative des rendements des surfaces mises en valeur. Alors que les enquêtes réalisées auprès des fermiers montraient que ce point constituait la principale raison de se tourner vers les OGM. C'est en tout cas l'argument tenu pour mieux appâter les pauvres paysans d'Afrique.

Les semenciers ont, jusqu'à présent, catégoriquement réfuté ces affirmations. Proche des multinationales du secteur, le cabinet de conseil PG Economics expliquait, en février dernier, que " les faits montrent que sur l'ensemble des pays ayant recours à des maïs OGM résistant aux insectes ravageurs, les rendements ont crû de 5,7 % entre 1996 et 2006 ". Et d'ajouter, " les performances sont d'autant plus fortes quand le pays a peu de moyens pour lutter contre les pestes animales ".

Toujours selon PG Economics, le coton transgénique aurait entraîné une augmentation des rendements de 50 % en Inde, le maïs OGM faisant de même à hauteur de 24 % aux Philippines. En Inde pourtant, les cotonculteurs se suicident régulièrement parce qu'ils ne parviennent plus à faire face aux dettes liées à leur campagne agricole.

Ce débat sur les rendements s'ajoute à ceux concernant l'innocuité des OGM sur la santé humaine et leur incidence sur l'environnement. En tout cas, le 14 avril 2009, l'Allemagne a décidé à son tour d'interdire la culture ainsi que la vente du Mon810 de la firme américaine Monsanto, en faisant jouer la clause de sauvegarde. Elle est le sixième Etat membre (avec la France, la Grèce, l'Autriche, la Hongrie et le Luxembourg) à rejoindre le camp des opposants à cette semence transgénique contre l'avis de Bruxelles. Cette décision " a été prise dans l'intérêt de l'environnement ", a affirmé la ministre allemande de l'agriculture.

" Nous avons mené une étude rigoureuse pour peser le pour et le contre ", précise-t-elle. Pour Mme Aigner (la ministre en question) la décision de son pays se fonde sur deux rapports scientifiques sur lesquels s'était appuyé le Luxembourg au moment de suspendre, fin mars 2009, la culture du maïs transgénique. Ils démontrent que la semence présente un risque pour certains insectes, tels que les coccinelles, les papillons et les puces d'eau.

Et le 15 avril 2009, la Commission européenne a décidé de se donner le temps de la réflexion sur le Mon810 après avoir vainement tenté de jouer les gendarmes contre les pays récalcitrants. Depuis quelques années, l'Union européenne recommande une levée de la clause de sauvegarde, activée en janvier 2008, à la suite du Grenelle de l'environnement.

La Commission s'est déjà fait désavouer début mars dernier, lorsqu'une majorité d'Etats membres avait rejeté la levée des moratoires hongrois et autrichien. Le rejet des OGM par un nombre de plus en plus croissant de pays européens doit servir d'exemple aux gouvernements africains qui se laissent intimider ou naïvement séduire par les multinationales.

Kader Toé

Des enjeux financiers de taille

L'enjeu économique est faible pour l'Allemagne qui vient d'interdire le maïs transgénique. En effet, la culture du Mon810 devait concerner 3 700 hectares en 2009, soit moins de 0,2 % de la surface totale de maïs cultivée dans le pays. Depuis son autorisation officielle en 2005, cette culture a toujours été contestée outre-Rhin.

La semence avait déjà été provisoirement interdite à la vente en 2007.

Mais, il faut noter que 125 millions d'hectares étaient cultivés en organismes

génétiquement modifiés (OGM) dans le monde en 2008, soit 8 % des surfaces cultivées, selon l'International Service for the Acquisition of Agro-biotech Applications (Isaaa). Les surfaces cultivées en OGM ont augmenté de 9,4 % par rapport en 2007.

Ainsi, 25 pays cultivent des OGM et 30 en ont autorisé l'importation depuis le début de leur commercialisation, en 1996. Les Etats-Unis, le Canada, le Brésil et l'Argentine concentrent près de 80 % de la production mondiale. En 2008, une percée a été observée en Afrique où le Burkina Promotion de la paix et de la non violenceFaso et l'Egypte sont venus rejoindre l'Afrique du Sud au rang des pays producteurs. L'enjeu financier est énorme. En effet, il représentait 7,5 milliards de dollars (5,7 milliards d'euros) en 2008, sur un total de 34 milliards de dollars (26 milliards d'euros) pour le marché mondial des semences. On comprend alors pourquoi les multinationales, qui contrôlent ce juteux et douteux marché, ne lésinent pas sur les moyens pour conquérir les pays africains comme le Mali. K.T

Le Matin, est seul responsable du contenu de cet article

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