Monday, March 02, 2009

Les pays Européens disent non à Monsanto !


Une majorité de pays européens - 22 sur 27 - ont refusé aujourd'hui de contraindre l'Autriche et la Hongrie à cultiver un maïs génétiquement modifié de la firme américaine Monsanto, c'est à dire qu'ils ont refusé la demande de l'exécutif européen, la Commission européenne, de lever les "clauses de sauvegarde" décidées par l'Autriche et la Hongrie, lors d'un vote des ministres de l'Environnement de l'UE : la Commission européenne est mise à mal, tandis que la France jubile ! Le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Suède, la Finlande et l'Estonie sont les 5 pays qui n'étaient pas d'accord.

"C'est une victoire historique. Pour moi, c'est comme si l'Autriche était devenue championne d'Europe de football", a déclaré le ministre autrichien de l'Environnement, Nikolaus Berlakovich ! Greenpeace s'est aussi félicité de l'"échec cuisant de la Commission", ajoutant : "La protection de l'environnement et de la santé publique devrait toujours venir avant les intérêts financiers d'une poignée de sociétés agro-chimiques".

La France et la Grèce devraient donc pouvoir maintenir leurs interdictions de cultiver ce maïs : les pays de l'UE vont logiquement voter dans ce sens puisque ces interdictions doivent être soumises prochainement à leurs votes. Le ministre français Jean-Louis Borloo a été clair : "Nous apprécierions hautement que le collège des commissaires fasse une lecture attentive du vote d'aujourd'hui. Compte tenu des interrogations des scientifiques et des citoyens sur les impacts environnementaux des OGM, nous souhaitons que soient maintenues les clauses de sauvegarde nationales jusqu'à ce qu'une décision soit prise sur le renouvellement éventuel des autorisations de ces OGM".

En effet, le renouvellement de l'autorisation de culture pour le MON 810 est en cours d'évaluation, puisque l'Autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA) aurait demandé à Monsanto des "informations supplémentaires concernant l'impact environnemental"...

Jean-Louis Borloo a aussi regretté que le président de la Commission, José Manuel Barroso, ait tenté de passer en force alors que les gouvernements des 27 avaient appelé en décembre la Commission à recueillir une expertise plus large lors de l'examen des demandes d'autorisation d'OGM, en prenant en compte les structures agricoles et les particularités écologiques des régions européennes.

Le ministre allemand de l'Environnement, Sigmar Gabriel, a soutenu Borloo : "Je ne vois pas pourquoi on devrait suivre les intérêts d'une seule entreprise américaine et fâcher les citoyens des Etats membres", comme l'Italienne Stefania Prestigiacomo : "Nous avons voté sur les rapports institutionnels entre la Commission et les Etats membres". "M. Barroso a pris un risque considérable. C'est un résultat très sévère pour lui", a indiqué, à juste titre, un responsable français sous couvert de l'anonymat. On sent bien qu'à trois mois des élections européennes, les pays veulent caresser l'opinion dans le sens du poil !

Le coton Bt de Monsanto détruit la terre et les agriculteurs


Le 24 fevrier 2009

Institute of Science in Society

L'Inde est le 3ème producteur mondial de coton après la Chine et les USA. L'état du Gujarat est tourné vers l'agriculture et en particulier vers la production de coton

La biosécurité vise à faire en sorte que les OGM ne nuisent ni à l'environnement ni à la santé.

La terre, sa fertilité et les organismes qui entretiennent sa fertilité, sont un élément vital de l'environnement, en particulier dans le contexte de la production alimentaire et agricole.

Une récente étude scientifique réalisée par Navdanya, a comparé la terre des champs où du coton Bt a été planté pendant 3 ans avec celle des champs adjacents, plantés de coton naturel ou d'autres cultures. La région couverte incluait le Nagpur, l’Amravati et le Wardha de Vidarbha, ce qui représente les plus grandes plantations de coton OGM en Inde, et le taux le plus haut de suicides de fermiers (4000 par an).

En 3 ans, le coton Bt a réduit la population d’actinomycètes de 17%. Les actinomycètes sont indispensables pour dissocier la cellulose et créer l'humus.

La population bactérienne a été réduite de 14%. La biomasse microbienne totale a été réduite de 8,9%.

Les enzymes bénéfiques, vitales pour la terre, qui rendent les nutriments disponibles pour les plantes, ont aussi été considérablement réduites. Le phosphatase acide, qui contribue à l'assimilation des phosphates, a été réduit de 26,6%. Le nitrogénase, les enzymes qui catalysent la fixation de l'azote moléculaire, a été réduit de 22,6%.

À ce rythme, une dizaine d'années de culture de coton OGM, ou de tout type de culture génétiquement modifiée dotée de gènes Bt, pourrait entraîner la destruction totale des organismes du sol, laissant la terre morte, incapables de produire la nourriture.

Dans son dernier communiqué, l’International Service for the Acquisition of Agri-Biotech Applications a déclaré qu’il y a 7,6 millions d’hectares de coton Bt en Inde. Cela veut dire que 7,6 millions d’hectares de terre sont en train de mourir.

Habituellement, l'impact des OGM sur les organismes du sol n’est pas étudié. C'est une lacune redoutable, car la toxine Bt des cultures comme le maïs MON 810, le coton Bt ou l’aubergine Bt, a un grave impact sur les organismes bénéfiques du sol.

Le gouvernement de l'Inde cherche à ratifier l’homologation de l’aubergine Bt sans faire l’étude de biosécurité concernant les conséquences sur les organismes du sol. La Commission européenne tente de faire pression sur les pays exempts d'OGM pour introduire le maïs MON 810.

L’étude de Navdanya, la première à avoir examiné l'impact à long terme du coton Bt sur les organismes du sol, est un appel au réveil pour les organismes de réglementation du monde entier. Elle montre aussi que les affirmations de l'industrie biotechnologique sur l’innocuité des cultures génétiquement modifiées sont mensongères.

Pour obtenir une copie du rapport de l’étude et pour de plus amples renseignements, veuillez contacter :

Navdanya
A-60, Hauz Khas

New Delhi – 110 016

Téléphone : 91-11-26535422 / 26532124

Courriel : vandana@vandanashiva.com

Site Internet : www.navdanya.org



Source : http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=12437

LE COTON Bt de MONSANTO ENVAHI LE BURKINA FASO

Le semencier américain Monsanto sévit aussi (et fortement) au Burkina-Faso. Comme l’explique le Monde Diplomatique (février 2009), Monsanto a réussi à s’imposer dans ce petit pays pauvre d’Afrique, qui présente néanmoins l’avantage d’être le plus gros producteur de coton d’Afrique de l’Ouest.

L’argument paraît imparable : les OGM pourraient offrir un rendement supérieur de 45% aux semences naturelles et une réduction des pesticides des 2/3. Mais ce que découvrent les producteurs, c’est que la semence leur coûtera chaque année 45 euros à l’hectare, contre 1,37 euros actuellement. De plus, la plante ne pouvant revenir dans son état d’origine, cette rente est acquise annuellement à Monsanto.

Il faut dire que les dés sont pipés à l’avance : “Le coton burkinabè est très compétitif, mais les pays riches dopent leur production à coût de subventions en faussant l’équité du commerce mondial”, déplore Sériba Ouattara , un responsable du ministère du Commerce. D’autre part, selon un article d’experts scientifiques, “La vulgarisation des nouvelles pratiques, la diffusion des outils modernes et la formation des agriculteurs est assurée par les sociétés d’exploitation cotonnière, en partie détenues et gérées par des actionnaires occidentaux. Le Burkina Faso entre ainsi dans un système de dépendance complexe vis-à-vis des pays développés.”

Il faut comprendre l’intérêt stratégique pour Monsanto du Burkina-Faso, petit pays coincé entre le Mali, le Bénin, la Côte d’Ivoire, les autres grands producteurs de coton. La contamination « accidentelle » des plants assure l’irréversibilité et la généralisation de la rente. En effet, faute de réglementation et de confinement, les risques de dissémination sont considérables et rien ne distingue à l’œil nu une plante génétiquement modifiée d’une autre.

L’engrenage a été mis en place : 12 000 hectares de coton OGM ont été mis en culture en 2008 afin de procurer des semences pour 300 à 400 000 hectares dès 2009. Et les paysans ne sont pas d’accord. Manifestations se sont succédées. Un leader paysan, Ousmane Tiendrébéogo s’insurge : « Chez nous, il n’y a que l’agriculture ; on n’a pas le droit de jouer à la roulette russe avec notre avenir… ». Et la COPAGEN (Coalition des Organisations de la Société Civile pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain) note : “Il est particulièrement préoccupant que ces nombreuses initiatives soient prises par des acteurs tous extérieurs au continent, dans le but de lui imposer de l’extérieur, ce qu’ils ont convenu d’appeler la ” révolution génétique “, mais qui s’avèrent en réalité de véritables agressions contre les sociétés paysannes ouest africaines en particulier et toutes les populations en général.”

Monsanto dispose du soutien des dirigeants du pays. Le ministre de l’agriculture burkinabé affirme des rendements de plus de 3 tonnes à l’hectare, alors que les meilleurs essais OGM ne donnent qu’ 1,3 tonne.

Comme le dit l’un de mes amis ici, « Tout ceci risque de se terminer par une forte baisse de la production locale du coton, liée au coût exorbitant des semences, et, à terme à l’abandon partiel de cette culture qui fait vivre des millions de personnes.

Source: http://boulesteix.blog.lemonde.fr/2009/02/24/monsanto-en-afrique/

LES PAYSANS MALIENS DISENT NON AUX OGM

Au Mali, les producteurs de coton disent « non » aux OGM

Grand, maigre, l’homme en boubou turquoise s’est levé d’un bond, et a saisi le micro. Voix vibrante, barbiche guillerette, index tendu vers les ventilateurs qui peinent à brasser la chaleur de midi, il interpelle l’assemblée en bambara, la langue régionale : « Pourquoi nous demander à nous, paysans pauvres, d’accepter des OGM dont ne veulent pas les riches paysans du Nord ? » Murmures d’assentiment dans l’assistance, puis le micro baladeur passe à une jeune agricultrice venue avec son bébé : « A quoi bon nous pousser à produire davantage grâce aux OGM, alors que nous n’arrivons déjà pas à écouler notre production à un prix correct ? »

La scène se déroule à Sikasso, paisible bourgade du sud du Mali, au cœur d’une province rurale qui produit les deux tiers de la principale source de devises du pays, l’un des plus pauvres d’Afrique et du monde : le coton. Pendant cinq jours, du 25 au 29 janvier 2006, un étonnant exercice de démocratie participative y a rassemblé quarante-trois petits paysans, dont de nombreuses femmes. A la demande de l’Assemblée régionale de Sikasso (le Parlement provincial), ces cotonculteurs, venus de toute la région, avaient pour mission de constituer un jury citoyen chargé d’évaluer les avantages et les inconvénients d’une éventuelle introduction d’organismes génétiquement modifiés (OGM) dans l’agriculture de leur pays. Baptisé « Espace citoyen d’interpellation démocratique » (ECID), en référence à des dispositifs de débats publics déjà bien établis au Mali, ce jury – une première en Afrique de l’Ouest – était soutenu par des partenaires européens actifs dans la promotion des méthodes participatives pour l’évaluation des choix technologiques et des politiques de développement (1).

Le forum de Sikasso est à replacer dans le contexte des fortes pressions exercées sur les pays d’Afrique par les multinationales agroalimentaires, en premier lieu l’américaine Monsanto et la suissesse Syngenta, qui prônent l’industrialisation du secteur agricole et l’ouverture des marchés aux cultures transgéniques (2). Notamment le coton Bt, qui produit une toxine efficace contre certains ravageurs –, ce qui permettrait, en théorie, de réduire le recours aux pesticides et de garantir de meilleures récoltes aux paysans. L’Afrique de l’Ouest étant le troisième producteur mondial de coton, les enjeux sont importants pour ces firmes qui bénéficient du soutien de l’Agence américaine pour le développement international (Usaid), dotée d’un budget de 100 millions de dollars afin d’introduire les biotechnologies dans les pays du Sud.

Les réponses du continent à ces pressions sont très contrastées. La Zambie, pourtant menacée de famine, a refusé l’aide du Programme alimentaire mondial, notoirement truffé de surplus de maïs états-unien génétiquement modifié ; mais le Bénin a accepté cette aide ambiguë, bien qu’il ait adopté en 2002 un moratoire de cinq ans sur les OGM. En Afrique du Sud, tête de pont de l’industrie agroalimentaire, coton et maïs transgéniques sont cultivés depuis près de dix ans, avec des résultats controversés, cependant qu’au Burkina Faso, voisin du Mali, des expérimentations de coton transgénique en plein champ se déroulent depuis 2003, malgré l’opposition des différents secteurs de la société.

Extraordinairement attentifs tout au long du processus, les membres du jury ont entendu une quinzaine de témoins experts venus d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique du Sud, d’Inde et d’Europe. Biologistes moléculaires, ingénieurs agronomes, membres d’organisations non gouvernementales (ONG) ou délégués de mouvements paysans ont répondu à des interrogations très diverses sur les avantages et les inconvénients des OGM : risques pour l’environnement et la santé, gains réels de productivité, facteurs socio-économiques, questions éthiques et juridiques, sans négliger la dimension culturelle, d’autant plus prégnante qu’elle est souvent subliminale. En bambara, OGM se dit Bayérè ma’shi (« Mère nourricière transformée ») : dans une conception animiste du monde, très présente au Mali sous un vernis musulman, la simple matérialité du génie génétique – prendre des gènes d’une espèce pour les introduire dans une autre – avait de quoi déranger de nombreux auditeurs.

Le problème crucial des droits de propriété intellectuelle et du brevetage du vivant a été longuement évoqué, notamment par une généticienne béninoise, Mme Jeanne Zoundjihekpon, de l’association Grain : « Les semences Bt sont protégées par des brevets qui donnent aux firmes un pouvoir absolu sur les agriculteurs. Les petits paysans n’ont plus le droit de garder des semences d’une récolte pour les replanter l’année suivante, comme ils l’ont toujours fait, sous peine de poursuites judiciaires. » L’argument fait mouche, d’autant plus qu’en Afrique de l’Ouest la filière du coton est en crise, comme le rappelle M. Mamadou Goïta, dirigeant de la Coalition contre les OGM et pour la protection du patrimoine génétique au Mali. La Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT), détenue à 60 % par l’Etat et à 40 % par l’entreprise française Dagris, est devenue déficitaire en raison de la dévaluation du franc CFA et de l’effondrement des cours mondiaux de l’« or blanc » – ceci alors que, de 1994 à 2005, la production annuelle est passée de 320 000 à 600 000 tonnes.

La privatisation de la société, prévue pour 2008, est exigée par la Banque mondiale, qui en fait une condition indispensable à toute aide financière au gouvernement de Bamako. En raison du déficit, le prix payé par la CMDT aux producteurs est passé de 210 FCFA le kilo en 2004 à 160 FCFA en 2006 (25 centimes d’euro), alors que le coût des intrants chimiques est en augmentation. Dans ces conditions, le coton n’est plus rentable, et de nombreux paysans qui avaient opté pour sa monoculture songent à se reconvertir dans des cultures vivrières (mil, maïs). M. Goïta fait une autre proposition : « Le coton biologique serait un atout pour accéder au marché des pays européens dans lesquels l’opinion est opposée aux OGM. De toute manière, les rapports de forces sont trop inégaux face à des puissances qui, comme les Etats-Unis, pratiquent une politique de dumping en subventionnant massivement leurs cotonculteurs : 4 milliards de dollars par an pour 25 000 producteurs, alors qu’au Mali le coton fait vivre plus de 3 millions de personnes. »

Les firmes multinationales invitées ont refusé de venir s’exprimer devant le jury paysan. « Nous avons sollicité à plusieurs reprises la fondation Syngenta et la société Monsanto », relève Mme Barbara Bordogna, biologiste au Réseau interdisciplinaire biosécurité (Ribios) de Genève et membre du comité de pilotage de l’ECID, « mais ces firmes sont apparemment réticentes à entrer dans un processus de débat ouvert et transparent, qu’elles ne peuvent pas contrôler. » Monsanto avait toutefois recommandé des agriculteurs qu’elle savait favorables à sa cause. Ainsi, venu d’Afrique du Sud, le fermier zoulou T. J. Buthelezi cultive du coton Bt depuis 1996, et assure que l’expérience est concluante. Les hectares semés avec du coton transgénique ont notamment résisté à une inondation qui avait dévasté les plants conventionnels ; depuis lors, il s’est converti au « tout-OGM », y compris au maïs, qu’il consomme lui-même sans aucun inconvénient pour sa santé. « Faites comme moi, enrichissez-vous ! », s’est-il exclamé à l’adresse des paysans maliens.

Venu de l’Andhra Pradesh, Etat indien, M. P. V. Satheesh présentait, à l’inverse, une étude méthodique, menée sur trois ans, montrant que, dans sa région, les cultivateurs de coton traditionnel avaient obtenu de meilleures récoltes que les expérimentateurs de coton transgénique, et que, par ailleurs, les variétés Bt n’étaient guère moins gourmandes en pesticides que les variétés conventionnelles. Le coût élevé des semences Bt, se combinant à des rendements décevants, a fini par entraîner la ruine de nombreux petits paysans. Les demandes d’indemnisation adressées à Monsanto ayant été catégoriquement rejetées, l’Etat d’Andhra Pradesh a récemment interdit à la firme d’opérer sur son territoire.

A côté de ces témoignages divergents, on a pu entendre des positions intermédiaires, notamment celle de M. Ouola Traoré, agronome et chef du programme coton de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (Inera) du Burkina Faso, où le coton Bt est testé depuis 2003 en vue d’une commercialisation prévue pour les années 2010. « Seules des recherches approfondies avec des variétés locales adaptées à nos climats permettront de déterminer si les OGM sont une solution d’avenir pour l’Afrique de l’Ouest », a-t-il affirmé. Mais son plaidoyer pour une recherche publique africaine autonome a eu du mal à passer auprès d’un auditoire méfiant, tant est notoire la dépendance des institutions scientifiques du continent envers les financements des lobbies intéressés au développement des biotechnologies.

Se répartissant en plusieurs commissions – dont une composée uniquement de femmes – en fonction de la taille de leurs exploitations, les membres du jury ont délibéré une journée entière, avant de rendre leur verdict : c’est non. A l’unanimité, les paysans réunis à Sikasso refusent toute introduction d’OGM au Mali, leur premier souci étant de préserver les semences locales et les savoir-faire traditionnels pour ne pas dépendre des multinationales : « Nous voulons rester maîtres de nos champs, nous ne voulons pas devenir des esclaves », a affirmé l’un des porte-parole, M. Brahim Sidebe. De son côté, M. Birama Kone a mis l’accent sur la préservation d’un mode de vie convivial : « Nos fermiers sont habitués à s’entraider, et les OGM risquent de détruire le sens de l’amitié et de la solidarité. Si j’ai un champ OGM et que mon voisin n’en a pas, les problèmes de contamination vont créer des conflits entre nous. » Déléguée des femmes, Mme Basri Lidigoita a préconisé d’orienter les recherches vers l’amélioration des semences locales par des techniques agronomiques classiques, et une meilleure formation des petits paysans, notamment aux méthodes d’agriculture biologique.

Transmises le 29 janvier à l’Assemblée régionale de Sikasso, les recommandations du jury citoyen ont été rendues publiques par les radios de proximité, qui relayaient les débats quotidiennement, ainsi que par la télévision malienne. Elles n’ont aucune force contraignante, mais rien ne s’oppose à ce qu’elles soient prises en compte, car le Mali a signé le protocole de Carthagène (3) sur la biodiversité. Le projet de loi qui en découle prévoit en effet l’organisation, au niveau national, de procédures de participation du public avant toute introduction d’OGM, même pour la recherche. « Nous ne voulons pas d’OGM, jamais, s’est exclamée Mme Lidigoita, et nous demandons au gouvernement de les empêcher d’entrer sur notre territoire. Et si des paysans en cultivent illégalement, nous brûlerons leurs champs ! »

Roger Gaillard, Monde Diplomatique Avril 2006

Suicide et coton OGM en Inde

le monde selon monsanto suicide inde partie 2

le monde selon monsanto suicide inde partie 1

MARCHE DE PROTESTATION CONTRE LES OGM AU MALI


Le vendredi dernier, la Coalition pour la protection du patrimoine génétique malien (COPAGEN-Mali) a procédé à une marche de protestation contre l’introduction des OGM dans notre agriculture. Cette marche, sanctionnée par la remise aux autorités et à l’USAID d’une déclaration, a enregistré la présence massive des femmes et de nombreuses personnalités de marque. Le représentant de l’USAID a reçu la déclaration de la main d’Aminata Dramane Traoré.

“A bas les OGM! Nous ne voulons que les semences d’antan, nous ne voulons pas de changement!”: tels ont été entre autres slogans brandis par les protagonistes de cette marche. En effet, l’introduction des OGM dans notre agriculture devient de plus en plus un sujet de débat public grâce à la Coalition pour la protection du patrimoine génétique malien, auquel tous les citoyens doivent pouvoir contribuer. Par ailleurs, les OGM, résultat d’une manipulation des êtres vivants, ont fait ressortir des enjeux et des défis énormes sur lesquels tout Africain et tout Malien en particulier a le devoir de s’informer et de se former pour contribuer efficacement aux débats, qui de plus en plus, s’organisent à travers les mouvements sociaux. Ces enjeux sont, entre autres, d’ordre scientifique, politique, économique et socio-culturel. Selon Mme Aminata Dramane Traoré, il y va de l’avenir de l’agriculture et du bien-être des hommes et des femmes du continent. Depuis une décennie, a-t-elle dit, l’Afrique fait l’objet de plusieurs offensives systématiques pour amener ses décideurs à l’engager dans la production et la commercialisation de produits transgéniques. Ainsi, la dernière offensive de la Banque Mondiale veut pousser des pays comme le Burkina Faso, le Bénin, le Mali, le Sénégal et le Togo à adopter des lois favorables à l’introduction, la production et la commercialisation des OGM en Afrique.

Comme si tout cela ne suffisait pas, cette institution financière vient de prendre l’initiative cynique de s’investir dans un projet intitulé “Projet régional sur la bio sécurité en Afrique de l’Ouest” pour imposer aux Etats d’Afrique une loi uniformisée favorisant l’introduction, la production et la commercialisation des OGM, comme l’atteste clairement un des objectifs explicités du projet, dira-t-elle.
Alors, il est important de rappeler que le gouvernement du Mali a pris la décision sage de surseoir à l’introduction des OGM il y a deux ans lors d’un conseil de ministre malgré l’avis plutôt favorable du ministre Seydou Traoré. Les lois sur la biosécurité ne sont pas une fin en soi. L’essentiel est de prendre en compte les préoccupations des communautés et de respecter les droits sur les ressources qu’elles ont protégées pendant des générations.

Mariétou KONATÉ, Soir de Bamako

Soir de Bamako, est seul responsable du contenu de cet article

Comme annoncé dans notre parution du vendredi 21 juillet 2006, la Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Malien (COPAGEN-Mali) était dans les rues de Bamako le vendredi dernier. La marche pacifique de protestation contre l’introduction des OGM au Mali sur plus de 3 Km de l’APCAM jusqu’à la représentation de l’USAID au Mali en passant par le ministère de l’Agriculture a réunis au moins 1.000 personnes selon les organisateurs, un peu plus de 600 selon la police.

En tout cas, la détermination était très forte chez les marcheurs. Tout au long du parcours, les activistes scandaient des slogans tels : Non aux OGM dont les risques non maîtrisés sont des dangers pour le consommateur et l’environnement ; Non à Mosanto ; Non à Syngenta ; Non à l’imposture, Non à l’hypocrisie, Oui pour le respect et la mise en oeuvre du protocole de Carthagène.

Parmi les manifestants, il y avait Mmes Aminata Dramane Traoré, Assétou Samaké, Assétou Kanouté, Mamadou Goïta, Badou Samounou, etc.

DES RESPONSABLES SE CACHENT

Lorsque les marcheurs sont arrivés au ministère de l’Agriculture, ils ont été reçus par le Chef de cabinet dudit département à la place du ministère Seydou Traoré dont la démission est demandée par le COPAGEN-Mali.

A l’USAID également, ce n’est pas le représentant en personne qui a reçu les manifestants; craignant sa sécurité, dit-on, il s’est fait représenté par un Malien travaillant chez lui. Et pourtant, la marche a été bien encadrée par la police. Dans toutes ces structures, la Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Malien a remis une déclaration dont le contenu s’oppose farouchement à l’introduction des OGM au Mali.

DES PREALABLES A L’INTRODUCTION DES OGM

L’introduction des OGM en agriculture devient de nos jours un sujet de débat public auquel toute citoyenne et tout citoyen doit pouvoir contribuer. En effet, les OGM, la manipulation des êtres vivants a fait ressortir des enjeux et des défis si énormes que tout citoyen africain et toute citoyenne a le devoir de s’informer et de se former pour contribuer efficacement aux débats qui, de plus en plus, s’organisent à travers les mouvements sociaux. Ces enjeux sont entre autres d’ordre : politique ; économique ; socioculturel.

Pour les Africains, notamment les mouvements sociaux et les décideurs l’usage ou le refus des OGM déterminera l’avenir de l’agriculture et le bien-être des hommes et des femmes de notre continent en général et du Mali en particulier.

Depuis une décennie, l’Afrique fait l’objet de plusieurs offensives bien structurées de façon chronologique pour convaincre nos décideurs par tous les moyens d’engager la vie de notre nation dans la production et la commercialisation des produits transgéniques. Il s’agit :

• d’abord des multinationales, notamment Monsanto (USA) et Syngeta (Suisse) qui tiennent à rentabiliser leurs OGM qu’elles ont produits à coûts de milliards de dollars US et en même temps à continuer leur expérimentation dans notre pays.

• ensuite certaines coopérations bilatérales, en particulier les USA, à travers l’USAID, ont pris le relais de leurs entreprises multinationales pour faire des chantages politiques, économiques, culturels sur nos décideurs afin d’obtenir l’ouverture de notre agriculture et de notre économie aux cultures et produits transgéniques ;

• enfin, la dernière offensive est celle des institutions financières internationales, notamment la Banque Mondiale (BM) qui veut pousser nos pays (Burkina Faso, Bénin, Mali, Sénégal et Togo) à adopter des lois favorables (non contraignantes) à l’introduction, la production et la commercialisation des OGM en Afrique ; cette même banque qui, dans un passé très récent, a démontré toutes ses incompétences à formuler et à mettre en oeuvre des politiques cohérentes de développement pour nos Etats.

Les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) qui ont mis à plat nos pays sur les plans économique, politique et socioculturel et qui ont contribué à créer la “pauvreté extrême” sont illustratifs à plus d’un titre. La lutte contre la pauvreté est aujourd’hui le nouveau programme de la BM en cours dans notre pays.

Comme si tout cela ne suffisait pas, cette institution financière vient de prendre l’initiative cynique de s’investir dans un projet institulé “Projet régional sur la Biosécurité en Afrique de l’Ouest” pour imposer à nos états une loi uniformisée favorisant l’introduction, la production et la commercialisation des OGM comme l’atteste clairement un des objectifs explicites du projet. Il est important de rappeler que notre gouvernement a pris, la décision sage de surseoir à l’introduction des OGM il y a deux ans lors d’un conseil de ministres.

Malgré tout, le ministre de l’Agriculture continue de prendre des positions et des initiatives au niveau sous-régional et international, engageant notre pays sur les OGM. L’une des initiatives récentes, selon le COPAGEN est la caution portée à un projet de la Banque Mondiale sur la biosécurité au niveau régional qui n’est autre qu’une forme voilée pour introduire les OGM dans l’agriculture de notre pays.

C’est autour cette initiative de la Banque Mondiale qui a fait l’objet de concertation “expéditive” dans les cinq pays dits partenaires du projet que les mouvements sociaux du Mali, engagés au sein de la Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Malien intervenant dans plusieurs domaines, ont décidé d’organiser une marche de protestation pour informer les populations et les décideurs.

DE QUEL PROJET S’AGIT-IL ?

Le projet en question intitulé : “Proposed West Africa Regional Biosafety Project” est disponible seulement en anglais, bien qu’il ne concerne que des pays francophones : Bénin, Burkina Faso, Mali, Sénégal et Togo qui ont ratifié le protocole de Carthagène.

ANALYSE CRITIQUE DU COPAGEN

Les points suivants méritent d’être soulignés par rapport à un tel projet qui, de façon subtile comme à l’accoutumée, tente de cacher des objectifs mercantiles au détriment de l’intérêt de notre pays et des populations laborieuses :

* Ce n’est pas un hasard si le coton, la culture la plus économiquement rentable et socialement dynamique (qui fait l’objet de beaucoup de polémiques au niveau international liées entre autres aux problèmes de subventions des USA et de l’Europe, de l’accès aux marchés...) est le premier produit proposé actuellement dans le cadre de ce projet ;

* Le problème actuel du coton au Mali n’est pas celui de la production (quantité) mais bien ceux de la transformation/valorisation et de l’accès à des prix justes et équitables au producteur (notamment la question des subventions). Le coton Bt (coton OGM) ne sera donc pas la solution à ces problèmes.

* Il est évident que ce projet cherche à mettre en place un cadre réglementaire favorisant l’introduction des cultures génétiquement modifiées dans la région.

* Il est choquant de constater que nulle part dans ce projet, la question fondamentale des droits des communautés sur leurs ressources génétiques n’est prise en compte.

* Les OGM ne peuvent pas contribuer à “l’augmentation des revenus des producteurs” comme mentionné dans le projet. Les OGM qui sont faits pour l’agriculture industrielle éliminent non seulement les petits producteurs mais créent une dépendance des semences produites par les multinationales. Les petits producteurs constituent la majorité des agriculteurs en Afrique qui produisent l’essentiel de notre alimentation.

* L’objectif environnemental global cité dans le projet, à priori “séduisant”, cache l’objectif inavoué de légaliser les tests (officiels et cachés) menés dans notre pays.

* Ce projet qui veut faire du Mali en plus d’autres Etats de la sous-région “un espace attractif pour les recherches et l’utilisation des biotechnologies” n’a d’autres finalités que de dégager les responsabilités des multinationales en cas de dommages sanitaires, environnementaux, économiques... causés par les OGM.

* L’UEMOA en tant qu’institution sous-régionale n’a pas la légitimité d’autoriser la formulation et la mise en oeuvre d’un tel projet sur la biosécurité qui relève de la souveraineté de chaque pays du moment où le protocole de Carthagena et la convention sur la biodiversité indiquent que chaque pays doit prendre en compte ses propres spécificités.

* La Banque Mondiale, en tant qu’institution financière ne peut se donner le droit d’imposer à nos Etats une législation sur la biosécurité pour légitimer l’utilisation et la consommation des produits qui font l’objet de polémiques et de rejet partout dans le monde.

QUELLES CONCLUSIONS TIRER DE CETTE ANALYSE ?

Il est évident, à partir d’une telle analyse, que ce projet de la Banque Mondiale intitulé “Proposed West Africa Regional Biosafety Project” ne présente aucun intérêt pour notre sous-région en général et pour nos pays pris individuellement en particulier. Nos préoccupations en tant que Maliens par rapport à l’agriculture sont autres. Il s’agit entre autres :

• Les OGM ne sont pas une solution pour le Mali. Plusieurs alternatives scientifiquement maîtrisables, économiquement rentables et socialement durables existent de nos jours en plus de toutes les ressources locales que possède notre pays pour se nourrir mais aussi pour produire de la richesse.

• Les problèmes majeurs de l’agriculture du Mali sont entre autres : la maîtrise de l’eau, la fertilité des sols dans certains pays, l’accès aux moyens de production (notamment les questions de sécurisation foncière), l’accès aux crédits à des coûts acceptables, la transformation des produits pour ajouter une plus-value, l’accès aux marchés...

• Les lois sur la biosécurité ne sont pas une fin en soi. L’essentiel est de prendre en compte les préoccupations des communautés et de respecter leurs droits sur les ressources qu’elles ont protégées pendant des générations.

• L’UEMOA doit s’occuper de sa fonction originelle qui consiste à créer les conditions favorables pour permettre aux pays membres d’accéder aux marchés intérieurs et d’accompagner les initiatives économiques internes en priorité au profit de nos populations. Elle ne doit pas constituer un frein au développement économique de nos Etats en prônant des politiques d’ouverture suicidaires qui mettent en péril la paix dans la sous-région.

• La Banque Mondiale a largement contribué à déstabiliser l’économie du Mali et de la sous-région en particulier et de celles de toute l’Afrique en générale à travers les PAS imposés aux Etats. Tout le monde est unanime aujourd’hui pour reconnaître que les PAS ont consisté à drainer l’essentiel des revenus de nos Etats vers l’extérieur. Les OGM s’inscrivent dans cette même logique de dépossession et de dépendance de l’Afrique.

Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Malien demande - A l’UEMOA et au gouvernement malien :

• l’arrêt immédiat de toutes les actions relatives à la recherche de financement et à la mise en place du projet de la Banque Mondiale intitulé “Proposed West Africa Regional Biosafety Project” ;

• l’adoption des lois qui protègent les droits des communautés sur leurs ressources génétiques ;

• la résistance à toutes les formes de pressions relatives à l’introduction des OGM dans l’agriculture malienne ;

• la valorisation des ressources locales et des savoirs qui y sont associés ;

• la promotion (application et diffusion) des alternatives dans l’agriculture qui sont des acquis de la recherche au Mali.

Aux populations maliennes de:

• résister à toute tentative d’introduction des OGM dans notre agriculture ;

• valoriser les ressources locales pour une meilleure création de richesses de façon durable ;

• s’informer et se former pour mieux comprendre les enjeux liés aux OGM et à leurs droits afin d’agir en connaissance de causes.

Daba Balla KEITA, Nouvel Horizon

Nouvel Horizon, est seul responsable du contenu de cet article

DECLARATION DE COPAGEN RELATIVE A LA LOI OGM DU MALI

Déclaration de COPAGEN (Mali)

Coalition pour Protection du Patrimoine Génétique Africain - Mali

Déclaration concernant le projet de loi de biosécurité soumis par le gouvernement du Mali au vote de l'Assemblée Nationale lors de sa Session ordinaire du mois d'avril 2008

La généralisation des cultures de plantes transgéniques depuis ces dernières années, pose la question centrale du contrôle politique de l'agriculture et de l'alimentation dans le projet actuel de globalisation de l'économie. Les OGM posent de sérieux problèmes environnementaux liés à l'agriculture, des problèmes d'ordre économique, politique, sanitaire tant pour les hommes que pour les animaux, les problèmes d'ordre culturel et des problèmes d'éthique que nous avons déjà passé en revue à plusieurs occasions au plan national.

Depuis quelques temps, la privatisation et les manipulations génétiques du vivant sont devenues des enjeux capitaux dans des stratégies d'enrichissement de certains individus et sociétés multinationales. Les ressources génétiques qui appartenaient autrefois à toute l'humanité, deviennent de plus en plus des propriétés privées. Cette privatisation du vivant s'accentue sous la poussée de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui oblige les Etats à légiférer prioritairement pour protéger les droits de propriété intellectuelle (DPI) des individus et surtout des sociétés multinationales. Il ne fait aucun doute que ces dernières qui occupent le devant de la scène de la privatisation tous azimuts, n'agissent avant tout que pour l'accumulation du profit.

Ainsi, l’introduction des OGM en agriculture devient de nos jours un sujet de débat public auquel toute citoyenne et tout citoyen doit pouvoir y contribuer. En effet, les OGM, la manipulation des êtres vivants a fait ressortir des enjeux et des défis si énormes que chacune et chacun a le devoir de s’informer et de se former pour contribuer efficacement aux débats qui de plus en plus s’organisent à travers les mouvements sociaux.

Depuis une décennie, l’Afrique fait l’objet de plusieurs offensives bien structurées de façon chronologique pour convaincre nos décideurs par tous les moyens d’engager la vie de notre nation dans la production et la commercialisation des produits transgéniques communément appelés OGM (Organisme génétiquement modifiés). Il s’agit :

D’abord des multinationales notamment Monsanto (USA) et Syngeta (Suisse) qui tiennent à rentabiliser leurs OGM qu’elles ont produits à coûts de milliards de dollars US et en même temps continuer leurs expérimentations dans notre pays.

Ensuite certaines coopérations bilatérales en particulier les Etats-Unis d’Amérique à travers l’USAID qui a pris le relais des entreprises multinationales pour faire des chantages politiques, économiques, culturels sur nos décideurs afin d’obtenir l’ouverture de notre agriculture et de notre économie aux cultures et produits transgéniques ;

Enfin, la dernière offensive est celle des institutions financières internationales, notamment la Banque Mondiale (BM) qui veut pousser nos pays (Burkina Faso, Bénin, Mali, Sénégal et Togo) à adopter des lois favorables (non contraignantes) à l’introduction, la production et la commercialisation des OGM en Afrique ; cette même banque qui dans un passé très récent a démontré toutes ses incompétences à formuler et à mettre en œuvre des politiques cohérentes de développement pour nos Etats. Les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) qui ont mis à plat nos pays sur les plans économique, politique et socioculturel et qui ont contribué à créer la « pauvreté extrême » sont illustratifs à plus d’un titre.

Les agissements tant sur le plan national que sous-régional d’une minorité de chercheurs de l’IER (Institut d’Economie Rurale) en connivence avec les multinationales et l’USAID ne sont pas passés inaperçus au sein des mouvements sociaux du Mali. L’élaboration d’une stratégie spécifique d’introduction et de diffusion des OGM en s’appuyant sur des programmes, projets et organisations comme CLUSA, Chemonics, PRODEPAM …, est la preuve palpante de tous ces agissements constatés.

La prise en charge de ces enjeux par les africains notamment les mouvements sociaux et les décideurs, déterminera l’avenir de l’agriculture et le bien-être des hommes et des femmes de notre continent en général et du Mali en particulier.

Dans le cas spécifique du Mali, face à la précipitation d’une minorité de chercheurs de l’Institut d’Economie Rurale (IER) et avec l’appui sans faille de Monsanto, Syngeta et l’USAID, un avant-projet de loi de Biosécurité a été élaboré et soumis par le gouvernement. Ce document ainsi que son cadre ont été élaborés avec la participation de façade d’une partie de la société civile choisie (3 personnes au total avec des profils qui ne cadrent pas avec les enjeux de la problématique) par les cadres des ministères pour favoriser le démarrage des travaux d’introduction, de manipulation et de dissémination des plants génétiquement modifiés. Le processus d’élaboration de ce document extrêmement important pour notre pays afin de se protéger contre les risques avérés des OGM n’a pas respecté les dispositions des conventions internationales que notre pays a signées. Il s’agit notamment de la Convention sur La Diversité Biologique (CDB) et du Protocole de Cartagena qui exigent des consultations populaires pour élaborer les textes nationaux. Les lois modèles de l’Union Africaine ont quant à elles aussi, réaffirmé ces dispositions sous forme de recommandations aux états membres.

La COPAGEN Mali (Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique du Mali), regroupant l’ensemble des organisations du pays travaillant sur cette problématique, bien que connue et reconnue par les autorités du pays ainsi que les cadres des ministères en charge de la coordination de l’élaboration, a été, à dessein, ignorée dans le processus. Aucun représentant des organisations paysannes n’a participé au processus. En témoigne l’exclusion de la CNOP, membre de la COPAGEN, qui a eu le privilège de conduire le processus d’élaboration de la Loi d’Orientation Agricole (LOA) du Mali. Ce processus est donc en contradiction avec les engagements du pays et rien ne pousse aujourd’hui à la précipitation pour élaborer (introduire) ce document en l’état.

En outre, le projet de loi de biosécurité que le gouvernement du Mali vient de soumettre à l’Assemblée Nationale pour voter l’instrument juridique national présente plusieurs incohérences par rapports aux aspirations du peuple malien en matière de biosécurité. Cette expression a été faite durant plusieurs manifestations au plan national, régional, local etc… L’Espace Citoyen d’Interpellation Démocratique (ECID) organisé à Sikasso en 2006, la grande marche du 21 août 2006, les nombreuses conférences débats, les prises de positions des organisations paysannes membres de la Coordination Nationale des Organisations Paysannes (CNOP) sont entre autres manifestations de la volonté populaire à dire « NON aux OGM dans notre agriculture et notre alimentation » et de « protéger notre pays avec une loi de biosécurité élaborée avec la participation de l’ensemble des maliennes et maliens concernés par la question de l’agriculture au sens large du terme et de la biodiversité ».

C’est pour toutes ces raisons évoquées qu’une action urgente est nécessaire pour arrêter le vote de cette loi par l’Assemblée Nationale du Mali avant qu’il ne soit trop tard.

Ainsi :

considérant que le Mali a ratifié la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), le Traité international sur les ressources Phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture et le protocole de Cartagena sur la prévention des risques bio technologiques,

considérant que tout Etat signataire de ces Conventions et Protocoles internationaux devait respecter et s’acquitter de préalables que le Mali n’a pas encore exécutés,

considérant le communiqué du Conseil des Ministres du 09 octobre 2004 de surseoir à toute introduction au Mali des Organismes Génétiquement Modifiés,

considérant que le respect des droits des communautés constitue un élément fondamental de ces traités et conventions,

considérant que le processus d’élaboration du projet de loi de biosécurité a exclu les communautés et le grand public en violation des dispositions relatives au processus d’élaboration des lois de biosécurité,

considérant le manque de ressources humaines et matérielles indispensables pour apprécier les informations provenant des multinationales au sujet des produits OGM et leurs dérivés et assurer la traçabilité de ces produits,

considérant que ce manque de moyens entrave l’indépendance des chercheurs au regard de l’objectivité et de la transparence des résultats obtenus,

considérant les risques avérés relatifs aux incidences juridiques économiques, sociales, scientifiques, éthiques et culturelles inhérents à l’introduction des OGM,

considérant les lacunes et insuffisances flagrantes dans le document de projet à savoir entre autre l’absence de responsabilité des chercheurs vis à vis de la nation malienne, les incohérences dans l’évaluation des risques, du dispositif et du mécanisme de prise de décisions, de la faiblesses dans les délais mais surtout des niveaux de réparation en cas de dommages,

Au regard de ce qui précède, nous, organisations membres de la « Coalition Nationale pour la Protection du Patrimoine Génétique au Mali » regroupant les associations et organisations de producteurs, les associations de consommateurs, les collectifs d’organisations de femmes, de jeunes, d’artistes, d’universitaires, d’hommes et de femmes de culture, les organisations non gouvernementales nationales et internationales et leurs collectifs, de syndicats, des associations de tradithérapeutes et d’herboristes etc.

DEMANDONS :

La suspension et le retrait du processus d’étude et de vote du projet de loi sur la biosécurité soumis par le Gouvernement du Mali à l’Assemblée Nationale en sa Session d’avril 2008 ;

L’élaboration d’un document consensuel de biosécurité avec la participation effective de tous les acteurs concernés notamment la COPAGEN et ses membres sur la base des Traités et Conventions sous régionaux, régionaux et internationaux signés par le Mali ;

L’engagement des processus concertés d’élaboration, d’adoption et d’application effective des textes de lois et règlements nécessaires s’inspirant des lois modèles de l’Union Africaine sur les droits des agriculteurs et des communautés locales et sur la biosécurité ;

La prise de dispositions nécessaires, en collaboration avec des organisations citoyennes intéressées pour mieux informer toute la population malienne sur les enjeux(analyse risque/bénéfice) et les défis liés aux OGM en accord avec notre héritage et notre culture, afin de recueillir leurs réactions de façon transparente ;

La mise en place d’un moratoire de cinq (5) ans au moins sur les OGM afin de se donner le temps d’informer la population, de mieux approfondir les connaissances sur la question et de prendre des décisions concertées en « connaissance de causes » conformément à un principe majeur de la Convention sur la Biodiversité et du Protocole de Cartagena ;

Le renforcement des systèmes nationaux de recherche particulièrement dans le domaine des biotechnologies afin d’assurer l’autonomie de notre pays en terme de connaissance, de contrôle et de choix des produits issus de la biotechnologie ;

Un audit de la recherche sur les 15 dernières années afin d’évaluer ses activités de recherche sur les semences locales et situer ses responsabilités dans les tentatives d’introduction des OGM au Mali ;

La traduction en justice, pour crime contre le peuple malien, de tout chercheur ayant été impliqué, de loin ou de près, à des tentatives d’introduction des OGM de quelque façon que ce soit, sans que autorisation légale lui soit notifiée conformément aux lois et décrets en vigueur en la matière ;

Le renforcement de l’indépendance financière de la recherche en matière de biotechnologie notamment par la mise en place d’une plate forme multi bailleurs.

Fait à Bamako le 24 avril 2008

OPPOSITION DES OP MALIENNES A LA LOI RELATIVE AUX OGM


Les organisations paysannes en sit-in devant l’Assemblée nationale :

«Si vous adoptez le projet de loi sur les OGM, vous trahissez vos électeurs»





Pour protester et mettre en garde les élus du peuple contre une éventuelle adoption du projet de loi sur l’introduction des organismes génétiquement modifiés dans l’agriculture malienne, dont la question était en séance plénière hier jeudi 13 novembre à l’Assemblée nationale, la Coordination nationale des Organisations Paysannes (CNOP) a organisé le même jour un sit-in devant le Parlement.

Halte à la corruption et l’achat des élites contre les intérêts des masses laborieuses», «OGM : nous n’accepterons jamais un processus non transparent», «OGM ni dans mon champs ni dans mon assiette», «OGM : la loi d’orientation agricole est en train d’être violée».

Voilà entre autres slogans, qu’on pouvait lire hier matin sur les banderoles et les pancartes du petit groupe de manifestants de la CNOP, qui a investi hier la grande devanture de l’Assemblée nationale.

Encadrés par un impressionnant dispositif policier, les manifestants, à en croire le président de la CNOP, Ibrahima Coulibaly, entendent attirer l’attention de l’opinion nationale et plus spécifiquement des élus de Bagadaji sur une éventuelle adoption du projet de loi sur l’introduction des OGM dans l’agriculture malienne.

«Si ce projet de loi est adopté les paysans maliens seront aliénés aux firmes occidentales dans l’approvisionnement semencier. Pire, aucune étude appropriée n’a jusque-là recommandé l’utilisation de ces OGM dans nos consommations. Aussi, en aucun moment les organisations paysannes n’ont été associées à ce processus».
Ainsi, le président du CNOP a mis en garde les députés contre l’adoption de ce projet de loi. «Si vous votez en faveur de cette loi, cela veut dire que vous avez trahi vos électeurs. Si cette loi est adoptée, cela signifie également que le gouvernement malien a violé ses propres conventions qu’il a signées dans le cadre de l’introduction de ces OGM. Notamment le protocole de Cartegena, la Convention internationale sur la biodiversité et la Loi d’orientation agricole. Ces différents protocoles avaient souhaité que même si les OGM devraient être introduits dans notre pays, cela doit se faire de façon transparente, ce qui n’est pas aujourd’hui le cas».

Pour les organisations paysannes du Mali, «même si cette loi est adoptée nous ne serons pas d’accords». «Et nous descendrons dans les villages et dans les hameaux pour dire aux paysans que leurs intérêts ne sont plus défendus au niveau de l’Assemblée nationale», a-t-il prévenu.
Chahana TAKIOU

Assemblée nationale : La loi sur les OGM passe

Malgré le sit-in matinal des organisations paysannes devant l’Assemblée nationale hier jeudi 13 novembre, les élus de la nation ont adopté la loi relative à la sécurité en biotechnologie appelée également loi sur les OGM. Ce sont 108 députés qui ont voté ce projet de loi contre 20 et 0 abstention.

C’est le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, Agathane Ag Alassane, qui a défendu ce projet de loi. Contesté par les organisations paysannes et l’opposition parlementaire, ce projet de loi a fait l’objet d’intenses débats à l’Hémicycle. Certains estiment qu’il n’est pas bon pour les paysans et les consommateurs. D’autres soutiennent le contraire en affirmant qu’il permet d’augmenter la quantité et de moderniser l’agriculture.

Le ministre Agathane Ag Alassane a, pour sa part, laissé entendre que la bio-technologie ne concerne pas que l’agriculture. «L’objectif du protocole de Cartagena est de garantir un niveau adéquat de protection pour la biodiversité et la santé humaine dans le transfert, la manipulation et l’utilisation des organismes génétiquement modifiés (OGM) produits par la biotechnologie moderne en mettant l’accent sur les mouvements transfrontaliers».

Il ressort du rapport de la commission du développement rural et de l’environnement que la biotechnologie permet de renforcer les capacités nationales. En dépit de son fort potentiel pour améliorer la production agricole, la biotechnologie moderne connaît peu d’application au Mali.

Le même rapport définit la biosécurité ou sécurité biotechnologique ainsi que suit : il est pour notre pays, une nécessité impérieuse de prendre toutes les mesures nécessaires, pour se mettre à l’abri des risques éventuels liés aux différentes applications de la biotechnologie moderne.

Le but visé par cette loi consécutive à la Convention sur la diversité biologique signée par notre pays, est la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable des ressources naturelles et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques.

Chahana TAKIOU, L'Indépendant

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LE MALI VOTE LA LOI RELATIVE AUX OGM

Par 108 voix pour 20 contre, 0 abstention et 0 non votant l’Assemblée nationale du Mali a adopté la loi portant sur l’importation, l’exportation, le transit, l’utilisation confinée, la libération ou la mise sur le marché de tout OGM ou d’un produit dérivé sous le couvert de la sécurité biotechnologique en République du Mali.

Ladite loi était défendue côté gouvernemental par Agatham Ag Alassane, ministre de l’Environnement et de l’Assainissement. C’était en présence de ses homologues de l’Agriculture, de l’Economie, de l’Industrie et du Commerce, des Mines de l’Energie et de l’Eau et des Relations avec les Institutions, porte-parole du gouvernement. La police des débats était assurée par Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale.

On se rappelle que c’est le 28 février 2007 que le gouvernement a adopté en conseil des ministres le projet de loi en question. La loi adoptée à la majorité écrasante des députés comporte 14 chapitres et 78 articles.

LE CONTEXTE

Le développement récent de la biotechnologie a consisté à l’utilisation d’une technique nouvelle pour manipuler volontairement des gènes, des cellules, ou des tissus vivants pour produire de nouveaux tissus ou pour générer des changements dans la constitution génétique d’un organisme.

Ce développement sans précédent des biotechnologies suscite des intérêts assez considérables pour les pays en développement. Il représente une opportunité pour réaliser des avancées certaines dans plusieurs domaines notamment dans l’agriculture et l’alimentation, l’environnement, la santé humaine et animale, l’énergie, l’industrie, la foresterie.

Par ailleurs, nonobstant les immenses espoirs engendrés par la biotechnologie, des inquiétudes demeurent quant à son application en raison des conséquences qui peuvent découler de son utilisation sur la diversité biologique, la santé humaine et animale et l’environnement.

De nos jours, le constat est que, face à l’immense espoir qui a fait naître les avancées en matière de biotechnologie, s’étale un océan d’insécurités liées aux risques que peut engendrer son utilisation, et pour y faire face, les Etats en développement et particulièrement le Mali ne dispose que d’un vide juridique compromettant pour des décideurs.

UNE CONVENTION INTERNATIONALE SUR LA DIVERSITE BIOLOGIQUE

Dans le souci de prendre en compte les différentes préoccupations liées à la biotechnologie, la communauté internationale a élaboré la Convention sur la Diversité Biologique (C.D.B) en 1992.

Le but visé par la convention est la conservation de la diversité biologique, l’utilisation durable des ressources naturelles et le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques.
Depuis son entrée en vigueur, la convention essaye de gérer la prévention des risques biotechnologiques liés à la nécessité de protéger la santé humaine, animale et l’environnement contre les effets défavorables de l’utilisation de la biotechnologie moderne.

JUSTIFICATION DE LA LOI

Les motivations profondes du présent projet de loi résident dans l’absence d’un cadre réglementaire adéquat pour la prise en charge des questions de biosécurité. L’adoption de ce projet de loi est essentielle d’une part pour être en accord avec les conventions et accords internationaux ratifiés par le Mali comme la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) et le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques et d’autre part pour doter le Mali d’instruments juridiques appropriés pour faire face aux risques éventuels liés à l’introduction incontrôlée des OGM et produits dérivés dans notre pays.

L’absence actuelle de loi sur la biosécurité a pour conséquence : l’absence de recherche en matière en biotechnologie moderne (c’est-à-dire le génie génétique) ; l’impossibilité de procéder à des analyses en vue de mettre en évidence la présence ou non des OGM à travers des techniques simples de biologies moléculaires ; l’impossibilité des services de réglementation de procéder à des contrôles sur l’existence ou pas d’OGM au Mali ; l’impossibilité de bénéficier des atouts des technologies modernes en santé, en agriculture, en environnement, etc...

Il faut noter que la biosécurité est l’ensemble des politiques, procédures ou techniques adoptées en vue de contribuer à l’application sans risques de la biotechnologie moderne en matière de médecine, agriculture, industrie, environnement, de prévenir les risques pour la santé humaine et animale et la sécurité environnementale.

OGM OU BIOTECHNOLOGIE?

Avant l’adoption de ladite loi, les députés de la majorité et ceux de l’opposition étaient divisés sur le sens qu’il faut donner au mot Organisme Génétiquement Modifiable (OGM) et la sécurité biotechnologique. Selon Me Kassoum Tapo, Mme Coulibaly Kadiatou Samaké, Ibrahima Lancéni Coulibaly, tous de la majorité, il ne s’agit pas d’introduction des OGM au Mali, mais de légiférer sue le domaine de la biotechnologie. Pour Konimba Sidibé, Bréhima Béridogo, Modiba Keïta, tous de l’opposition parlementaire, il s’agit bel et bien de l’introduction des OGM au Mali dans un langage biaisé qu’est la biotechnologie.

LES EXPLICATIONS DU MINISTRE DE L’ENVIRONNEMENT

Pour le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, c’est une fausse information de véhiculer que nous seront dépendants des firmes multinationales productrices de semences. “Le domaine en question dépasse le seul cadre de l’agriculture. Il concerne la santé, l’élevage, l’alimentation, la forêt entre autres.

Les OGM sont déjà là, il s’agit maintenant de légiférer. Cette loi c’est pour nous protéger contre les effets indésirables et non pour l’introduction des OGM. Aucune étude scientifique n’a démontré que les aliments génétiquement modifiables ont un danger sur l’organisme humain”, a déclaré le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement.

La loi est adoptée, il faut maintenant l’appliquer. Comme on le dit, le vin est tiré il faut le boire. La balle est maintenant dans le camp de nos scientifiques et autres chercheurs. Ils doivent être capables de dissiper les inquiétudes et les menaces sur notre souveraineté et notre sécurité alimentaire.
Daba Balla KEITA

Contre l’adoption de la loi sur les OGM :

La CNOP mène un sit-in

Les élus de la Nation étaient appelés à se prononcer sur un projet de loi sur l’introduction des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) en République du Mali, le jeudi 13 novembre dans la journée. En prélude à la séance, la Coordination National des Organisations Paysannes (CNOP) a organisé un sit-in devant la porte de l’Hémicycle de Bagadadji afin d’influencer les honorables députés pour un rejet du projet en question.

Sur les banderoles on pouvait noter: LA PROBLEMATIQUE DES OGM

Depuis quelques temps, la privatisation et les manipulations génétiques du vivant sont devenues des enjeux capitaux dans des stratégies d’enrichissement de certains individus et societés multinationales. Les ressources génétiques qui appartenaient autrefois à toute l’humanité, deviennent de plus en plus des propriétés privées.

Cette privatisation du vivant s’accentue sous la poussée de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui oblige les Etats à légiférer prioritairement pour protéger les Droits de Propriété Intellectuelle (DPI) des individus et surtout des sociétés multinationales. Il ne fait aucun doute que ces dernières qui occupent le devant de la scène de la privatisation tous azimuts, n’agissent avant tout que pour l’accumulation du profit.

La généralisation des cultures de plantes transgéniques depuis ces dernières années, pose la question centrale du contrôle politique de l’agriculture et de l’alimentation dans le projet actuel de globalisation de l’économie. Les OGM posent de sérieux problèmes environnementaux liés à l’agriculture, des problèmes d’ordre économique, politique, sanitaire tant pour les hommes que pour les animaux, les problèmes d’ordre culturel et des problèmes d’éthique.

Le flux de gènes, la généralisation de la culture des OGM présentent des risques importants de pollution génétique. En effet, les gènes artificiels introduits dans les plantes cultivées peuvent se répandre dans le patrimoine génétique des variétés traditionnelles et des espèces sauvages ou apparentées aux OGM.
Bien que les plantes transgéniques ne soient cultivées à grande échelle que depuis une dizaine d’années, les premiers problèmes de pollution génétique commencent à se manifester dans plusieurs pays. Il s’agit entre autres de mauvaises herbes tolérant les herbicides, apparition d’insectes ravageurs résistants aux toxines des plantes insecticides, de pollution génétique avec le cas bien connu de l’agriculteur Canadien Percy Schmeiser qui a été traduit en justice par une multinationale Monsanto après que son champ ait été contaminé par les semences transgéniques du voisin.

DES INQUIETUDES FACE AU PROJET DE LOI

Le document qui se trouvait sur la table de l’Assemblée nationale s’intitule <>. A la lumière des différents traités, Accords et conventions signés par l’Etat malien, et en conformité avec les dispositions de la Loi d’Orientation Agricole, il urge pour le Mali de créer un cadre d’élaboration participative d’un document de loi sur la Biosécurité qui prendrait en compte les préoccupations des populations en la matière.

Dans le cas spécifique du Mali, face à la précipitation d’une minorité de chercheurs et avec l’appui de Monsanto, Syngeta et l’USAID, un avant-projet de loi de biosécurité a été élaboré et soumis par le gouvernement à l’Assemblée Nationale. Ce document a été élaboré avec la participation de façade d’une partie de la société civile.

Par ailleurs, le projet de loi de biosécurité que le gouvernement du Mali vient de soumettre à l’Assemblée Nationale et qui a été voté présente selon la CNOP plusieurs incohérences par rapport aux aspirations du peuple en matière de biosécurité.

LA SUSPENSION DU PROCESSUS DEMANDEE PAR LE CNOP

Face à cette situation, la CNOP a demandé entre autres la suspension du processus d’études et de vote du projet de loi sur la biosécurité soumis par le gouvernement du Mali pour permettre d’élaborer un nouveau document avec la participation effective de tous les acteurs concernés notamment la COPAGEN (Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique du Mali) et ses membres.

L’engagement des processus concertés d’élaboration, d’adoption et d’application effective des textes de lois et règlement nécessaires s’inspirant des lois modèles de l’Union Africaine sur les droits des agriculteurs et des communautés locales et sur la biosécurité.

La prise de dispositions nécessaires en collaboration avec des organisations citoyennes intéressées pour mieux informer toute la population malienne sur les enjeux et les défis liés aux OGM en accord avec héritage. La mise en place d’un moratoire de 5 ans au moins sur les OGM afin de se donner le temps d’informer la population pour mieux approfondir les connaissances sur la question et prendre des décisions concertées conformément à un principe majeur de la convention sur la biodiversité et du protocole de Carthagéna.

Le renforcement des systèmes nationaux de recherche particulièrement dans le domaine des biotechnologies afin d’assurer l’autonomie de notre pays en terme de connaissance, de contrôle et de choix des produits issus de la biotechnologie. Et d’assurer l’indépendance financière de la recherche en matière de biotechnologie notamment par la mise en place d’une plate forme multi-bailleurs.

L’ADOPTION DU PROJET DE LOI SERAIT UN PARADOXE

Le président du CNOP, Ibrahima Coulibaly, dans sa déclaration, a souligné que le projet de loi est très controversé, puisque déjà son article premier stipule que la loi s’applique à l’importation, l’exportation, le transit, l’utilisation confinée, la libération ou la mise sur le marché de tout Organisme Génétiquement Modifié, qu’il soit destiné à être libéré dans l’environnement ou utilisé comme denrée alimentaire, aliment pour bétail ou produit de transformation, produit dérivé d’organisme génétiquement modifié.

Elle s’applique également aux OGM à double fonction pharmaceutique et alimentaire d’intérêt agricole. Ce qui ne se fait dans aucun pays, même les pays qui détiennent la biotechnologie “Si ce projet de loi est voté, ce sont trois engagements majeurs du Mali qui seront violés à savoir: la Convention de Carthagena, la Convention sur la Biodiversité et surtout la Loi d’Orientation Agricole.

Si les OGM entrent dans notre pays, cela constituerait un système d’esclavage pour les paysans, qui dépendront des multinationales, même si la loi est votée, nous ne seront jamais d’accord”, avait ajouté le président du CNOP.
Au finish, les élus de la nation ont adopté le projet de loi à une majorité écrasante, soit 108 pour, 20 contre et zéro abstention. Ce qui signifie que le desiderata de la CNOP pour l’adoption de ce projet de loi sera maintenu.

Le vin est tiré, il faut le boire. Mais les élus de la nation n’auraient pas dû adopter une telle loi et pour cause : cela accroîtra la dépendance de nos paysans vis-à-vis des multinationales transgéniques et compomettra la santé publique. En plus, le risque de dégradation de l’écosystème sera encore plus élevé.

Mamoutou DIALLO (Stagiaire, Nouvel Horizon

Source: Nouvel Horizon, est seul responsable du contenu de cet article

Publié sur maliweb.net

LE MALI VOTE LA LOI EN FAVEUR DES OGM

Loi sur la sécurité en biotechnologie : L’Assemblée Nationale adopte les OGM malgré l’opposition des paysans

Le 13 novembre 2008, l’Assemblée nationale du Mali a voté le projet de loi sur la sécurité en biotechnologie, avec une majorité de 108 députés pour et 20 députés contre.

Désormais, plus rien ne pourra empêcher l’envahissement du territoire malien par les organismes génétiquement modifiés. Sous le prétexte de doter le pays d’une législation sur la sécurité en biotechnologie, le gouvernement du Mali à travers l’Assemblée nationale, vient d’ouvrir toutes les vannes à l’introduction des OGM au Mali. Par 108 députés pour et 20 députés contre, la loi portée par Alassane Ag Agatham, malgré une forte opposition de la majorité des paysans et des acteurs de la société civile, est passée comme courrier à la poste.

Dès la présentation du rapport de la commission du développement rural, l’on pouvait déjà s’imaginer ce qu’allait être le sort de ce projet de loi. Surtout que le rapport de la commission de la santé, du développement social et de la solidarité, saisie pour avis, n’a pas mieux fait que la commission saisie pour l’étude de la loi. Les deux commissions ont demandé à l’Assemblée nationale d’adopter le projet de loi. Le débat qui s’en est suivi a été très houleux. Mais, rapidement le clivage opposition et mouvance présidentielle s’est dessiné dans la salle.

Le député Yaya Haïdara a demandé au gouvernement d’être clair sur l’objectif de la loi. Il a voulu savoir si la loi vise à préparer le terrain pour l’introduction des OGM au Mali. Dans l’affirmative, il a souhaité que le gouvernement apaise les paysans sur le schéma qu’il compte mettre en place pour l’approvisionnement des paysans en semences, car rares sont les paysans maliens qui ont la capacité d’acheter des semences OGM. Pour la plupart des députés de la mouvance présidentielle qui ont pris la parole dans la salle, il est plus qu’urgent pour notre pays de se doter d’une loi sur la sécurité biologique pour combler un vide et au-delà de se protéger.Bréhima Bérédogo, député de l’opposition, a d’abord tenu à dénoncer la présence d’une meute de policiers devant l’Assemblée nationale.

«Cela est inacceptable, parce que cette présence vise à empêcher à des Maliens l’exercice d’un droit reconnu par la constitution : le droit de manifester», a-t-il déclaré. En ce qui concerne la loi qui est à l’ordre du jour, il a estimé qu’elle prépare le terrain à l’introduction des OGM au Mali. M. Bérédogo a indiqué que la loi portée par le ministre de l’Environnement est «anti-environnementale», car portant atteinte à la diversité biologique. «En Afrique, en dehors du Burkina Faso et de l’Afrique du Sud, aucun pays africain n’a légiféré sur les OGM et tous attendent de voir clair avant de s’aventurer», a-t-il déclaré.

Avant de rappeler qu’avec les OGM, les paysans seront obligés de payer régulièrement les semences et comme le Mali, à l’état actuel, n’a pas la capacité de les produire, il va falloir s’approvisionner quelque part. Il a aussi estimé que les risques liés aux OGM ne sont pas maîtrisés. Pire, le député a démontré que notre pays n’a pas les capacités techniques et scientifiques de contrôle. Pour toutes ces raisons, il a demandé à l’Assemblée nationale de rejeter la loi et d’amener le gouvernement à organiser une large consultation autour du futur projet.

Les paysans maliens ont d’autres préoccupations

Pour sa part, le député Oumou Coulibaly de l’opposition, dans une démarche exceptionnelle qui fait la part belle aux proverbes, a amené les députés à comprendre que, loin des OGM, les paysans maliens ont d’autres préoccupations, comme les difficultés de terres cultivables. Selon elle, au lieu de perdre le temps à un débat sur les OGM, le gouvernement et les députés devaient plutôt réfléchir sur la stratégie à mettre en place pour que les paysans maliens n’aient plus de problèmes de terres.

Mody N’Diaye, député élu à Baraoueli a estimé que l’absence d’amendement au projet de loi, prouve qu’il est globalement accepté par les députés. Moriba Kéïta, Président du groupe parlementaire RPM, a demandé à ses collègues députés de répondre à la question de savoir, comment on peut assurer la sécurité dans un domaine qu’on ne maîtrise pas. Pour cela et pour tant d’autres arguments, il a demandé le rejet du projet de loi. Pour sa part, le député Drissa Ouattara qui s’est dit longtemps opposé aux OGM a fait un volte face. Il a estimé que ne pas légiférer sur la question est un acte criminel.

Le ministre Alassane Ag Agatham est intervenu pour rassurer les députés que sa démarche n’est pas à assimiler à celle de quelqu’un qui veut introduire les OGM au Mali. Mais, plutôt à doter le pays d’un cadre de biosécurité qui va l’aider à se prémunir contre les risques. Mais, ayant reçu beaucoup d’eau à son moulin, c’est en ministre comblé que Alassane Ag Agatham a regagné son fauteuil. Mais, c’était sans compter avec l’intervention du député Koniba Sidibé de l’opposition qui a forcé l’estime de tous, tant son discours était convaincant.

Plusieurs fois acclamé, Koniba Sidibé a expliqué que cette loi interpelle les Maliens sur deux préoccupations : la préservation de la santé publique et la réalisation de la sécurité alimentaire. Il a rappelé que eu égard à la pertinence du sujet, la majorité mécanique ne devait pas jouer. Selon lui, que ce soit l’opposition ou que ce soit la mouvance présidentielle, personne en principe ne souhaite que le pays court des risques inutiles.

Les risques des OGM ne sont pas maîtrisés

Contrairement aux déclarations du ministre Alassane Ag Agatham, il a déclaré que les risques des OGM sont très élevés. Selon le député aucune source scientifique n’a confirmé la maîtrise des risques. Face à cela, il dira qu’en Europe des nations plus au point techniquement et scientifiquement que la nôtre ont choisi le principe de la précaution, pour ne pas trop s’aventurer. Très en verve, Koniba Sidibé a battu en brèche l’argumentaire du ministre qui a voulu faire comprendre que le Mali a besoin de cette loi pour libérer les chercheurs nationaux.

«Si le projet de loi faisait une part belle à la recherche dans son champ d’application, j’allais demander qu’on le vote. Mais, je suis au regret de constater que la soi-disant loi sur la sécurité biologique au Mali, n’est qu’une licence à l’importation et à la commercialisation des OGM, sans exceptions. Nous ouvrons toutes les vannes, cela n’est pas acceptable», a-t-il déclaré. Avant de démontrer que notre pays n’a pas la masse critique de génies généticiens pour se permettre une aventure comme le veut le projet de loi.

«Les structures maliennes de contrôle sont sous équipées et n’ont pas les moyens de travailler comme il se doit», a-t-il affirmé. Avant de conseiller qu’il n’y a aucune urgence à pousser notre pays à mettre les charrues avant les bœufs. «Il faut d’abord doter le pays d’un cadre de biosécurité fiable, avant de songer à ouvrir nos frontières à une importation massive des OGM», a-t-il estimé. Le député Koniba Sidibé a indiqué que le projet de loi malien a volontairement fait l’amalgame entre la biotechnologie en agriculture et les OGM crées et commercialisés par des grandes firmes internationales. Il a estimé que l’objectif d’augmentation de la production agricole du pays n’est qu’un prétexte.

Le député de l’opposition est plus que convaincu que le pays peut atteindre cet objectif avec des solutions locales, fruits du travail de chercheurs maliens dans les domaines des semences améliorées. Il a révélé que si ce formidable travail des chercheurs maliens n’a pas encore produit l’effet escompté, c’est parce que l’Etat refuse de mettre les moyens à la disposition des services de vulgarisation. «Comment comprendre que ces semences maliennes, fruits du génie des fils du pays, soient utilisées seulement qu’à 26 % par les paysans maliens», s’est-t-il interrogé. Avant de démontrer la contradiction qu’il y a entre la loi d’orientation agricole et le projet de loi sur la sécurité en biotechnologie.

En plus de ne pas être le fruit d’une procédure participative et partagée par l’ensemble des acteurs, Koniba Sidibé a estimé que le projet de loi malien est en contradiction flagrante avec le protocole de Cartagena. Pour toutes ces raisons, il a demandé au gouvernement malien de reprendre sa copie et de la centrer sur les objectifs de la recherche, tout en y interdisant l’importation et la commercialisation des OGM. Les points marqués par Koniba Sidibé, député de l’opposition, ont vraisemblablement poussé Me Kassoum Tapo à sortir de ses gongs. L’éminent avocat malien a surpris plus d’un quand il a soutenu que la loi n’est pas relative aux OGM, mais plutôt à la sécurité sur la biotechnologie. Cette sortie de Me Kassoum Tapo a amené plusieurs journalistes présents dans la salle à se demander si l’avocat ne s’était pas tromper de texte.

En tout cas, le projet de loi sur la sécurité en biotechnologie, dans sa première section consacrée au champ d’application, est très clair. «La présente loi s’applique à l’importation, l’exportation, le transit, l’utilisation confinée, la libération ou la mise sur le marché de tout organisme génétiquement modifié (OGM) qu’il soit destiné à être libéré dans l’environnement ou utilisé comme denrée alimentaire, aliment pour bétail ou produit de transformation, ou d’un produit dérivé d’organisme génétiquement modifié. Elle s’applique également aux OGM à double fonction pharmaceutique et alimentaire d’intérêt agricole», nous révèle l’article premier.

Malgré la précision de ce texte, certains députés de la mouvance présidentielle ont estimé que le texte n’est pas relatif aux OGM. De deux choses l’une : soit ils ont voté un texte sans savoir qu’il était relatif aux OGM, soit ils sont de mauvaise foi. Mais, dans tous les cas, il est malheureux de constater que notre pays est désormais à la merci des multinationales semencières.

Assane Koné

Source: Le Republicain

Publié sur maliweb.net

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LES OGM ET LE GENOCIDE DES PAYSANS INDIENS


Plus de 150,000 paysans indiens se sont suicidés depuis 2003 suite à l’adoption de la culture des OGM.

Ci-joint un article paru dans le Daily Mail sur ce génocide.

Article de Andrew Malone, paru dans le Daily Mail, le 3 novembre 2008

Lorsque le Prince Charles affirma que des milliers de paysans indiens se suicidaient après avoir utilisé des OGM, il lui fut reproché de jouer sur la peur. En fait, comme le montre cette enquête, c’est encore PIRE que ce que l’on craignait.

Les enfants étaient inconsolables. Prostrés dans le silence, sous le choc, et luttant pour retenir leurs larmes, ils se blottissaient contre leur mère, tandis que les amis et voisins préparaient le corps de leur père pour la crémation sur le bûcher embrasé, situé sur le sol craquelé et nu des champ derrière leur maison.

Tandis que les flammes consumaient le cadavre, l’avenir qui attend Gajanan, 12 ans et Kalpana, 14 ans est très sombre. Alors que Shankara Mandaukar avait espéré que son fils et sa fille auraient une vie meilleure grâce au boom économique que connaît l’Inde, ce qui les attend, c’est un travail d’esclave pour quelques centimes par jours. Désormais sans terre et sans toit, ils feront partie des plus pauvres, parmi les pauvres.

Shankara était un paysan respecté, un bon mari et un bon père, mais il s’est suicidé. Moins de 48 heures auparavant, et confronté à la perte de ses terres pour cause de dettes, il a bu un pesticide chimique.

Dans l’incapacité de payer l’équivalent de deux années de revenus, il était désespéré et ne voyait plus aucune issue

Sur le sol, on pouvait encore voir les traces qu’il avait laissées lorsqu’il se tordait, agonisant. D’autres paysans avaient regardé - sachant par expérience que toute intervention serait vaine - plié en deux sur le sol, hurlant de douleurs et vomissant.

Gémissant, il avait rampé jusque sur un banc devant sa petite maison située à 180 km de Nagpur en Inde Centrale. Une heure plus tard, tout son cessa et sa respiration s’est arrêtée. A 5 heures, ce dimanche la vie de Shandakar Mandaukar avait cessé.

Alors que les voisins se rassemblaient pour prier devant la maison familiale, Nirmanan Mandaukar, 50 ans, leur raconta comment elle était revenue précipitamment des champs pour trouver son mari mort. « C’était un mari aimant et attentionné » dit elle en pleurant. « Mais il n’en pouvait plus. L’angoisse psychologique était trop forte. Nous avons tout perdu. »

La récole de Shankara a été mauvaise deux fois. Bien sûr la famine et les épidémies font partie de la vieille histoire de l’Inde. Mais la mort de ce paysan respecté est due à quelque chose de bien plus moderne et sinistre : les plantes modifiées génétiquement.

On a promis à Shandakar comme à des millions d’autres paysans comme lui, des récoltes et des rentrées d’argent incroyables, s’il passait de la culture de semences traditionnelles à la culture de semences GM. Séduit par ces promesses de richesses futures, il a emprunté l’argent afin d’acheter des semences transgéniques. Mais les récoltes ne furent pas au rendez-vous et il se retrouva dans la spirale de l’endettement et sans revenu.

Shankara n’est qu’un de ces fermiers – on estime leur nombre à 125 000 - à se suicider à cause de cette offensive brutale qui utilise l’Inde comme champ d’essais pour OGM.

Cette crise appelée « Génocide OGM » par les militants a reçu un coup de projecteur lorsque récemment, le Prince Charles affirma que la question des OGM était « une question morale mondiale » et que le moment de mettre une fin à son avancée inexorable était venu.

S’adressant par vidéo à une conférence qui se tenait dans la capitale indienne New Delhi, il provoqua la colère des dirigeants des biotechnologies et de certains politiciens en condamnant « le taux vraiment effroyable et tragique de suicides chez les petits paysans indiens ayant pour cause… l’échec de nombreuses variétés d’OGM ».

En face du Prince, on trouve de puissants lobbyistes pro-OGM et des homme politiques importants qui prétendent que les plantes modifiées génétiquement ont transformé l’agriculture indienne en donnant des rendements plus élevés que jamais. Le reste du monde devrait choisir « l’avenir » et suivre cet exemple.

Alors qui dit la vérité ? Pour le savoir, je suis allé dans la « ceinture des suicides », dans l’état de Maharashtra.

Ce que j’ai découvert est extrêmement dérangeant et a de profondes implications pour les pays – y compris la Grande-Bretagne – où l’on débat pour savoir si on autorise ou pas la culture de semences manipulées par des scientifiques pour contourner les lois de la nature

Car même les chiffres officiels du Ministère Indien de l’Agriculture confirment que, dans un contexte de crise humanitaire immense, plus de 1000 paysans se suicident chaque mois.

Des petites gens de zones rurales, qui meurent dans une lente agonie. La plupart ingurgite de l’insecticide – une substance bon marché dont on leur avait pourtant promis lorsqu’ils furent obligés de cultiver des plantes GM coûteuses, qu’ils n’en auraient plus besoin.

Il apparaît qu’ils sont très nombreux à être endettés massivement auprès des prêteurs de fonds locaux, après avoir sur-empruntés pour acheter les semences OGM.

Pour les pro-OGM, les vraies raisons de ce chiffre épouvantable sont la pauvreté rurale, l’alcoolisme, les sécheresses et le « désespoir agraire ».

Mais comme j’ai pu le découvrir lors de mon voyage de 4 jours dans l’épicentre de la catastrophe, ce n’est qu’une partie de l’histoire.

Dans un petit village que je visitais, 18 paysans s’étaient suicidés après avoir été engloutis dans les dettes dues aux OGM. Dans certains cas, les femmes ont repris le ferme de leur mari défunt, mais pour finalement se suicider elles-mêmes.

Latta Ramesh, 38 ans but de l’insecticide, après une mauvaise récolte – deux ans après que son mari ne disparaisse lorsque les dettes OGM étaient devenues trop importantes. Elle a laissé un fils de 10 ans, Rashan, confié à des parents. La tante de la défunte, assise sans énergie à l’ombre près des champs, raconte « qu’il pleure lorsqu’il pense à sa mère ».

Village après village, des familles me racontent comment elles se sont endettées après qu’on les ait convaincues d’acheter des semences GM au lieu des semences de coton traditionnelles. La différence de prix est vertigineuse : 15 euros pour 100 grammes de semences OGM, par rapport à moins de 15 euros pour 100 kilos fois de semences traditionnelles

Mais les vendeurs ainsi que les représentants du gouvernement avaient promis aux paysans qu’il s’agissait de « semences magiques » avec de meilleurs plantes, sans parasites ni insectes.

En fait, dans une tentative pour promouvoir l’adoption des semences OGM, les variétés traditionnelles ont été interdites dans de nombreuses banques de semences gouvernementales.

Les autorités avaient un intérêt matériel dans la promotion de cette nouvelle biotechnologie. En essayant désespérément d’échapper à l’extrême pauvreté des années qui succédèrent à l’indépendance, le gouvernement avait accepté d’autoriser les nouveaux géants des biotechnologies comme le numéro un du marché, l’états-unien Monsanto à vendre leur nouvelles créations semencières

Déjà dans les années 80 et 90, l’Inde qui avait autorisé l’accès au marché du second pays le plus peuplé de la planète avec plus d’un milliard d’habitants, s’était vu garantir en contre-partie des crédits du fond Monétaire International, ce qui l’a aidé à lancé une révolution économique

Mais si des villes comme Mumbay et Delhi ont vécu un boum économique, la vie des paysans est retombée dans une période sombre.

Bien que la surface indienne plantée en OGM ait doublé en 2 ans – passant à 17 millions d’ha – pour de nombreux paysans, le prix à payer est terrible.

Les semences de coton GM, garanties protégées contre les parasites, se sont révélées ne pas être les semences magiques promises, mais ont été infestées par le vers de la capsule, un parasite vorace.

On n’avait pas prévenu les paysans non plus que ces variétés nécessitaient deux plus d’eau. C’est ce qui a fait la différence entre la vie et la mort. Avec l’absence de pluie, ces deux dernières années, les plantes GM ont tout simplement séché et sont mortes, laissant les paysans paralysés par les dettes et sans moyen pour les rembourser.

Comme l’argent a été emprunté à des prêteurs locaux à des taux d’usuriers, des centaines de milliers de petits paysans se sont vus perdre leurs terres lorsque les semences coûteuses ont été un échec.

Dans le passé, lorsqu’une récolte était mauvaise, les paysans pouvaient toujours conserver des graines et les replanter l’année suivante.

Par contre cela n’est pas possible avec les semences GM qui contiennent la technologie « Terminator », ce qui signifie qu’elles ont été modifiées génétiquement afin que la plante ne puisse plus produire de semences viables.

De ce fait, les paysans doivent chaque année acheter de nouvelles semences au même prix exorbitant. Pour certains il s’agit là aussi de la différence entre la vie et la mort.

Prenez le cas de Suresh Bhalasa, un autre paysan qui était incinéré cette semaine, laissant derrière lui une femme et deux enfants.

Lorsque la nuit fut tombée après la cérémonie et que les voisins se regroupèrent dehors, tandis que les vaches sacrées étaient ramenées des champs, il ne faisait aucun doute pour sa famille que tous les ennuis avaient commencé au moment où on les avait encouragés à acheter du coton Bt, une plante modifiée génétiquement par Monsanto.

« Nous sommes ruinés maintenant » dit la femme du défunt, âgée de 38 ans. « Nous avons acheté 100g de coton Bt. Notre récolte a été mauvaise deux fois. Mon mari est devenu dépressif. Il est parti dans les champs, s’est allongé et a bu de l’insecticide. »

Les villageois le mirent sur un rickshaw et se dirigèrent sur des chemins ruraux cahoteux, vers l’hôpital. Alors que sa famille et les voisins s’amassaient dans la maison pour lui rendre un dernier hommage, elle racontait : « Il a crié qu’il avait pris de l’insecticide et qu’il était désolé ».

Interrogée pour savoir si le défunt était un ivrogne ou souffrait de « problèmes sociaux » comme l’affirment les responsables pro-OGM, cette assemblée calme et digne explosa de colère. Un des frères du défunt nous expliqua « Non ! Non ! Suresh était un brave homme. Il envoyait ses enfants à l’école et payait ses impôts ».

« Ce sont ces semences magiques qui l’ont étranglé. Ils nous vendent ces semences en nous disant qu’elles n’ont plus besoin de pesticides coûteux, mais ce n’est pas vrai. Nous devons acheter les mêmes semences aux mêmes compagnies chaque année. Ca nous tue. S’il vous plait, dites au monde ce qui se passe ici. »

Monsanto a reconnu que la croissance de la dette était « un facteur de cette tragédie ». Mais, en pointant sur le fait que la production de coton avait doublé ces 7 dernières années, un porte-parole ajoutait qu’il y a d’autres raisons pour la crise récente, comme « des pluies au mauvais moment » ou des sécheresses, soulignant que les suicides avaient toujours fait partie de la vie de l’Inde rurale.

Les responsables soulignaient aussi le fait que de nombreuses études d’opinions montraient que les paysans indiens voulaient des semences GM – sans aucun doute encouragés qu’ils sont par des stratégies de marketing agressive

Durant le cours de mes enquêtes au Maharashtra, je rencontrai trois observateurs « indépendants » parcourant les villages pour se renseigner sur les suicides. Ils insistèrent sur le fait que les semences GM n’étaient que 50% plus chères – mais admettaient plus tard que la différence était de 1000%.

(Un porte-parole de Monsanto insistait ensuite, affirmant que leurs semences ne coûtaient que le double du prix « officiel » des semences traditionnelles, mais admettait que la différence pouvait être beaucoup plus grande, si les semences traditionnelles étaient vendues par des marchands « sans scrupules » qui vendent souvent aussi de « fausses » semences GM qui sont sujettes aux maladies.)

Alors qu’il y des rumeurs comme quoi le gouvernement proposerait de façon imminente des compensations pour stoper la vague de suicides, de nombreux paysans disaient qu’ils ont un besoin désespéré de toute forme d’assistance. « Nous voulons juste nous sortir de nos problèmes. Nous voulons de l’aide pour que plus aucun d’entre nous ne doive mourir ».

Le Prince Charles était si frappé par la détresse des paysans qui se sont suicidés qu’il a lancé une association caritative, la Fondation Bhumi Vaardan, pour aider ceux qui sont touchés et afin de promouvoir des plantes biologiques indiennes au lieu des OGM.

Les paysans indiens commencent aussi à se battre. Alors qu’ils ont pris en hôtage des distributeurs de semences et organisé des protestations de masse, un gouvernement attaque Monsanto en justice à cause du prix exorbitant de ses semenes.

Tout cela arrive trop tard pour Shandakar Mandaukar qui devait 80 000 roupies (1 500 euros) lorsqu’il s’est suicidé. « Je lui ai dit que nous pouvons survivre » nous dit sa veuve, ses deux enfants toujours à ses côtés, alors que la nuit tombe. « Je lui ai dit qu’on trouverait un moyen de s’en sortir. Il a juste répondu qu’il valait mieux qu’il meure ».

Mais la dette ne meurt pas avec lui : à moins qu’elle ne trouve un moyen de la rembourser, elle ne pourra plus payer l’éducation des enfants. Ils vont perdre leur terre et rejoindre les hordes que l’ont voit mendier par milliers, le long des routes de ce pays immense et chaotique.

Il est cruel de voir que ce sont les jeunes qui souffrent le plus de ce « génocide OGM », cette même génération censée pouvoir sortir de cette vie dure et miséreuse, grâce aux « semences magiques ».

Ici, dans la ceinture indienne des suicides, le coût de l’avenir modifié génétiquement est meurtrièrement élevé.

Source de l'article: www.amisdelaterre.org/Le-genocide-OGM.html