Monday, March 02, 2009

LE COTON Bt de MONSANTO ENVAHI LE BURKINA FASO

Le semencier américain Monsanto sévit aussi (et fortement) au Burkina-Faso. Comme l’explique le Monde Diplomatique (février 2009), Monsanto a réussi à s’imposer dans ce petit pays pauvre d’Afrique, qui présente néanmoins l’avantage d’être le plus gros producteur de coton d’Afrique de l’Ouest.

L’argument paraît imparable : les OGM pourraient offrir un rendement supérieur de 45% aux semences naturelles et une réduction des pesticides des 2/3. Mais ce que découvrent les producteurs, c’est que la semence leur coûtera chaque année 45 euros à l’hectare, contre 1,37 euros actuellement. De plus, la plante ne pouvant revenir dans son état d’origine, cette rente est acquise annuellement à Monsanto.

Il faut dire que les dés sont pipés à l’avance : “Le coton burkinabè est très compétitif, mais les pays riches dopent leur production à coût de subventions en faussant l’équité du commerce mondial”, déplore Sériba Ouattara , un responsable du ministère du Commerce. D’autre part, selon un article d’experts scientifiques, “La vulgarisation des nouvelles pratiques, la diffusion des outils modernes et la formation des agriculteurs est assurée par les sociétés d’exploitation cotonnière, en partie détenues et gérées par des actionnaires occidentaux. Le Burkina Faso entre ainsi dans un système de dépendance complexe vis-à-vis des pays développés.”

Il faut comprendre l’intérêt stratégique pour Monsanto du Burkina-Faso, petit pays coincé entre le Mali, le Bénin, la Côte d’Ivoire, les autres grands producteurs de coton. La contamination « accidentelle » des plants assure l’irréversibilité et la généralisation de la rente. En effet, faute de réglementation et de confinement, les risques de dissémination sont considérables et rien ne distingue à l’œil nu une plante génétiquement modifiée d’une autre.

L’engrenage a été mis en place : 12 000 hectares de coton OGM ont été mis en culture en 2008 afin de procurer des semences pour 300 à 400 000 hectares dès 2009. Et les paysans ne sont pas d’accord. Manifestations se sont succédées. Un leader paysan, Ousmane Tiendrébéogo s’insurge : « Chez nous, il n’y a que l’agriculture ; on n’a pas le droit de jouer à la roulette russe avec notre avenir… ». Et la COPAGEN (Coalition des Organisations de la Société Civile pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain) note : “Il est particulièrement préoccupant que ces nombreuses initiatives soient prises par des acteurs tous extérieurs au continent, dans le but de lui imposer de l’extérieur, ce qu’ils ont convenu d’appeler la ” révolution génétique “, mais qui s’avèrent en réalité de véritables agressions contre les sociétés paysannes ouest africaines en particulier et toutes les populations en général.”

Monsanto dispose du soutien des dirigeants du pays. Le ministre de l’agriculture burkinabé affirme des rendements de plus de 3 tonnes à l’hectare, alors que les meilleurs essais OGM ne donnent qu’ 1,3 tonne.

Comme le dit l’un de mes amis ici, « Tout ceci risque de se terminer par une forte baisse de la production locale du coton, liée au coût exorbitant des semences, et, à terme à l’abandon partiel de cette culture qui fait vivre des millions de personnes.

Source: http://boulesteix.blog.lemonde.fr/2009/02/24/monsanto-en-afrique/

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