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Tuesday, July 21, 2009

MONSANTO A L'ASSAUT DU BURKINA FASO


Source : http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article387

Alternatives, par Françoise Gérard

le 2 juin 2009

Petit Etat parmi les plus pauvres du monde, le Burkina Faso s’est discrètement lancé dans la culture des organismes génétiquement modifiés (OGM), en l’occurrence le coton Bt [1]. Révélé au grand public en 2003, le partenariat de Ouagadougou avec le semencier américain Monsanto suscite d’autant plus la controverse parmi les paysans et les associations locales qu’il représente un test pour le développement des OGM dans toute l’Afrique de l’Ouest. Comment le Burkina Faso en est-il venu à travailler avec une entreprise célèbre pour son herbicide Roundup et son « agent orange » [2] ? La sacro-sainte « lutte contre la pauvreté » à laquelle les OGM apporteraient leur contribution en dynamisant l’agriculture burkinabé semble avoir bon dos, et les motivations réelles des partenaires commencent seulement à se faire jour sous la pression des associations...

C’est dans le plus grand secret que les premiers essais de coton Bt ont démarré au Burkina Faso, en 2001, en violation de la convention sur la diversité biologique de 1992 et le protocole de Carthagène sur la biosécurité de 2000. Ces traités internationaux stipulent que les pays concernés doivent se munir d’un cadre législatif et prendre les plus grandes précautions avant de commencer la culture d’OGM. En outre, les signataires s’engagent à informer la population des dangers et à ne prendre aucune décision sans une large concertation publique.

Pourtant, ce n’est qu’en 2003, lors d’un atelier sur la biosécurité à Ouagadougou, que la Ligue des consommateurs apprit l’existence de ces essais et divulgua ce que l’Institut de l’environnement et de la recherche agricole (Inera) avait dissimulé. Monsanto prétendit que les essais étaient effectués dans des « espaces confinés ». En réalité, il s’agissait de parcelles entourées de filets déchirés.

C’est donc « après coup » que le Burkina Faso se mit en règle, faisant ratifier par le Parlement, en avril 2006, le régime de sécurité en biotechnologie. Les soixante-quinze articles de cette loi auraient pu rassurer les opposants aux OGM, s’il n’était stipulé que son but est « de garantir la sécurité humaine, animale et végétale, et la protection de la diversité biologique et de l’environnement » (art. 22), l’Agence nationale pour la biosécurité (ANB) étant chargée de l’évaluation des risques. Or, d’après leurs opposants, c’est précisément parce que les risques sont incontrôlables que les cultures OGM sont contestées [3]...

Si Monsanto a choisi le Burkina Faso, c’est d’abord parce qu’il est le plus gros producteur de coton d’Afrique de l’Ouest, devant le Mali, le Bénin et la Côte d’Ivoire. En outre, sa situation géographique en fait le cheval de Troie des biotechnologies dans la région. Les frontières sont poreuses : on sait que les usines d’égrenage favorisent des échanges involontaires. La contamination « accidentelle » des plantes par les OGM profite aux firmes conquérantes, une plante contaminée ne pouvant revenir à son état antérieur et rien ne distinguant à l’œil nu une plante génétiquement modifiée d’une autre.

De plus, les contrôles techniques, très coûteux, ne sont pas à la portée des communautés rurales. Tout doucement, les OGM sont donc en train de s’imposer à l’insu des citoyens. Si le Bénin a renouvelé pour cinq ans un moratoire sur les OGM, le Mali vient de céder à la pression et d’autoriser les essais de coton Bt.

Le Burkina Faso était le maillon faible de la région : son président Blaise Compaoré cherchait à renouer avec la « communauté internationale » après avoir soutenu activement l’ancien président du Liberia, M. Charles Taylor [4], pendant la très meurtrière guerre civile dans les années 1990. Il était soupçonné d’avoir alimenté le trafic d’armes et de diamants dans la sous-région. En quelques années, son pays est devenu un élève modèle des institutions financières internationales et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le partenariat avec Monsanto a ainsi constitué un geste politique envers les Etats-Unis, très mécontents de l’attitude de M. Compaoré.

A partir de 2003, le ministre de l’agriculture Salif Diallo fit du coton OGM son cheval de bataille. L’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB), dirigée par M. François Traoré, après avoir manifesté ses inquiétudes, modifia ses positions en échange de 30 % des parts de la Société des fibres textiles (Sofitex), la principale société cotonnière burkinabé, privatisée à la demande de la Banque mondiale. Des paysans dissidents créèrent alors, en 2003, le Syndicat national des travailleurs de l’agropastoral (Syntap), farouchement opposé aux OGM. Un leader paysan, M. Ousmane Tiendrébéogo, s’insurge : « Chez nous, il n’y a que l’agriculture ; on n’a pas le droit de jouer à la roulette russe avec notre avenir. »

Face à l’UNPCB se trouvent trois sociétés cotonnières : la Sofitex, dans la région Ouest, la Société cotonnière du Gourma (Socoma, ex-Dagris), dans la région Est, et Faso Coton, dans la région Centre. Elles fixent avec l’UNPCB le prix annuel : 165 francs CFA (0,25 euro) le kilo de coton « premier choix » pour 2008. Elles fournissent — à crédit — les intrants, les insecticides et les herbicides nécessaires puis, quand la récolte est faite, viennent la collecter dans les champs pour l’amener à l’usine d’égrenage.

Cette « prise en charge » héritée du système colonial est à double tranchant, car elle ne laisse guère d’autonomie au producteur. Propriétaire de sa parcelle, il peut théoriquement abandonner le coton s’il estime le bénéfice insignifiant, et adopter une autre culture de rente, comme le sésame [5]. Mais, en réalité, son endettement, son faible niveau d’instruction ainsi que les produits fournis par les sociétés cotonnières le rendent très dépendant du système. M. Yezuma Do, producteur, raconte : « Ils sont venus avec les autorités et les gendarmes pour nous dire que l’année prochaine nous ferons tous du Bt, parce que c’est mieux pour nous. Mais ils ne nous disent pas le prix des semences. Et si nous refusons, l’UNPCB nous prévient que nous ne pourrons pas égrener notre coton conventionnel dans la région. » De guerre lasse, M. Do envisage, avec de nombreux voisins, de renoncer à la culture du coton.

L’UNPCB et les sociétés cotonnières se sont constituées en Association interprofessionnelle du coton au Burkina (AICB). En concertation avec les chercheurs de l’Inera et Monsanto, l’AICB supervise la formation des techniciens et des producteurs. C’est elle qui fixera le prix de la semence Bt pour 2009... La boucle est bouclée. En 2008, douze mille hectares de coton Bt, type Bollgard II, ont été mis en culture afin de procurer les semences pour trois cent mille à quatre cent mille hectares, l’ANB ayant autorisé la production commerciale du coton Bt pour 2009.

Qu’en sera-t-il réellement ? Si la semence de coton conventionnel prélevée sur la récolte ne coûte que 900 francs CFA (1,37 euro) l’hectare, en revanche les droits de propriété intellectuelle (DPI) dus à Monsanto risquent de dépasser les 30 000 francs CFA (45 euros) à l’hectare [6]. On se contente de rassurer les paysans en leur promettant que le prix n’excédera pas leurs moyens.

Un front anti-OGM

Un front anti-OGM rassemblant des associations s’est constitué : la Coalition pour la conservation du patrimoine génétique africain (Copagen). Des groupements de pays voisins en font partie (Bénin, Mali, Côte d’Ivoire, Niger, Togo et Sénégal). Bien que ses capacités financières soient restreintes, la Copagen a organisé en février 2007 une caravane à travers la sous-région afin de sensibiliser et d’informer les populations du danger qui les menace. Cette manifestation s’est achevée par une marche de protestation dans les rues de Ouagadougou. Sur les pancartes, on pouvait lire : « Non au diktat des multinationales » ; « Cultiver bio, c’est véritablement protéger notre environnement » ; « Les accords de partenariat économiques [7] et les OGM ne sont pas des solutions pour l’Afrique, ils sont même contre nous : stop-réfléchis-résiste ».

Un participant résumait ainsi le problème : « Si c’est ça les OGM, nous n’en voulons pas ! Est-ce que nos responsables travaillent vraiment pour notre bien ? Il faut dès à présent introduire partout l’information et la sensibilisation sur les OGM ; ils ne passeront jamais par l’Afrique... » Et de s’inquiéter des effets de la « propagande » des partisans du coton transgénique.

Il vrai que le front pro-OGM ne lésine pas sur la dépense, bénéficiant du soutien du gouvernement : conférences de presse, voyages d’études entièrement payés, sorties sur le terrain, films d’« information »... Les dépliants sur papier glacé de Monsanto décrivent un monde idyllique à l’aide des statistiques de l’Inera. Ils prétendent que les semences OGM Bollgard II apporteront : une augmentation moyenne de rendement de 45 %, une réduction des pesticides de six à deux passages, une réduction des coûts de 62 %, d’où une économie de 12 525 francs CFA par hectare (soit 20 euros) et, par conséquent, un bienfait pour la santé des cultivateurs et pour l’environnement.

Or rien ne paraît plus aléatoire que le « rendement moyen » dans un pays soumis à une pluviométrie capricieuse. S’il ne pleut pas, il arrive que les paysans soient obligés de procéder jusqu’à deux ou trois semis successifs. Lorsque le prix des semences est négligeable, il s’agit « seulement » d’un surcroît de travail. Mais, si on doit acquitter les DPI, à combien reviendra un hectare de coton ? En outre, il s’avère que le gène miraculeux reste sensible à la sècheresse et qu’il dégénère à mesure que la plante croît. Dernière déconvenue : lors d’un atelier animé par l’Union européenne auquel participait M. Traoré, on a enjoint aux producteurs de coton de garder un stock de pesticides de sécurité « au cas où ». Ce qui signifie que le recours aux produits chimiques ne diminue pas à coup sûr.

En effet, deux phénomènes peuvent se produire : l’apparition de chenilles résistantes au gène (en quatre ou cinq ans) et de ravageurs secondaires non maîtrisés par le gène. Les Etats-Unis et l’Inde ont été confrontés à ce problème. Curieusement, si le Comité consultatif international du coton (CCIC) [8], réuni à Ouagadougou du 17 au 21 novembre 2008, a vanté la réussite spectaculaire du coton Bt indien (six années consécutives de rendements croissants), aucune mention n’a été faite de la vague de suicides chez les petits producteurs ruinés par une production bien inférieure à ce qu’on leur avait fait miroiter.

Quant à la réduction des coûts, il est bien hasardeux d’avancer un chiffre alors que Monsanto garde jalousement le secret du prix des DPI, qui s’ajoutera à celui des intrants et des herbicides. A supposer que les rendements soient meilleurs [9], la différence ne permettra guère plus que d’éponger le surcoût des DPI.

L’argument auquel les cultivateurs sont le plus sensibles reste la diminution des pesticides que Monsanto fait miroiter. En effet, pendant les jours d’épandage, il est fréquent que les agriculteurs dorment dans leurs champs avec toute leur famille, s’exposant ainsi à la toxicité importante de ces produits. Or on peut utiliser un insecticide naturel tiré du margousier, un arbre courant en Afrique de l’Ouest. Un encadrement technique suffit, comme le montrent des expériences menées au Mali sur 10 % des surfaces cotonnières par la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT). En 2001, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a, de son côté, lancé un projet de gestion intégrée de la production et des déprédateurs (GIPD) visant à réduire, voire à supprimer, l’utilisation des pesticides. Cependant, rien n’est fait pour que ce programme GIPD dépasse le stade des essais pilotes. De plus, « l’UNPCB se comporte comme une milice au sein du monde paysan en renforçant la politique de la Sofitex qui nous impose des intrants et des insecticides, sans nous donner la possibilité de les refuser », proteste M. Do.

Parmi les solutions de rechange aux OGM, il existe le coton bio et équitable que l’association Helvetas a lancé au Mali en 2002, au Burkina Faso en 2004 : aucun produit chimique, fumure organique (gratuite), récolte de première qualité... Le sol se régénère au lieu de se dégrader. Le kilo de coton est payé 328 francs CFA (0,50 euro) au producteur, contre 165 francs CFA (0,25 euro) pour le coton conventionnel. La filière regroupe déjà quelque cinq mille petits producteurs sur environ sept mille hectares répartis sur les trois régions, Ouest, Centre et Est, du Burkina. Mais plusieurs facteurs semblent freiner son expansion : outre les interventions sonnantes et trébuchantes de Monsanto, allié aux institutions financières internationales, le transport du fumier organique nécessite un âne et une charrette. Rares sont les paysans qui disposent de ces moyens.

Selon M. Abdoulaye Ouédraogo, responsable de la filière coton à Helvetas Burkina, « ici, il n’y a pas d’avenir pour les OGM. D’abord pour des raisons climatiques. Ensuite parce que les petits producteurs n’appliqueront jamais les consignes. Ils se préoccupent d’abord de remplir les greniers pour nourrir la famille : le coton vient seulement après. Ce n’est pas comme aux Etats-Unis, où l’on pratique la monoculture à perte de vue... ».

L’acharnement pro-OGM s’explique alors non seulement par la volonté des transnationales, mais aussi par l’enrichissement qu’en retire une classe privilégiée au détriment de l’intérêt du pays.

[1] Le coton Bt est une variété locale à laquelle on a ajouté un gène tiré d’une bactérie du sol, Bacillus thuringiensis, mortelle pour certains ravageurs du coton.

[2] Surnom donné à l’herbicide — extrêmement toxique pour l’être humain — le plus employé par l’armée des Etats-Unis au Vietnam afin de détruire les récoltes et de défolier les forêts. Lire Francis Gendreau, « Au Vietnam, l’“agent orange” tue encore », Le Monde diplomatique, janvier 2006.

[3] Lire Aurélien Bernier, « La poudre aux yeux de l’évaluation des OGM », Le Monde diplomatique, novembre 2006.

[4] M. Taylor est actuellement jugé par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, pour avoir soutenu, dans ce pays, le Front révolutionnaire uni (RUF), mouvement rebelle responsable de crimes contre l’humanité.

[5] Une association italienne avait lancé un programme pour l’exportation très avantageux pour les producteurs. Craignant la concurrence avec le coton, les autorités l’ont fait échouer.

[6] Voir le site de l’association Grain, qui dispose d’une documentation très complète.

[7] Les accords de partenariat économique (APE) sont des accords commerciaux par lesquels l’Union européenne tente de développer le libre-échange avec les pays du Sud. Compte tenu de l’opposition manifestée par la population et de nombreuses associations, les négociations, entamées en 2000, n’ont pas pu aboutir avec tous les pays. Cf. la page « Stop APE » sur le site de l’Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens (Attac).

[8] Le CCIC réunit tous les ans les plus grands producteurs du monde et leurs partenaires. Ses prévisions pour 2009 sont pessimistes.

[9] M. Diallo, le ministre de l’agriculture, promettait des rendements de trois tonnes à trois tonnes et demi à l’hectare... Les meilleurs essais OGM n’ont donné qu’une moyenne d’une tonne trois cents kilos à l’hectare.

Pour vos réactions, rendez-vous
sur le blog de Marie-Monique Robin

Monday, July 20, 2009

LES "DIRIGEANT" OUEST AFRICAINS A LA SOLDE DU LOBBY OGM


L’Afrique s’offre au coton transgénique

par Colette Thomas

source: http://www.rfi.fr/actufr/articles/078/article_44575.asp

A l’occasion d’un séminaire à Ouagadougou, huit pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, annoncent qu’ils vont se lancer dans la culture de coton transgénique. Bénin, Burkina Faso, Mali, Tchad, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana et Togo veulent diversifier leur production. L’idée est également de travailler à l’échelle régionale dans le domaine de la recherche.

Les ministres du Commerce et de l’Agriculture du Bénin, du Burkina Faso, du Mali et du Tchad ont assisté à ce séminaire à Ouagadougou ainsi que des représentants du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo. Tous ont un secteur cotonnier important. Cette réunion était organisée par la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour parler de la filière et chercher à renforcer ses atouts. Il a été notamment décidé de passer, en partie, au coton génétiquement modifié.

Un centre régional de biotechnologie sera créé dans l’un de ces pays producteurs ainsi qu’un observatoire régional des intrants agricoles, c’est-à-dire des additifs utilisés tout à la fois pour augmenter les rendements et supprimer les parasites et les mauvaises herbes. Une des recommandations adoptées à l’occasion de ce séminaire indique qu' « en plus des engrais, il y a lieu d’intégrer la question des semences et le passage aux OGM (organismes génétiquement modifiés) ». Le centre permettra donc d’observer l’évolution de la qualité des terres et la productivité. Ce centre de recherches étudiera toutes les pratiques agricoles en allant des plus traditionnelles utilisant des produits chimiques jusqu’aux plus novatrices utilisant des plants de coton transgéniques.

La possibilité de mener ces études agronomiques séduira probablement bien des chercheurs africains souvent tentés de partir dans les pays du Nord pour progresser dans leurs travaux. Pourtant, ce futur centre de recherche représente probablement la contrepartie offerte par les bailleurs de fonds aux pays producteurs de coton pour qu’ils se lancent dans la culture de coton génétiquement modifié.

L’exception du Burkina Faso

Jusqu’à présent, de tous ces pays, seul le Burkina Faso a commencé, en 2003, des cultures expérimentales de coton transgénique en collaboration avec le groupe américain Monsanto. D’autres pays producteurs se sont interrogés, comme le Mali. Pour commencer, Bamako a regardé l’expérience sud-africaine. Dans ce pays d’Afrique australe, les quatre-cinquièmes de la production de coton sont d’origine OGM. Et c’est Monsanto, l’un des rares groupes mondiaux à avoir mis au point des semences OGM, qui a convaincu le gouvernement de passer aux organismes génétiquement modifiés. Car l’Afrique du Sud plante également du soja et du maïs transgéniques en moins grande proportion.

A part le Burkina Faso, aucun des autres pays présents à cette réunion de Ouagadougou n’avait donc fait le pas. Lors d’une précédente réunion il y a tout juste deux ans, toujours à Ouagadougou, quatre chefs d’Etat ouest-africains s’étaient déclarés « favorables » à l’utilisation des organismes génétiquement modifiés dans leur agriculture, tout en voulant d’abord s’assurer que cette technologie agricole ne représente « aucun danger pour les populations et l’environnement ». Amadou Toumani Touré du Mali, John Kufuor du Ghana, Mamadou Tandja du Niger et Blaise Compaoré du Burkina Faso avaient donc dit « oui mais » à l’occasion de cette réunion organisée par le gouvernement américain. John Penn, le vice-ministre de l’Agriculture, était venu en personne présenter aux leaders africains « les avantages » de la biotechnologie.

Le Niger n’est pas venu au tout dernier rendez-vous. Lors du précédent, celui de 2004, le président Tandja avait déclaré : « C’est la vérité que la biotechnologie a révolutionné l’agriculture et pourrait tout aussi bien être utilisée pour améliorer les performances de l’agriculture africaine. Mais il me paraît fondamental que soient minutieusement étudiés et mis en exergue tous les contours de cette délicate question afin de nous édifier sur les impacts environnementaux, économiques et sociaux de cette matière encore peu connue de nos pays ».

Aller de l’avant

Un collectif d’organisations non gouvernementales burkinabé avait, il y a deux ans, présenté les OGM comme un « danger » pour l’Afrique, demandant un moratoire de cinq ans avant l’introduction de cette technologie agricole dans leur pays. Aujourd’hui le ministre de l’Agriculture du Burkina Salif Diallo souligne qu’« il est urgent d’aboutir à des décisions rapides et courageuses pour éviter de tomber dans le paradoxe des débats interminables ».

Car au-delà du choix des OGM, la filière africaine du coton a du mal à s’en sortir. Comme dans les autres secteurs économiques, le prix du baril de pétrole augmente les coûts. Et les producteurs américains et européens sont encore trop subventionnés, ce qui empêche les Africains de trouver leur place sur le marché mondial. Le ministre burkinabé de l’Agriculture a donc appelé de ses vœux la création d’un fonds de « lissage », demandant aux Etats-Unis et à l’Union européenne de prendre une part active à la création de ce fonds. Son objectif serait de « permettre au petit paysan de maintenir un prix acceptable pour son coton, de ne pas mourir avant que les négociations (à l’Organisation mondiale du commerce) ne se terminent ».

Plusieurs pays africains se sont depuis peu lancés dans le coton labellisé Max Havelaar, donc presque bio, le respect de l’environnement faisant partie des critères de labellisation du commerce équitable. Les producteurs sont donc en train de faire le grand écart entre une agriculture à connotation sociale et une autre, la plus technologique qui soit.

LES OGM A L'ASSAUT DE L'AFRIQUE DE L'OUEST


Afrique : la conquête de l’Ouest du coton transgénique

A partir du Burkina Faso, le coton transgénique a entamé subrepticement la conquête de l’Afrique de l’Ouest sans garde-fou.

Par Hance Guèye, Dakar

source: Afrique : la conquête de l’Ouest du coton transgénique

29-06-2009

L’Afrique de l’Ouest est déjà à l’ère des organismes génétiquement modifiés (OGM). Le Bénin a bien renouvelé pour cinq ans le moratoire sur les OGM, mais le Mali vient d’autoriser les essais de coton Bt et, surtout, le Burkina Faso s’y est mis, clandestinement d’abord, publiquement ensuite, une fois le pot aux roses découvert, depuis 2001.

Cette introduction s’est faite en violation d’au moins deux textes. La convention sur la diversité biologique, adoptée en 1992, et le protocole de Carthagène sur la biosécurité de 2000.

En 2008, douze mille hectares de coton ont été mis en culture pour la production de semences pour trois cent mille à quatre cent mille hectares au Burkina.

La porosité des frontières en Afrique est telle que, dès qu’un pays s’y met, tous les pays limitrophes sont contaminés. Or, expliquent les spécialistes, une plante contaminée ne peut revenir à son état antérieur et rien ne distingue à l’œil nu une plante génétiquement modifiée d’une autre. C’est peut-être le calcul fait par le fameux semencier américain Monsanto, en choisissant en 2001 le Burkina Faso, frontalier de six autres pays. Les essais au Burkina Faso ont donc valeur de test pour les OGM dans toute la région.

Violation

En 2001, la firme américaine a commencé, avec l’Institut de l’environnement et de la recherche agricole (INERA), dans le plus grand secret, les premiers essais de coton Bt, une variété locale à laquelle a été ajouté un gène tiré d’une bactérie du sol, Bacillus thuringiensis, mortelle pour certains ravageurs du coton.

Cette introduction s’est faite en violation d’au moins deux textes. La convention sur la diversité biologique, adoptée en 1992, et le protocole de Carthagène sur la biosécurité de 2000. Suivant les termes de ces traités internationaux, avant toute introduction d’OGM les pays doivent se doter d’un cadre législatif, prendre les plus grandes précautions, s’engager à informer la population des dangers et procéder à une large concertation publique.

Au Burkina Faso, c’est en 2003 seulement, incidemment, à l’occasion d’un atelier sur la biosécurité, que la Ligue des consommateurs a eu vent de ces essais. Pour toute réponse, Monsanto argua que les OGM constituaient un moyen de lutte contre la pauvreté en dynamisant l’agriculture burkinabée et que les essais étaient effectués dans des « espaces confinés ». En réalité des parcelles entourées de filets déchirés, révélèrent les associations.

Il faudra attendre 2006 pour que le pays des hommes intègres se mette en règle avec l’adoption par le Parlement, en avril, d’un texte sur le régime de sécurité en biotechnologie. La loi adoptée, malgré ses 75 articles, n’a pas fait le bonheur des associations de lutte contre les OGM parce qu’elle charge l’Agence nationale pour la biosécurité (ANB) de l’évaluation des risques, qui sont justement incontrôlables pour les OGM.

En Afrique, les contrôles sont encore plus improbables en raison de leurs coûts. Les citoyens sont donc privés de toute information, de tout élément objectif d’appréciation.

Revirement

Une fois le secret percé, le gouvernement burkinabé a fait des OGM son cheval de bataille dans la lutte pour l’amélioration des conditions paysannes, alors même que l’introduction avait valeur de test. Face à la volonté de l’Etat, l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) s’est d’abord mobilisée avant de changer de position. Le front anti-OGM lie ce revirement aux 30% des parts dans la Société des fibres textiles (SOFITEX), la principale société cotonnière burkinabée, qui lui a été offerte. Ce revirement cassa le mouvement paysan avec la création, en 2003, du Syndicat national des travailleurs de l’agropastoral (SYNTAP), qui reprend le flambeau de la lutte contre les OGM.

Un combat bien inégal. Face au syndicat, il y a l’UNPCB et les trois sociétés cotonnières. Le privilège de fixer les prix du coton leur est dévolu par le gouvernement. Ce sont les usines qui distribuent également à crédit les insecticides, les herbicides et les semences, et collectent ensuite les récoltes. Le paysan est soumis au bon vouloir des industriels. Ceux qui seraient tentés de produire une autre variété de coton que le transgénique ne pourraient pas l’écouler.

Combat inégal

Le combat est-il ainsi perdu d’avance ? Il est en tout cas bien déséquilibré. Le front anti-OGM burkinabé a reçu le renfort de paysans du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo pour former une Coalition pour la conservation du patrimoine génétique africain (COPAGEN), qui a organisé en février 2007 une caravane de sensibilisation au danger des OGM, mais ses moyens sont dérisoires face à la propagande de Monsanto qui soutient que ses semences augmentent les rendements de 45%, réduisent les coûts de 62%, soit une économie de 12 525 francs CFA par hectare (20 euros). Mais Monsanto garde secret le prix des droits de propriété intellectuelle qui devra s’ajouter au coût des semences.

Monday, June 22, 2009

PROJET REGIONAL SUR LA BIOSECURITE ( PRB/UEMOA): LE CHEVAL DE TROIE POUR INTRODUIRE LES OGM EN AFRIQUE DE L'OUEST



Le Projet Régional sur la Biosécurité (PRB) de l’UMEOA – financé par la Banque Mondiale - est le « cheval de Troie » des Etats-Unis et des multinationales de biotechnologies ( Monsanto, Syngenta, etc.) pour frauduleusement introduire les OGM au niveau régional en Afrique de l’Ouest.

Comme écrit Grain dans son rapport sur le PRB :

"La Banque mondiale s'apprête à assurer le financement en provenance du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) pour deux projets qui annihileront le débat public et introduiront de force les cultures génétiquement modifiées (GM) au coeur de l'agriculture paysanne. Les deux projets, l'un en Afrique de l'Ouest et l'autre en Amérique latine, accélèreront la diffusion des cultures GM dans les systèmes de semences des agriculteurs et même dans certains centres d'origine.

HARMONISER…

Les projets sont clairement motivés par des priorités extérieures. Il y a au coeur de ces projets une stratégie poursuivie depuis longtemps par la Banque mondiale et le gouvernement des Etats-Unis pour « harmoniser » les réglementations des cultures GM dans les régions afin de passer outre les processus nationaux plus sensibles à l'opposition locale. L'idée est d'établir des réglementations favorables dans un petit nombre de pays dont les gouvernements sont ouverts aux cultures GM et ensuite d'utiliser ces réglementations comme modèle pouvant être imposé aux pays voisins par la voie des organismes de politique régionale. De cette manière, l'harmonisation évite tout débat démocratique possible et fournit aux compagnies privées un guichet unique pour leurs cultures GM.

CONTAMINER…

L'autre objectif principal du projet est de faire progresser la stratégie actuelle de contamination de l'industrie GM. Les projets faciliteront ou introduiront les essais en champs et ouvriront la voie à la commercialisation des cultures GM, plus particulièrement des cultures fondamentales pour les systèmes agricoles paysans dans les régions respectives. Le projet latino-américain cherche en particulier à faciliter le "déploiement" des cultures GM dans les centres d'origine de ces cultures. La contamination sera inévitable, et la Banque mondiale le sait certainement. En effet, les projets supposent que les cultures GM seront introduites à large échelle dans les régions. Le "renforcement des capacités" en matière de biosécurité s'entend ici comme simple gestion de la contamination qui s'ensuivra."

Source : www.grain.org/nfg/?id=417

Pire, Ce projet n’a d’autres finalités que de dégager les responsabilités des multinationales vis-à-vis des dommages et préjudices causés par les OGM en les transférant aux pays de la sous-région.

De plus, l’objectif (officiel) déclaré du PRB de l’UMEOA est « d’élaborer et de mettre en oeuvre un cadre juridique communautaire de biosécurité en vue de permettre aux Etats membres de l’UEMOA de
faire face à leurs obligations vis-à-vis du Protocole de Cartagena, sur la prévention des risques biotechnologiques, relatif à la Convention sur la Diversité Biologique
». Paradoxalement, le PRB de l'UMEOA est en réalité en violation flagrante vis-à-vis de la Convention sur la Diversité Biologique qui reconnaît le droit de souveraineté des Etats sur leurs ressources biologiques et de toute les lois internationales qui réglemente les OGM.

La Convention sur la Diversité Biologique (1992) reconnaît le droit de souveraineté des états sur leurs ressources biologiques. De ce fait, la collecte de ces ressources est subordonnée à "l’accord préalable donné en connaissance de cause" par l’état qui possède ces ressources, avec comme un des objectifs « le partage juste et équitable des bénéfices tirés de l’exploitation des ressources génétiques. »

Le Protocole de Carthagène (2003) est un accord international fondé sur le « principe de précaution », qui vise à garantir le transfert, la manutention et l’utilisation en toute sécurité des OGM issus de la biotechnologie moderne. Il place sous haute surveillance la circulation et les échanges d'OGM et prend en compte les risques pour la santé humaine et pour l'environnement.

Ce protocole instaure une procédure d’information préalable permettant à tout pays importateur de refuser une cargaison de semences ou de produits alimentaires transgéniques en invoquant le principe de précaution. (principes de précaution et de prévention : règle de décision politique en l’absence de certitudes scientifiquement établies limitant, encadrant ou empêchant certaines actions potentiellement dangereuses, sans attendre que leur danger éventuel soit scientifiquement établi de façon certaine.)

Toutes ces conventions juridiques que le Mali a ratifiées prévoient un mécanisme d’information, de sensibilisation et de participation du Public à la prise de décision. C’est dire qu’en matière de sécurité en biotechnologie, la décision ne doit être prise qu’après une large information / sensibilisation des populations sur les avantages mais aussi et surtout les risques liés à l’utilisation des produits transgéniques et que le public doit être réellement impliqué à la prise de décision, ce qui n’est évidemment pas le cas du PRB/UMEOA.

Les pays qui adhèrent à la Convention, juridiquement contraignante, sont dans l’obligation d’en appliquer les dispositions.

La loi modèle de l’union africaine sur la sécurité en biotechnologie complète le protocole de Carthagène qui a été signé par le Mali. Elle accorde une importance particulière à l’évaluation et à la gestion des risques (articles 8 et 9). Selon cette loi « Aucune décision d’importation, d’utilisation confinée de dissémination ou de mise sur le marché d’un OGM ou dérivé d’OGM ne peut être prise par l’autorité compétente sans évaluation des risques pour la santé humaine, la diversité biologique et l’environnement, notamment ses conséquences sur l’environnement socio-économique et les normes culturelles.

La loi modèle pour la protection des droits des communautés de L’UA estime que la privatisation des formes de vie à travers le régime des droits de propriété intellectuelle viole le droit fondamental à la vie et va à l’encontre du concept africain du respect de la vie (non – brevetabilité du vivant). De solides arguments éthiques justifient l’exclusion des microorganismes, végétaux ou animaux du système de brevets.

Comme écrit la COPAGEN dans son rapport en réaction au Projet Régional de Biosécurité, « Il s’agit en fait d’une stratégie pour mettre sur la touche la souveraineté de chaque pays aux fins d’exécuter le programme OGM des sociétés transnationales en leur créant des conditions favorables d ’investissement dans les semences transgéniques dans la sous –région. En effet, en vertu des dispositions de l ’UEMOA, les décisions prises dans un pays peuvent être appliquées dans les autres si cette décision est entérinée par l’institution sous-régionale. C’est le principe de la subsidiarité. » C'est-à-dire qu’une législation mise au point au niveau régional s’impose aux Etats membres.

Comme il est prescrit dans la proposition du projet : "Si l'UEMAO est en mesure d'harmoniser les législations nationales de biosécurité et plus tard de faire appliquer une décision prise par l'un des pays dans les autres pays, cela améliorera considérablement la situation des investissements dans les biotechnologies pour les cultures de rente et les cultures vivrières dans la zone de l'UEMAO… en diminuant les couts liées aux transactions". Une fois l'adoption effectuée au sein de l'UEMAO, la Banque Mondiale déclare qu'elle cherchera à augmenter progressivement le projet au beaucoup plus gros marché que représente la CEDEAO.

De plus, les différentes versions du document complet du projet n’existent qu’en anglais alors que tous les pays de l’UEMOA, sauf un (la Guinée Bissau) ont le français comme langue officielle de l’administration publique. Cela est en contradiction flagrante avec les principes de participation effective du public au débat, puisque les documents sont inaccessibles en raison de la barrière linguistique.

Ci-joint le rapport de la COPAGEN relatif au PRB de l'UEMOA:

GRAIN - Afrique Francophone, 06 BP 2083 - COTONOU, BENIN www.grain.org/semences/

Semences de la biodiversité N° 55

Septembre 2006

DECLARATION LIMINAIRE DE LA CONFERENCE RELATIVE AU PROJET DE LA BANQUE MONDIALE SUR LA BIOSECURITE

Organisée à Cotonou, le 04 Juillet 2006, par JINUKUN et COPAGEN

(La coalition pour la protection du patrimoine génétique africain)

Quelles analyses critiques faisons-nous de ce projet :

Les points suivants méritent d’être soulignés par rapport à ce projet, qui de façon subtile comme à l’accoutumée, tente de cacher des objectifs mercantiles, au détriment de l’intérêt de nos Etats et des populations :

” Ce n’est pas un hasard si le coton, qui fait l’objet de beaucoup de polémiques au niveau international, liées entre autres aux problèmes de subventions des USA et de l’Europe, de l’accès aux marchés… est le premier produit proposé actuellement dans le cadre de ce projet.

” Le problème actuel du coton en Afrique de l’Ouest n’est pas celui de la production (quantité) mais bien ceux de la transformation/valorisation et de l’accès à des prix justes et équitables au producteur. Le coton Bt (coton OGM) ne sera donc pas la solution à ces problèmes.

” Il est évident que ce projet cherche à mettre en place un cadre réglementaire favorisant l’introduction des cultures génétiquement modifiées dans la région.

” Il est choquant de constater que nulle part dans ce projet, la question fondamentale des droits des communautés locales sur leurs ressources génétiques n’est prise en compte.

” Les OGM ne peuvent pas contribuer à « l’augmentation des revenus des producteurs » comme mentionné dans le projet. Les OGM qui sont faits pour l’agriculture industrielle, éliminent non seulement les petits producteurs, mais créent une dépendance vis-à-vis des semences produites par les multinationales.

” L’objectif environnemental global cité dans le projet, à priori « séduisant », cache l’objectif inavoué de légaliser les tests (officiels et cachés) menés dans nos pays.

” Ce projet qui veut faire de nos pays « un espace attractif pour les recherches et l’utilisation des biotechnologies » n’a d’autres finalités que de dégager les responsabilités des multinationales, en cas de dommages sanitaires, environnementaux, économiques, etc. causés par les OGM.

” L’UEMOA en tant qu’institution sous-régionale, n’a pas la légitimité d’autoriser la formulation et la mise en oeuvre d’un tel projet sur la biosécurité. En effet, ceci relève de la souveraineté de chaque pays, du moment où le protocole de Carthagena et la Convention sur la Biodiversité indiquent que chaque pays doit prendre en compte ses propres spécificités et est souverain sur ses
ressources biologiques.

” La Banque Mondiale, en tant qu’institution financière ne peut se donner le droit d’imposer à nos Etats une législation sur la biosécurité, pour légitimer l’utilisation et la consommation des produits qui font l’objet de polémiques et de rejet partout dans le monde.

Quelles conclusions tirées de cette analyse ?

Il est évident que ce projet de la Banque Mondiale intitulé : « Proposed West Africa Regional Biosafety Project » ne présente aucun intérêt ni pour notre sous-région, ni pour nos pays pris individuellement, pour les raisons suivantes :

Les OGM ne sont pas une solution pour l’Afrique. Plusieurs alternatives scientifiquement maîtrisables, économiquement rentables et socialement durables existent de nos jours, en plus de toutes les ressources locales que possèdent nos pays pour se nourrir, mais aussi pour produire de la richesse.

Les problèmes majeurs de l’agriculture dans nos pays sont entre autres : la maîtrise de l’eau, la fertilité des sols dans certains pays, l’accès aux moyens de production (notamment les questions de sécurisation foncière), l’accès aux crédits à des coûts acceptables, la transformation des produits pour une plus-value, l’accès aux marchés…

Les lois sur la biosécurité ne sont pas une fin en soi. L’essentiel est de prendre en compte les préoccupations des communautés locales et de respecter leurs droits sur les ressources biologiques qu’elles ont protégées pendant des générations.

L’UEMOA doit s’occuper de sa fonction originelle qui consiste à créer les conditions favorables pour permettre aux pays membres d’accéder aux marchés intérieurs et d’accompagner les initiatives économiques internes, en priorité au profit de nos populations. Elle ne doit pas constituer un frein au développement économique de nos Etats, en prônant des politiques d’ouverture suicidaires qui mettent en péril les intérêts de la population.

La Banque Mondiale a largement contribué à déstabiliser les économies des pays de la sous-région en particulier, et de celles de toute l’Afrique en général, à travers les PAS imposés aux Etats. Tout le monde est unanime aujourd’hui pour reconnaître que les PAS ont consisté à drainer l’essentiel des revenus de nos Etats vers l’extérieur. Les OGM s’inscrivent dans cette même logique de dépossession et de dépendance de l’Afrique.

Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, JINUKUN et COPAGEN:

- Demandent à l’UEMOA et aux décideurs des pays membres :

L’arrêt immédiat de toutes les actions relatives à la recherche de financement et à la mise en place du projet de la Banque Mondiale intitulé « Proposed West Africa Regional Biosafety Project » ;

Le respect des systèmes de gestion communautaires des ressources génétiques et des
connaissances associées;

La résistance à toutes les formes de pressions relatives à l’introduction des OGM dans l’agriculture africaine ;

La valorisation des ressources locales et des savoirs qui y sont associés ;
La promotion (application et diffusion) des alternatives aux OGM dans l’agriculture.

- Invitent les populations et les organisations de la société civile à :

Résister à toute tentative d’introduction des OGM dans l’agriculture ;

Valoriser les ressources locales pour une meilleure création de richesses de façon durable ;

S’informer et se former pour mieux comprendre les enjeux liés aux OGM afin d’agir en
connaissance de causes.

Fait à Cotonou, le 04 juillet 2006. JINUKUN et COPAGEN

JINUKUN est un réseau d’ONG locales et nationales, d’organisations paysannes, d’organisations communautaires de base et de scientifiques de
différentes spécialités du Bénin (biologistes, généticiens, sociologues, historiens, vétérinaires, …) travaillant pour une utilisation durable de la
biodiversité au Bénin et en Afrique. Le réseau a fait de la lutte contre les OGM, et de la protection des droits des agriculteurs et des communautés
locales, ses chevaux de bataille pour que la biodiversité du Bénin et d’Afrique soit réellement contrôlée par les communautés locales.
JINUKUN travaille en partenariat avec les organisations paysannes, les ONG qui interviennent dans le domaine de l’agriculture, de la protection
de la biodiversité ou de défense des consommateurs. Il produit une plaquette de liaison, du même nom, JINUKUN. JINUKUN est membre d’un
réseau intervenant en Afrique de l’Ouest : la Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain (COPAGEN)

La Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN), est un mouvement social et citoyen. C’est un regroupement non formel d’organisations de la société civile de l’Afrique francophone au Sud du Sahara, manifestant un intérêt pour la gestion durable et la valorisation des ressources biologiques du continent ; elle comprend comme principaux acteurs, des Organisations paysannes, des ONG, des
associations de consommateurs, des associations de développement, des syndicats, des mouvements des droits de l’homme, des organisations de jeunes, de femmes, des individus etc. Le mouvement soutient les droits collectifs des communautés locales et des agriculteurs sur le patrimoine génétique africain, et rejette le génie génétique dans l’alimentation et l’agriculture. La mission de la coalition est d’oeuvrer pour la sauvegarde du patrimoine génétique africain, et pour une utilisation durable des ressources biologiques africaines, à travers la protection des droits des communautés locales et des agriculteurs. Le message de COPAGEN est : « Oui pour une recherche scientifique indépendante qui valorise les
ressources biologiques locales et les connaissances traditionnelles et endogènes dans l’intérêt des petits agriculteurs et des consommateurs
africains, non au brevetage du vivant et aux OGM face à tous les risques avérés et potentiels actuels qui y sont attachés. »
La coalition est actuellement active dans les pays suivants : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Guinée Conakry, Mali, Niger,
Sénégal et Togo

Monday, June 08, 2009

OGM: "L'ARME" MALTHUSIENNE DES EUGENISTES...




James Watson, le découvreur de la structure en double hélice de l'ADN, a déclaré "si l'on peut faire de meilleurs humains en ajoutant des gènes, pourquoi ne devrions-nous pas le faire ?". Enfin, Francis Fukuyama, de l'Institut for Public Policy à l'Université Georges Mason, et auteur du livre la fin de l'Histoire", a déclaré : "La biotechnologie sera capable d'accomplir ce que les idéologies du passé n'ont pas réussi à faire : créer un nouveau type d'humain... dans deux générations, nous aurons définitivement terminé avec l'Histoire humaine, parce que nous aurons aboli les humains en tant que tel. Alors, une nouvelle histoire post-humaine commencera."


Malthus et la petite graine


Le 25 mai 2009 par Simon Guibert

source: http://www.larevuedesressources.org/spip.php?article1200

Tout commence le 14 février 1766 dans le Surrey, contrée de la verte Angleterre. Thomas Robert Malthus est la sixième graine plantée par son géniteur, chef d’une famille fortunée et éclairée. C’est un ami personnel de David Hume et l’un des correspondants de Jean-Jacques Rousseau… Le petit Malthus étudie à l’université de Cambridge où il obtient une chaire en 1793. Puis il devient pasteur anglican en 1797. Cultivé et religieux, donc. L’année suivante, il publie Essai sur le principe de population, qui connaît un immense succès et déclenche de nombreuses polémiques. Il prédit que la population augmente de façon exponentielle (1, 2, 4, 8, 16...) tandis que les ressources progressent arithmétiquement (1, 2, 3, 4, 5...). Il n’y aura jamais assez de grains pour tout ce monde. On cours à la catastrophe ! Pour éviter de grands malheurs, il propose de contrôler les naissances.

L’Europe vient de prendre conscience de la délicate équation planétaire qui associe populations et ressources. Après la mort de Malthus en 1834, son Essai sur le principe de population qu’il avait réédité et retravaillé à de nombreuses reprises devint la bible d’un premier courant de pensée qui nous intéresse particulièrement. Le « malthusianisme » du XIXe siècle, entre les mains d’un groupe puissant, répandit l’idée que la reproduction des classes les plus favorisées n’était pas un problème, contrairement à celle des classes pauvres et des indigents. Fallait-il stériliser les masses laborieuses de la révolution industrielle ?

Par la suite, les choses évoluèrent et la petite graine tant questionnée par Malthus un siècle plus tôt trouva d’autres jardiniers pour se pencher sur sa croissance. A la fin du XIX° siècle, quelques esprits libertaires s’éprirent de « néo-malthusianisme ». C’était pour eux le meilleur moyen de ne pas fournir la chair à canon des conflits qui s’annonçaient. C’était également le moyen de réfléchir le corps et la dignité des classes laborieuses et de revendiquer, pour les femmes, le droit à l’avortement.

Durant tout le XX° siècle, on a entrevu des malthusiens ici et ailleurs, d’une obédience ou d’une autre. Et, pendant ce temps, l’équation planétaire populations / ressources mise en lumière par Malthus prenait une acuité toute particulière. Ni le « Péril jaune » ni la « bombe démographique » que nous prédisaient les démographes de la seconde moitié du XX° siècle n’ont finalement bouleversé la population mondiale. Aujourd’hui, les analystes avancent que le nombre de terriens continuera certes d’augmenter pour atteindre environ 9 milliards en 2050. Mais, à partir de la seconde moitié du siècle, elle amorcera une décrue spectaculaire. En fait, un nouveau phénomène dont nous allons beaucoup entendre parler est déjà à l’œuvre dans plusieurs pays : la dépopulation. Ce phénomène va modifier de fond en comble le monde dans lequel nous vivons, depuis la taille et la puissance des nations jusqu’aux facteurs de croissance économique, en passant par notre qualité de vie. C’est ainsi que la discrimination sociale par le contrôle des naissances a perdu son sens ontologique. Une partie de l’équation de Malthus rencontre une solution mais quid de l’accroissement des ressources ? La Terre pourra-t-elle nourrir neuf milliards d’êtres humains ?

Aujourd’hui, la nourriture est un marché. L’Organisation des Nations Unies, avec la Food and Agricultural Organization, la FAO et surtout le Programme Alimentaire Mondial (PAM) est un acteur du marché. L’alimentation de l’Humanité est un enjeu planétaire, comme le contrôle des naissances, l’eau ou l’énergie. L’historien Emmanuel Le Roy Ladurie faisait récemment remarquer que les difficultés d’approvisionnement, les disettes, la cherté des denrées de première nécessité, et pour finir, les crises alimentaires, accompagnent les situations prérévolutionnaires. En d’autres termes, quand les peuples ont faim, les gouvernements sautent. On comprend pourquoi n’y a pas grand monde pour appeler la Révolution de ses vœux. C’est pour cela que l’on nourrit les indigents. Et, de là à penser que l’on nourrit les bouches affamées parce qu’elles sont potentiellement dangereuses, il n’y a qu’un pas…

On connaissait les crises alimentaires conséquences des catastrophes climatiques, des guerres et des tensions politiques. Voici la crise alimentaire globalisée, en proie aux marchés et à une violente déréglementation voulue par l’Organisation Mondiale du Commerce. Voici le temps de l’agriculture sans agriculteurs, comme en Argentine où les paysans et les sociétés rurales du cône sud ont été repoussées aux marges pampéennes, loin de leurs terres. Le soja transgénique a tout envahi. Des lots de milliers d’hectares sont proposés, le temps d’une récolte, sur les grandes places boursières du monde. On achète pour six mois cette terre et sa production comme un produit financier. On spécule sur la nourriture du monde. Voici le temps ou les fruits et les légumes qui poussent hors-sol sont disponibles en toute saison. Voici le temps ou la Corée se propose d’acheter un million cinq cent milles hectares à Madagascar pour assurer ses approvisionnements en riz. Le temps où l’on prévoit qu’en 2048, les pêcheurs ne remonteront plus que des méduses du fond des mers dévastées par une surpêche chronique … Voici l’impérieux moment où nous devons résoudre la seconde partie de l’équation de Malthus : la question des ressources. De la crise alimentaire que nous vivons devra sortir la réponse à deux questions qui engagent l’avenir de l’Humanité : comment nourrir les 9 milliards que nous seront en 2050 et avec quelle qualité, quel type de nourriture ? Encore les graines…

La suite est l’histoire de ce que nous mangeons, de la discrimination dont sont victimes ceux qui ne mangent pas et de la bêtise de ceux qui mangent trop. Ainsi, le professeur John Peterson Myers, chercheur en sciences pour la santé environnementale, présente les choses de la manière suivante lorsqu’il s’exprime en public : « Si vous pensez à votre famille et à vos amis proches, combien d’entre eux ont été directement ou indirectement atteint d’un cancer ? Levez la main… Atteint d’un diabète ?... Des parents ou des amis stériles ?... Maintenant, j’aimerais que tous ceux qui ont levé la main au moins une fois lèvent la main de nouveau. » Les trois quarts du public ont la main en l’air. « Regardez autour de vous, vous verrez qu’un pourcentage important de gens qui habitent notre planète est atteint d’une maladie que la science croit liée aux facteurs environnementaux. Un scientifique américain a constaté le printemps dernier que la nouvelle génération d’enfants est la première de l’histoire moderne à être en moins bonne santé que ses parents ! » Les populations des pays riches ont des problèmes de fertilité à cause de la qualité dégradée de leur alimentation : les malthusiens qui prônaient la stérilisation des pauvres doivent se retourner dans leurs tombes !

La première « révolution verte », celle de l’après Seconde Guerre mondiale, était dirigé par le secteur public. Les institutions publiques et les gouvernements contrôlaient la recherche, le développement agricole et les politiques agraires. La seconde « révolution verte », celle des biotechnologies et des Organismes Génétiquement Modifiés, est dirigée par une firme privée américaine : Monsanto. Premier semencier du monde, premier fournisseur de graines… La première « révolution verte » était bâtie sur l’utilisation massive de produits chimiques et d’équipements motorisés, mais son objectif ultime était tout de même de fournir plus de nourriture et d’assurer la sécurité alimentaire de la planète. Aujourd’hui, le bilan est là. Pour paraphraser Winston Churchill : « Il est fini le temps des promesses douteuses et des négociations stériles, voici venu le temps des conséquences ». Les sols appauvris, les pollutions massives, la qualité des aliments produits qui s’effondre et, pour finir, de nombreux problèmes de santé dans les populations. Et que dire des agriculteurs, maraîchers et autres viticulteurs atteints de leucémies, de leurs enfants souffrant de malformations congénitales après des années d’exposition familiale aux produits phytosanitaires utilisés massivement ?

La seconde « révolution verte » est dirigée par Monsanto, le roi de la graine. La seconde « révolution verte » n’a rien à voir avec la sécurité alimentaire. Encore moins avec la souveraineté alimentaire des Etats. Son but ultime est de contrôler le vivant à travers une série de brevets. Les OGM sont un moyen de privatiser la nourriture de l’Humanité et Monsanto est en position de quasi-monopole. « Nous vous possédons, nous possédons tous ceux qui achètent nos produits », déclarait un représentant de Monsanto, lors du procès que la firme intentait à un paysan américain qui refusait payer les royalties de semences qui lui avait été imposées.

Les OGM de Monsanto sont présents dans le monde entier grâce à une politique commerciale particulièrement agressive incluant la corruption de gouvernement (en Indonésie) ou de commission scientifique (au Canada), la falsification de documents (dans le magazine Science) ou l’empoisonnement de population, comme à Anniston, au Texas. Autant de comportements et de méthodes qui rappellent étrangement les politiques coloniales. Ainsi le brevetage du vivant serait une autre forme de colonisation. Selon la physicienne indienne Vandana Shiva, interrogée par Marie-Monique Robin, le brevetage du vivant est dans la continuité de la première colonisation. Le mot « patente » qui signifie « brevet » en anglais, en espagnol ou en allemand, vient de l’époque de la conquête. C’était par une « lettre patente » (du latin patens, ouvert, évident) portant le sceau des souverains d’Europe, que ceux-ci accordaient un droit exclusif à des gens d’armes pour qu’ils conquièrent des terres étrangères en leur nom. Au moment où l’Europe colonisait le monde, les « patentes » visaient une conquête territoriale, tandis que les brevets d’aujourd’hui visent une conquête économique à travers l’appropriation des organismes vivants par les nouveaux souverains que sont les multinationales comme Monsanto. Les brevets d’hier et d’aujourd’hui reposent sur un déni de la vie qui préexistait avant l’arrivée du colonisateur. Lorsque les Européens ont colonisé l’Amérique, les terres du Nouveau Monde ont été déclarées terra nulius, littéralement « terres vides », sous entendu « vides de nous, les colonisateurs ». De la même manière, le brevetage du vivant est fondé sur une hypothèse de « vie vide », car tant que les organismes vivants n’ont pas été modifiés génétiquement en laboratoire, ils n’ont pas de valeur. C’est un déni du travail et du savoir-faire de millions de personnes qui ont entretenu la biodiversité de la vie depuis des millénaires et qui, de surcroît, en vivent.

Ainsi, pour en arriver à ce stade, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, on a sélectionné, irradié, défolié, bombardé les graines et les semences afin qu’elles donnent toujours plus. Mais plus de quoi ? Plus de nourriture ou plus de cancers et de diabètes ? En février 2009, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments a rendu un avis favorable à l’introduction du maïs génétiquement modifié pour résister aux insecticides. Les tests ont concerné une génération de rats alors qu’il est avéré que les problèmes de santé induits par les OGM apparaissent après consommation par plusieurs générations…

L’essayiste Naomi Klein me confiait récemment lors d’une interview que ce n’est pas la première fois que nous assistons à ce type de comportement de domination commerciale. Il y a déjà eu de nombreux exemples, et c’est à cela qu’elle fait référence en parlant de « doctrine du choc ». De manière quasiment systématique, au cœur des crises contemporaines, qu’elles soient financières, pétrolières, ou encore alimentaires, et même dans le cas des catastrophes naturelles, on se retrouve face au programme des néo-libéraux. Ce n’est pas un secret, ce n’est pas un complot : il y a une certaine vision du monde prônée par les grandes institutions comme l’Organisation Mondiale du Commerce, ou le Fond Monétaire International. Mais ce modèle n’a pas réussi partout, il y a encore des résistances, des politiques à travers le monde qui ne s’y plient pas, et du coup, ce qui se passe en temps de crise est perçu par ces institutions comme une formidable opportunité d’imposer leur vision néo-libérales du monde. Les vieilles recettes ressurgissent, et en étant simplement reformatées, elles sont proposées comme étant soudainement les réponses à la crise, comme étant les « solutions » à la crise.

Si l’on reprend le problème de la crise alimentaire, du point de vue des attentes néo-libérales, on sait quelles politiques n’ont pas totalement fonctionné. L’une d’entre elles, qui vise tous les pays du monde, est la campagne pour autoriser la modification génétique des aliments. Il y a des pays dans lesquels, à la suite d’une forte mobilisation des agriculteurs, des associations écologiques ont réussi à faire passer des lois pour bloquer l’importation de semences génétiquement modifiées. Cela a créé une très grande frustration chez les grandes firmes agro-alimentaires. Il y a également des pays en voie de développement qui refusent de retirer totalement les moyens de protection qu’ils accordent à leurs industries agricoles nationales, en particulier parce que l’Europe et les Etats-unis continuent à subventionner leurs exportations. Ces protections publiques des agricultures nationales forment LE principal obstacle à la progression des politiques néo-libérales. C’est le grand point de frictions entre les pays africains, l’Inde et les Etats-Unis suivis par l’Europe. Depuis l’échec des négociations de Seattle, lors du sommet de l’OMC, c’est devenu LE problème majeur des néo-libéraux.

Aujourd’hui, dans le contexte actuel de crise alimentaire mondiale, de famine, de panique dû à cette crise, on assiste à un nouvel assaut néo-libéral. Une nouvelle pression de la part des grandes firmes du business agro-alimentaire américain et européen qui tentent d’éliminer les aides indispensables et élémentaires mises en place par certains Etats pour préserver leur souveraineté alimentaire. A la faveur de la crise alimentaire, le FMI, la Banque Mondiale et d’autres institutions internationales exercent de très fortes pressions afin que les Etats qui ont un besoin vital de capitaux lèvent les restrictions concernant l’importation d’OGM, les barrières qui protègent leur agriculture nationale, pour qu’ils libéralisent leurs économies. La complicité des institutions internationales avec cet état de fait a poussé de nombreux gouvernements d’Afrique et d’Amérique Latine a lancer un appel pour défendre le droit à la souveraineté alimentaire qui est réellement menacée. Cet appel revendique l’idée que la nourriture est un droit humain et non une marchandise que l’on peut traiter comme un bien de consommation. En effet, considérer la nourriture comme un simple bien est extrêmement dangereux.

L’une des ripostes au néo-libéralisme à été de relancer le débat sur le droit à la nourriture ; qu’elle ne soit pas considérée comme un produit commercial, mais envisagée comme un droit essentiel de l’Humanité. Les institutions internationales, les Nations Unies, n’ont pas défendu ce droit aussi ardemment qu’elles auraient dû le faire, elles n’ont pas pris la responsabilité qui est la leur, car la nourriture est inscrite en tant que droit fondamental dans la déclaration des Droits de l’Homme des Nations Unies.

La nourriture est en train de devenir un bien de plus en plus précieux, donc une industrie d’autant plus lucrative. Aujourd’hui, les choix politiques des gouvernements occidentaux sont clairs et les populations semblent sous le choc. Cependant, les quelques déclarations d’intentions et la couche de peinture verte passée à la hâte sur la cupidité des grands industriels de l’agro-alimentaire peuvent pousser les populations vers une pensée plus radicale. Une pensée qui amènerait à la possibilité de quitter le modèle agricole actuel. Dans un environnement de changement climatique, de raréfaction de l’eau et de crise, les grands semenciers ont une opportunité formidable d’étendre leur pouvoir sur le monde au détriment d’une nourriture de qualité, de l’environnement et du droit inaliénable de l’Humanité que représente l’accès aux ressources alimentaires. Allons-nous laisser faire ?

Wednesday, April 15, 2009

ENJEUX DES OGM EN AFRIQUE


OGM: GENOCIDE ECONOMIQUE, SOCIAL ET ECOLOGIQUE DE l'AFRIQUE ET DE L'HUMANITE

La terre n’appartient pas à l’Homme.
C’est l’Homme qui appartient à la terre.


I. Enjeux et conséquences du coton Bt de Monsanto sur la filière cotonnière au Mali et dans la sous-région.

Le coton Bt génétiquement modifié (GM) de Monsanto

• Le dernier clou dans le cercueil des cotonculteurs et le cheval de Troie des multinationales de biotechnologie (Monsanto, Syngeta, Dow Agro Science, Bayer, etc.) pour le contrôle total de la filière et de toute l’agriculture vivrière au Mali et dans la sous-région.

Comme écrit GRAIN dans son rapport sur l’introduction du coton GM au Mali et dans la sous-région :

« Le coton Bt ( de Monsanto) est le cheval de Troie des multinationales ; leur porte d’entrée en Afrique de l’Ouest, pour assurer leur mainmise sur les semences cotonnières, et, éventuellement, pour contrôler toute l’agriculture de la sous-région. Le but est d'introduire en Afrique de l'Ouest les cultures génétiquement modifiées brevetée. »

Source : www.grain.org

Enjeux socio-économiques :

SPIRALE D’ENDETTEMENT ET FAILLITES DES COTONCULTEURS

• Culture de coton GM non-rentable pour les petits producteurs de coton en Afrique et dans les pays du Sud.

Coûts de production

• Coûts de production du coton GM largement supérieurs au coton bio et au coton conventionnel

• Coûts des semences largement supérieurs aux prix de semences bio et conventionnelles. (coût des semences Bt varie en fonction des pays)

a) Ex : Coûts des semences du coton Bt de Monsanto (Inde):

• OGM : 45 euro/ha
• Bio : 6 Euro/ha
• Conventionnel : 1.5 euro/ha

b) Coûts d’utilisation liés au brevet : (Bollgard 2: $100/ha = 45000- 50,000 FCFA/ha)

• Pas de réduction significative dans l’utilisation et dans le coût des insecticides:

• coût des semences GM (29,500 fcfa/ha) + coût du brevet du coton bt de Monsanto (45,000-50,000 fcfa/ha) largement supérieurs au cout des insecticides au Mali : 30,000-35,000 fcfa/ha

• Coton Bt ne combat pas tous les insectes ravageurs du coton, notamment les principaux qui prolifèrent au Mali et dans la sous-région.

• Requis 2 fois plus d’eau! En cas de sécheresse, faillite des cotonculteurs!

Rendement:

• Rendement inférieur au coton conventionnel : -35% en Inde ; 50 capsules contre 100 capsules pour le coton conventionnel.
• Les semences de coton Bt n’ont pas été génétiquement modifiées pour accroître les rendements.

Qualité

Qualité médiocre de la semence, de la graine de coton et de la fibre

• Témoignage publique de *William Dunavant ( *Président de la plus grande entreprise américaine de négoce du coton): « Je suis d’avis que la semence du coton bt est un problème très sérieux et beaucoup de gens partagent mon avis. »

Prix de vente

• Prix du coton Bt inférieur au prix du coton conventionnel à cause de la qualité inferieure de la fibre.
• Prix dicté par le marché mondial, manipulé par les spéculateurs et les multinationales en leur faveur (mécanisme économique et politique favorisant la surproduction) et influencé de manière préjudiciable par les subventions.

Coton GM ne résout pas le fond du problème de la filière:

• Subventions EU/UE => surproductions = chute des cours de la fibre
• Dévaluation du $US (conséquence de la politique monétaire frauduleuse de la Banque Fédérale Américaine (FED))
• Augmentation constante et exponentielle du coût des intrants.
• Conjugaison de ces facteurs (exogènes) est à la source de l’effondrement du secteur.
• Au contraire, le coton Bt de Monsanto ACCENTUE le problème en proposant comme solution à l’effondrement du secteur d’augmenter les rendements, dans un contexte de surproduction qui fait chuter les cours et qui est à la source de l’effondrement du secteur!

Perte et destruction de marché

• Perte et destruction des marchés dans les pays importateurs (UE, etc.) interdisant les produits OGM (ex: coton, café, cacao, etc. = principales cultures d’exportations de l’Afrique vers l’UE)

CONTAMINATION ET BREVETAGE DES SEMENCES

• Contamination génétique de toutes les semences cotonnières conventionnelles, bio, variétés sauvages, etc. = contrôle de toute la filière cotonnière au Mali et dans toute la sous-région à travers la contamination et la disparation progressive et la confiscation des semences traditionnelles contaminées à travers le mécanisme de brevetages des semences.
• Cotonculteurs interdits de sauvegarder et de replanter les semences l’année suivante :
• Légalement contraint d’acheter chaque année les semences et les produits phytosanitaires auprès de la multinationale qui détient le brevet sur les semences GM (Monsanto).
• Dépendance imposée par le biais du mécanisme de la semence « Terminator Seed» qui a été génétiquement manipulée pour devenir stérile après la première récolte.

Résultat:

• Dépendance totale des cotonculteurs auprès de Monsanto qui contrôle la semence GM, les produits phytosanitaires, et le prix d’achat du coton. Le cercle de la dépendance totale est bouclé.
• Spirale de l’endettement, faillite économique, saisi et privatisation des terres.
• Exemples: Suicides de + 150,000 cotonculteurs en Inde qui ont semés les « graines de la mort » depuis 2003.

Enjeux sanitaires et Ecologiques

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• Ignorances et incertitudes scientifiques absolues sur les conséquences de la manipulation génétique des organismes vivants et des semences sur la santé humaine, les animaux, l’environnement et sur l’ensemble de la biodiversité.
• Modifications des Lois de la Nature et de la Vie…: avec quelles conséquences…???
• Irréversibilité: flux de gènes bt dans l’environnement irréversibles!

CONFISCATION ET PRIVATISATION DES TERRES

Confiscation et privatisation des terres des paysans à travers 2 mécanismes :

1) Endettement et faillite économique des cotonculteurs:

• contrôle et coût exorbitant du prix des semences et des intrants + prix d’achat non-rémunérateur du coton fibre = non-rentabilité des paysans = endettement, faillite économique => saisis des terres.

2) Poursuites judiciaires

• Poursuites et actions juridiques contre des paysans - dont les champs et les cultures ont été involontairement et à leur insu contaminés par un flux de gènes Bt - pour violation des clauses juridiques relatives à l’utilisation du droit de brevet détenu par Monsanto sur la semence Bt. ( ex ; Persey Scheimer contre Monsanto, Court Suprême du Canada, $200,000 amendes!)

MONOPOLE DE LA CULTURE INDUSTRIELLE DU COTON AU MALI ET EN AFRIQUE PAR MONSANTO

• Contrôle total de la filière : les semences, les intrants, les terres, l’égrenage (privatisation sociétés cotonnières : ex-CMDT), et le prix et la vente de la fibre.

Conséquences :

• Cotonculteurs dépossédés de leurs terres, sans semences, sans emplois, sans revenus et sans avenir. (+ 10 millions en Afrique)

CONSEQUENCES PROBABLES DU MONOPOLE DE LA CULTURE DU COTON EN AFRIQUE PAR MONSANTO:

PLANTATIONS DE COTON CULTIVES AVEC LA MAIN D’ŒUVRE LOCAL

• paysans dépossédés de leurs terres seront recrutés comme travailleurs agricoles pour produire du coton sur les terres saisies.
• OGM: Permettent d’éliminer les subventions cotonnières et agricoles et de conclure l’accord commercial de l’Uruguay Round au sein de l’OMC pour la libéralisation mondiale de l’économie. note: Budget Farm Act 2009: Obama a demandé (en mars 2009) au Congrès américain la suppression des subventions cotonnières… !
• OGM: 1 pierre/2 coups: permet le contrôle de la filière cotonnière et de toute l’agriculture vivrière dans les pays du Sud et la libéralisation du commerce mondial. (OMC/Uruguay Round)

CONSEQUENCES : RETOUR A L’ESCLAVAGE DANS LES PLANTATIONS DE COTON!

• Les subventions cotonnières américaines avaient remplacées les esclaves africains sur les plantations de coton au Etats-Unis.
• Le coton Bt de Monsanto restitue l’esclavage dans les champs de coton en Afrique, 160 ans après l’abolition (officielle) de l’esclavage !
• L’Histoire se répète tragiquement, avec – une fois de plus – le soutien et la complicité des « dirigeants » africains…

II. Enjeux et conséquences des OGM sur l’agriculture vivrière et sur les populations africaines.

Mécanisme: contamination et brevetages des semences

• Contamination de toutes les semences et cultures vivrières à travers le coton GM et le brevetage des semences contaminées.

Note : les zones cotonnières du Mali et de la sous-région sont en même temps le « grenier » de la production vivrière…

Résultat:

• Contamination de toute l’agriculture vivrière au Mali et dans toute la sous-région à travers le coton Bt par la contamination et la disparation progressive des semences traditionnelles vivrières et de la confiscation et de l’appropriation des semences vivrières contaminées à travers le mécanisme du brevetage des semences.

Conséquences:

CONTROLE TOTAL DE L’AGRICULTURE VIVRIERE AU MALI, DANS LA SOUS-REGION ET SUR L’ENSEMBLE DU CONTINENT AFRICAIN PAR UNE POIGNEE DE MULTINATIONALE DE BIOTECHNOLOGIE!

• Disparition progressive et totale de toutes les semences vivrières traditionnelles à travers la contamination génétiques.
• Dépendance totale des paysans sur une poignée de multinationales de biotechnologie pour s’approvisionner en semences (5 multinationales détiennent actuellement +90% des semences vivrières génétiquement modifiées dans le monde (OGM))
• Contrôle de toute l’agriculture vivrière et donc de la vie de toutes les populations africaines entre les mains de ces multinationales…
• Contrôle des semences = contrôle de la nourriture = contrôle de la vie!

SAISI & PRIVATISATION DES TERRES

Saisi et privatisation des terres à travers les mécanismes suivants :

• contrôle et augmentation des prix des semences, des intrants, manipulation/baisse du prix d’achat des produits agricoles = non-rentabilité des paysans, endettement, faillite économique, saisis des terres.
• Poursuites et actions juridiques contre des paysans - dont les champs et les cultures ont été involontairement et à leur insu contaminés par un flux de gènes brevetés - pour violation des clauses juridiques relatives à l’utilisation du droit de brevet détenu par les multinationales de biotechnologie.

MONOPOLE ET CONTROLE TOTAL DE L’AGRICULTURE VIVRIERE

• Monopole des semences vivrières + privatisation des terres = contrôle de toute l’agriculture vivrière au Mali, dans la sous-région et sur l’ensemble du continent africain par une poignée de multinationales…

Résultat:

• Des millions de paysans vont se retrouver dépossédés de leurs terres et sans semences...( +80% des populations africaines vivent de la terre = + 700 millions personnes !)
• Comment vont-ils se nourrir… ? Que vont-ils faire pour vivre… ? Ou vont-ils aller… ?
• Dépendance totale de toute la population africaine sur une poignée de multinationales pour manger et donc pour vivre…
• Contrôle absolue sur la vie de millions de personnes en Afrique par une poignée de multinationales…
• Misère et chaos INDESCRIPTIBLE, famines, révoltes, guerres, etc.…

PRODUCTION DE BIO-CARBURANT

Les multinationales de biotechnologies vont privilégier la production de biocarburants sur les terres saisies et privatisées au détriment de la production vivrière pour servir les intérêts géopolitiques des Etats-Unis et des pays du G8:

• indépendance énergétique: Biocarburant (pourghere/jatropha).
• « arme alimentaire »: contrôle de la chaine alimentaire mondiale
• réduction des populations jugées « inférieures » et non désirables à travers la famine (politique de l’eugénisme)
• contrôle et accaparement des ressources géostratégiques des pays du Sud, etc. (Rockefeller/Kissinger, etc. (lire > NSSM 200, Henry Kissinger)

CONSEQUENCES DU COTON GM ET DES OGM EN AFRIQUE ET DANS LE MONDE.

PLUS GRAND GENOCIDE ECONOMIQUE, SOCIAL ET ECOLOGIQUE DE L’AFRIQUE ET DE L’HUMANITE !