Showing posts with label crise alimentaire. Show all posts
Showing posts with label crise alimentaire. Show all posts

Thursday, October 23, 2008

La FAO tire la sonnette d'alarme sur les dangers des bio-carburants


ROME - La FAO, l’agence de l’ONU pour l’Alimentation et l’Agriculture, met sérieusement en doute les bienfaits supposés des biocarburants sur l’environnement et s’en prend aux politiques de soutien à cette nouvelle forme d’énergie, dans un rapport publié mardi à Rome.

La production de biocarburants, qui a triplé entre 2000 et 2007 et représente 2% de la consommation mondiale de combustibles pour le transport, a été "l’un des facteurs de la hausse des prix agricoles et de la crise alimentaire mondiale", a souligné le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, lors d’une conférence de presse.

"Outre les conséquences négatives des biocarburants sur la sécurité alimentaire de la planète, nous avons des doutes concernant leur impact sur la réduction des gaz à effet de serre, ainsi que des inquiétudes sur leurs conséquences sur l’environnement", a déclaré M. Diouf.

Dans ce rapport, la FAO souligne que "l’utilisation et la production croissante de biocarburants ne contribueront pas forcément à réduire les émissions de gaz à effet de serre autant qu’espéré".

"Si certains agrocarburants, comme ceux tirés du sucre, peuvent engendrer des émissions de gaz à effet de serre bien inférieures, ce n’est pas le cas de nombreux autres", poursuit la FAO, citant notamment les cas du mais et du colza, respectivement exploités aux Etats-Unis et en Europe.

La FAO tire aussi la sonnette d’alarme à propos de la réaffectation des terres agricoles aux biocarburants.

"Les modifications de l’affectation des terres et la déforestation, représentent une grave menace pour la qualité des sols, la biodiversité, et les émissions de gaz à effet de serre", a souligné Jacques Diouf.

Le rapport note que "l’impact des biocarburants sur les émissions de gaz à effet de serre, les sols, l’eau et la biodiversité" change "sensiblement selon les pays, les biocarburants eux-mêmes, les matières premières et les méthodes de production".

La FAO plaide donc pour "des approches harmonisées de l’analyse du cycle de vie, des bilans des gaz à effet de serre et des critères de durabilité".

Concernant les mesures de soutien à la production de biocarburants (subventions, barrières douanières, avantages fiscaux,...) le rapport avertit qu’il "devient nécessaire de repenser" ces réglementations.

"Les politiques en vigueur tendent à favoriser les producteurs de certains pays développés par rapport à ceux de la plupart des pays en développement", dénonce l’organisation.

La FAO juge que "ces politiques ont été coûteuses et ont eu tendance à introduire de nouvelles distorsions" sur les marchés.

Or, dans de nombreux pays, "la production de biocarburants n’est pas économiquement viable sans subventions", affirme la FAO, soulignant que "la principale exception concerne la production d’éthanol au Brésil", second producteur de biocarburant après les Etats-Unis et premier exportateur mondial.

La FAO reconnaît cependant que les biocarburants présentent des "opportunités" pour les pays producteurs pauvres.

Mais l’organisation souligne qu’elles seraient favorisées "par la suppression des subventions agricoles et des barrières commerciales".

En conclusion, l’organisation se prononce pour que les investissements privilégient la recherche sur les biocarburants de deuxième génération, "mieux à même de réduire les émissions de gaz à effet de serre" car ils ne sont pas produits à partir de matières premières alimentaires, mais de paille ou de bois.

AFP / 07 octobre 2008

Thursday, July 03, 2008

Les raisons politiques de la crise alimentaire mondiale

Par Olivier Nizet

source de l'article: http://www.cadtm.org

Les divers commentaires publiés au cours du sommet de la FAO, sommet au cours duquel les mouvements paysans ont été injustement expulsés, parlent d’eux-mêmes : suivant les intérêts économiques et stratégiques des uns ou des autres, on met en avant différentes responsabilités : la multiplication des surfaces réservées aux agrocarburants entrant en conflit avec la production alimentaire ; les marchés à terme, censés limiter la spéculation, mais dont les effets sont complètement inverses (comme les marchés à terme du pétrole dont le prix est lui aussi en train d’exploser) ; les subsides à l’agriculture accordés par l’UE à ses exploitants agricoles ; ou encore les nouvelles habitudes alimentaires des pays dits émergents comme la Chine ou l’Inde. Chacun essaie d’imposer son agenda politique, et tire assez maladroitement la couverture de son côté.

Cet imbroglio de raisons diverses nous fait passer à côté de la principale raison de l’existence de cette crise :

La production alimentaire mondiale est répartie de manière inégalitaire. Pendant que les capitalistes du Nord et du Sud s’empiffrent et grossissent à vue d’œil, les populations au Nord voient leur pouvoir d’achat diminuer de jour en jour, et au Sud, 100.000 personnes meurent quotidiennement des effets de la malnutrition. Les prix grimpent en flèche, les famines se multiplient, ainsi que les émeutes qui les accompagnent, et pourtant la récolte mondiale de céréales de l’année 2007 bat tous les records, selon les estimations de la FAO, et continuerait sa progression pour la récolte 2008, selon les mêmes sources. Il semble donc clair que nous produisons assez de nourriture pour enrayer définitivement ce problème politico-économique.

Le néolibéralisme frappe encore

L’agenda des dirigeants des pays de la Triade (USA, UE et Japon) est tout à fait différent du discours officiel : le but inavoué est de profiter de cette crise pour imposer aux pays les plus pauvres une nouvelle révolution verte, sponsorisée à grand coup de dons de semences et d’engrais, le tout enrobé dans une grande couverture humaniste et désintéressée. C’est une des composantes de la stratégie du choc décrite par Naomi Klein dans son livre éponyme |2| : se servir d’une catastrophe ou la fabriquer pour justifier de nouvelles mesures économiques et sociales toujours plus inégalitaires, dans la droite ligne du consensus de Washington. Comme si les plans d’ajustement structurels imposés aux économies du Sud depuis le début des années 1980 suite à la crise de la dette n’avaient pas suffisamment détruit les peuples et leur environnement, ces mêmes institutions financières redoublent de cynisme en apportant leurs solutions caduques à un problème qu’ils ont eux-mêmes créé.

La preuve la plus évidente est le plan en dix points proposé par la Banque mondiale pour enrayer la crise |3|.

Ce plan propose bien évidemment des dons d’urgence, des actions concrètes afin de faire parvenir rapidement une aide alimentaire dans les pays les plus touchés par le phénomène. Mais une lecture complète de ces 10 points nous ramène très vite à la triste réalité de l’agenda néolibéral. Derrière ce discours bienfaiteur, on perçoit clairement le spectre de la révolution verte : mécanisation de l’agriculture, utilisation d’engrais (déjà inaccessibles pour de nombreux paysans), un recours plus que probable aux OGM fournis par l’industrie agroalimentaire en violation totale avec le principe de souveraineté alimentaire. Le but de cette nouvelle révolution verte n’est certainement pas de permettre aux habitants des pays pauvres et lourdement endettés de retrouver une indépendance agricole et alimentaire, mais de les embarquer dans un modèle d’agriculture qui a déjà démontré ses limites depuis plusieurs décennies, avec son lot de destruction des sols, des réserves aquifères, et des liens sociaux existants entre les différentes composantes d’un population paupérisée et déplacée au gré des évolutions du marché.A titre d’exemple, voici la solution à la crise proposée par Jeffrey Sachs, ancien conseiller du FMI et de la Banque Mondiale, parue le 2 juin dernier dans Les Echos, journal économique français :

« La solution consiste à augmenter le rendement des céréales à au moins deux tonnes par hectare. Même les fermiers les plus pauvres devraient pouvoir accéder à des semences améliorées, aux engrais chimiques, à des matières organiques et, là où c’est possible, à des méthodes d’irrigation à petite échelle, comme des pompes pour tirer l’eau d’un puits proche. Cette association de semences à fort rendement, d’engrais et d’irrigation n’a rien de magique. C’est la clef de l’augmentation mondiale de la production alimentaire depuis les années 1960. Le problème est que les paysans des pays pauvres ne disposent pas d’épargne. Ils ne peuvent pas emprunter pour investir. Par conséquent, ils produisent leur nourriture de façon traditionnelle et gagnent peu, voire rien du tout. » |4|

Augmenter les rendements grâce à la technologie, aux intrants chimiques, aux semences à haut rendement (OGM ?), investir grâce à l’emprunt extérieur (et donc s’endetter pour une ou plusieurs générations, sic !!!), voici les solutions miracles que le système capitaliste sort de son chapeau afin d’enrayer la famine mondiale. C’est pourtant ce genre de politique désastreuse qui a conduit le Brésil de Lula à abandonner la souveraineté alimentaire afin de produire du soja génétiquement modifié ou de la canne à sucre sur d’énormes parcelles arrachées à la forêt primaire amazonienne. Tout çà pour engraisser nos bovins ou remplir les réservoirs de nos voitures. Et cela n’a certainement pas aidé les millions de Brésiliens mal nourris à améliorer leur régime alimentaire.

Un peu de recul et d’analyse de l’application de ces méthodes inefficaces prouvent que les seuls résultats tangibles de ces politiques sont des bénéfices records pour tous les intermédiaires de l’industrie agroalimentaire qui pullulent autour des producteurs agricoles, et une précarité accrue pour ceux-ci. Déçus par l’implosion de la bulle spéculative immobilière, les capitalistes de tous poils se dirigent vers ce marché porteur de bénéfices énormes.

Ce fait avéré a pourtant été démenti récemment par Bruno Colmant, directeur de la Bourse de Bruxelles et membre du comité d’administration du NYSE, lors d’une conférence-débat à Louvain-la-Neuve le 20 avril dernier en présence de deux membres du CADTM. Pour rappel, les bénéfices de Monsanto ont augmenté de 108 %, ceux de Cargill ont grimpé de 86%, et ceux de Mosaic, principale entreprise active dans les fertilisants, ont augmenté de 1134 % |5|. Tandis que ces spéculateurs s’enrichissent de manière scandaleuse, la majorité de la population mondiale se demande de quoi demain sera fait.

Les solutions existent

Il existe des tas de méthodes agronomiques non destructrices qui permettent d’augmenter de manière considérable les rendements agricoles. Les méthodes ancestrales du non-labour, entre autres, permettent de se passer des machines lourdes et grandes consommatrices de combustibles fossiles. Il est bien entendu possible de rendre la fertilité à certains sols ingrats sans les « miracles » de la biotechnologie.

Et sur un continent comme l’Afrique, par exemple, remplacer une main d’oeuvre abondante par quelques machines coûteuses est un non-sens économique et social. La terra preta d’Amazonie, sol créé par la main de l’homme à l’époque précolombienne et toujours aussi fertile après plusieurs centaines d’années |6|, est la preuve la plus criante de l’inutilité du tout technologique vendu à prix d’or par une industrie qui ne recherche que le profit à court terme.

Le monde n’a pas besoin de produire plus, mais de produire mieux, plus raisonnablement, en limitant les transports inutiles, en interdisant la spéculation sur ces biens de première nécessité, et en créant des barrières efficaces contre le dumping des céréales subventionnées par les pays riches, car l’humanité doit se nourrir tous les jours.

La solution réside aussi et surtout dans une meilleure distribution de cette production alimentaire, qui devrait d’abord être consommée par les hommes, femmes et enfants du monde avant d’aller remplir les silos des « feed-lots » américains ou les réservoirs de nos bagnoles. On ne devrait plus parler de sécurité alimentaire, mais de droit inaliénable et inconditionnel pour tous les peuples à la souveraineté alimentaire. Afin que les 100.000 victimes quotidiennes de ce massacre économique ne soient plus que le mauvais souvenir d’un système criminel.

Notes de bas de page:

|1| Voir à ce sujet l’article du Financial Times du 30 mai 2008 intitulé : World Bank acts to mitigate food crisis, par Chris Bryant

|2| La stratégie du choc : La Montée d’un Capitalisme du Désastre (Actes Sud, 2008)

|3| http://web.worldbank.org

|4| http://www.lesechos.fr/info/analyses/4734486.htm

|5| Source Via Campesina

|6| http://fr.wikipedia.org/wiki/Terra_preta

Sunday, May 18, 2008

Cargill est un acteur clé dans la crise alimentaire mondiale

Un nouveau rapport du groupe Food & Water Watch ( www.foodandwaterwatch.org) dévoile les impacts dommageables causés par ce géant de l’agro-industrie.

Alors que des millions de personnes dans le monde sont confrontées à une sévère famine, la poignée des entreprises de l’agro-industrie qui dominent le marché mondial des produits agricoles réalise d’énormes profits. L’un des principaux acteurs du marché alimentaire mondial, Cargill, est analysé dans un nouveau rapport publié aujourd’hui par le groupe national Food and Water Watch [NDT : Groupe de surveillance de l’alimentation et de l’eau]. Le rapport intitulé « Cargill: Une menace corporative pour l’alimentation et l’agriculture, » expose en détail la grande influence de Cargill sur le commerce international et dévoile aussi comment cette entreprise représente une menace pour les consommateurs, les fermes familiales, les travailleurs, l’environnement et même pour des économies entières à travers le monde.

CONTACT : Food and Water Watch
Patty Lovera ou Erin Greenfild
Tel : (202) 683-2457
www.foodandwaterwatch.org

Pour consulter le rapport « Cargill: Une menace corporative pour l’alimentation et l’agriculture, » consultez le site (anglais): http://www.foodandwaterwatch.org/food/pubs/reports/cargill

Wednesday, May 14, 2008

Crise alimentaire mondiale et agriculture biologique: Lettre ouverte à la FAO

Ci-joint une lettre adressée à monsieur Jacques Diouf - DG de la FAO- par Monsieur Philippe Desbrosse, le président d'Intelligence Verte, relative à la crise alimentaire mondiale et à l'agriculture biologique.  (http://www.intelligenceverte.org)

Cliquer sur le lien ici: The Earth Organization France (TEO Association Terre): Lettre ouverte �la FAO

Crise alimentaire mondiale

Les révoltes de la faim dans les pays du Sud : l'aboutissement logique de choix économiques et politiques désastreux

Communiqué de presse - 18 avril 2008
Communiqué commun ATTAC, Confédération paysanne.

Les révoltes dans divers pays révèlent une crise alimentaire mondiale qui s'installe sans doute pour une longue période, à défaut de changement radical d'orientation.

Nous ne sommes pas dans une situation de pénurie mondiale. Quoique extrêmement faibles, les stocks sont encore suffisants pour faire la jonction entre deux récoltes. Mais l'accès à l'alimentation des populations s'est dégradé brutalement face à une augmentation considérable des prix.

Elle aggrave encore la situation actuelle (20 000 morts par jour, près de 900 millions de personnes souffrant de malnutrition dont 80% de paysans).

La faiblesse des stocks est en cause. Elle provient en partie de phénomènes nouveaux : une demande forte en céréales et oléagineux pour l'alimentation, une demande en hausse pour la production d¹agrocarburants industriels (éthanol et diester) et des accidents climatiques qui ont diminué les récoltes sur certains territoires de la planète.


Mais cette nouvelle tension sur les marchés révèle surtout des problèmes structurels, issus de choix économiques désastreux, basés sur la croyance des bienfaits pour l'humanité de la libéralisation des marchés agricoles et de la marchandisation tous azimuts :
avançant la nécessité du remboursement de la dette, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale contraignent depuis des dizaines d¹années les pays pauvres à réorienter leurs productions agricoles vers l¹exportation. Ces pays ont ainsi dû délaisser leurs cultures vivrières, augmentant leur dépendance aux marchés extérieurs ;
sous l¹égide de l¹Organisation mondiale du commerce et sous la pression des accords bilatéraux, les politiques agricoles de tous les pays et leurs tarifs douaniers ont été progressivement démantelés : l'agriculture paysanne des pays du Sud se retrouve sans protection, en compétition directe avec l'agriculture subventionnée et industrielle des pays du Nord ;
la spéculation sur les marchés de matières premières accentue l'instabilité, à la baisse ou à la hausse, de leurs prix. Elle s'inscrit dans le cadre d'un capitalisme financier exacerbé, qui détériore l'ensemble des conditions de vie, y compris dans ce qu'elles ont de plus élémentaire ;
de nombreux pays, en soutenant le développement des agrocarburants, répondent aux intérêts des multinationales mais mettent un peu plus en danger la sécurité alimentaire mondiale. Tandis que leur bilan carbone est contesté dans la plupart des cas, les cultures intensives d'agrocarburants concurrencent directement les productions alimentaires et favorisent la hausse des prix et la spéculation.


Pour toutes ces raisons qui n'ont rien de conjoncturel, il est à craindre que l'extrême pauvreté et les conflits régionaux ne fassent que s'aggraver.

Seules des mesures cohérentes, en rupture avec les politiques libérales actuelles, peuvent permettre d¹endiguer la catastrophe qui s¹annonce :
une régulation mondiale des marchés agricoles avec le recours aux stocks publics dans le cadre d'une instance internationale sous l'autorité des Nations Unies : elle doit permettre une régulation des prix mondiaux compatible avec l'intérêt général et l'instauration d'une fiscalité procurant les ressources publiques pour satisfaire les besoins en développement des pays du Sud ;
la reconnaissance du droit à la souveraineté alimentaire, c'est-à-dire le droit des populations, de leurs États ou Unions à définir leur propre politique agricole et alimentaire sans dumping vis-à-vis des pays tiers ;
l'annulation de la dette des pays pauvres et l'augmentation substantielle de l'aide publique, à commencer par celle de l¹Union européenne et de ses États membres, qui est aujourd'hui en diminution ;
un moratoire pour suspendre la production d'agrocarburants et expérimenter des solutions alternatives, comme le propose Jean Ziegler, rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation.

Enfin, la crise alimentaire ne peut être résolue au détriment des impératifs écologiques, notamment par la déforestation et le développement des OGM. La crise climatique et l'épuisement des sols sont autant de facteurs qui, au contraire, accentuent la crise alimentaire. Les solutions résident dans des pratiques agricoles écologiques et sociales. Elles nécessitent en particulier une réorientation de la recherche publique agronomique et des politiques agricoles et alimentaires dans leur ensemble.

Contact :
Aurélie Trouvé, co-présidente d'Attac, 06 17 17 50 87
Régis Hochart, porte-parole de la Confédération paysanne : 06 08 75 00 73

source: http://www.confederationpaysanne.fr/revoltes_faim_dans_pays_sud_aboutisse_logique_21.php&actualite_id=1259

Tuesday, May 13, 2008

LES VRAIES EXPLICATIONS DE LA CRISE ALIMENTAIRE MONDIALE



Depuis plusieurs jours, des "émeutes de la faim" prennent forme dans de nombreux pays du Sud en raison d'une flambée exponentielle des prix des céréales; en effet, en moins d'un an, le prix du mais a augmenté de +50%, le prix du riz de + 80% et le prix du blé de + 200%! 

Les causes (économiques) de cette flambée sont multiples:

1) chute vértigineuse du prix du dollar > (conséquence directe de la politique monétaire ( frauduleuse)  de la *Federal Reserve Bank des Etats Unis (*cartel privé des principales banques Americaines & Européennes)

Note: taper <Federal Reserve Bank> sur un moteur de recherche sur internet ( google blog, utube, etc.) pour comprendre les véritables objectifs et enjeux du "nouvel ordre mondial" > tels que conçus par les "maîtres du monde..."

2) augmentation exponentielle du prix du baril de pétrole - conséquence directe de la chute du dollar ( élasticité du prix du dollar sur le prix du pétrole: 1% de dévaluation du $ = augmentation de $4/baril ) et de la spéculation sur les marchés à terme du pétrole, et non d'une pénurie de pétrole.

3) spéculation sur les marchés à termes des produits alimentaires par les fonds d'investissements ( fonds "vautours" et autres fonds spéculatifs)

4) Politiques de subventions des biocarburants (éthanol & bio-diesel) produits à base de mais, cannes a sucre, betteraves et autres denrées alimentaires.

5) chute de la production alimentaire mondiale due aux aléas climatiques ( sécheresses, inondations, etc.)

Au niveau politique, la crise alimentaire mondiale est la conséquence directe et visée des politiques économiques et agricoles suicidaires dictées et imposées dans les pays du Sud ( avec la complicit
é active et criminelle des politiciens locaux) depuis plus de 30 ans par les institutions néocoloniales que sont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (PAS), l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), ou encore les récents dits Accords de (soi-disant) Partenariat Economique (APE) ( Accords de Pillage Economique) dictés et imposés par l'Union Européenne aux pays Afrique, Caraibe, Pacifique (ACP), dont le but réel est d'enfermer DEFINITIVEMENT les économies des pays ACP dans l'économie de plantation.

Le cynisme est à son comble quand les "architectes" de la crise alimentaire mondiale ( Banque Mondiale, FMI, OMC, ONU, FAO, EU, et autres institutions néocoloniales et portes-paroles des gouvernements des pays du G8 (ex: Louis Michel ) proposent de « l’aide » ou des « solutions » pour mettre un terme au "tsunami
économique et humanitaire" qu’il ont eux-mêmes volontairement et minutieusement planifiés et orchestrés pour servir leur agenda « *machiavélique » ( * Le nouvel ordre mondial > consulter internet pour plus d'info)

En effet, tous ces facteurs sont inextricablement li
és les uns aux autres et la crise alimentaire mondiale n'est que la conséquence prévisible et inévitable
des politiques économiques suicidaires et machiavéliques
conçues et exécutées par les "maitres du monde" pour l'instauration du "Nouvel Ordre Mondial, et de l'injustice du système économique mondiale dans son ensemble.

Qui sème l'injustice, récolte la misère...



Ci-joint un article sur les causes politiques de la crise alimentaire mondiale par Eric De Ruest. source: www.cadtm.org

note: voir les autres articles publi
és sur ce blog pour une analyse critique des vraies causes de la crise alimentaire mondiale.

Les PAS (plans d’ajustement structurel) ont été imposés par les institutions de Bretton Woods aux pays du Sud dans le contexte de la crise de la dette du début des années 1980 |2|. Ces mécanismes, tout droit issus de l’idéologie néolibérale, englobent l’ensemble des secteurs des sociétés visées. En effet, pour les théoriciens du néolibéralisme, la mondialisation déploiera l’ensemble de ses bienfaits quand chaque région produira ce en quoi elle excelle et laissera donc le soin aux autres régions de produire la majorité de ce dont elle a besoin. C’est en substance la théorie des avantages comparatifs datant de 1817. Plus simplement, un pays reconnu comme étant particulièrement adapté à la culture du cacao doit renoncer à produire les céréales, les huiles végétales, les légumineuses nécessaires à l’alimentation de base de ses habitant(e)s et doit échanger sur le marché mondial sa production contre tout ce qui lui manque. Il s’agit donc de se couper des cultures vivrières séculaires et essentielles à la souveraineté alimentaire des peuples pour se plier aux jeux des économistes. Jeux dangereux qui ont montrés leurs limites très rapidement et dont on peut contempler toute la déraison à travers les échecs observés dans de nombreux pays ( Haïti, le Sénégal, le Burkina Faso, etc.). Dangereux car ignorants la destruction de la biodiversité au profit des monocultures d’exportations, ignorants aussi les impacts écologiques désastreux des transports nécessaires pour toutes ces marchandises.

De plus, comment imaginer, sans une politique volontariste de contrôle des prix, qu’un pays qui exporte l’arachide dont les cours restent bas pendant 20 ans sur le marché mondial pourra importer les tracteurs et le pétrole nécessaires à son maintien sur ce marché ? Quand on connaît la tendance des cours du Brent à s’envoler toujours plus vers de nouveaux sommets et des prix des biens manufacturés à rester démesurément supérieurs aux cours de cette pauvre cacahuète, on imagine la catastrophe. C’est immanquablement la ruine et la famine pour la paysannerie locale et l’inévitable migration vers les bidonvilles pour une large partie de cette population.

Quelle est donc cette théorie issue des milieux intellectuels réputés sérieux qui fait fi de la biodiversité, de la souveraineté alimentaire des peuples, des risques de destruction par différents fléaux naturels ou humains accrus par le choix de la monoculture, de l’essence chaotique du marché |3|, de la pollution généralisée ?

Une stratégie délibérée de transformation sociale à l’échelle mondiale

Dans son premier rapport de 1999 consacré aux PAS, M. Fantu CHERU |4| explique que l’ajustement structurel va « au delà de la simple imposition d’un ensemble de mesures macroéconomiques au niveau interne. Il est l’expression d’un projet politique, d’une stratégie délibérée de transformation sociale à l’échelle mondiale, dont l’objectif principal est de faire de la planète un champ d’action où les sociétés transnationales pourront opérer en toute sécurité. Bref, les PAS jouent un rôle de ’courroies de transmission’ pour faciliter le processus de mondialisation qui passe par la libéralisation, la déréglementation et la réduction du rôle de l’Etat dans le développement national. » Et cela vient d’un rapporteur spécial des Nations-Unies.

M. CHERU n’est d’ailleurs pas le seul rapporteur des Nations-Unies à avoir évoqué dans ses travaux les conséquences néfastes des PAS. Des critiques détaillées issues des travaux d’autres experts onusiens font feu de tout bois dans les domaines du droit au logement, du droit à l’alimentation ou encore à celui de l’éducation |5|. Là où les IFI imposent la privatisation et ouvrent une voie royale à l’appétit gargantuesque des multinationales. C’est donc à cause d’une dette trop souvent issue de dictatures ou d’emprunts réalisés par les puissances coloniales (l’un n’empêchant pas l’autre) et transférés aux états nouvellement indépendants, que les gouvernements des pays du Sud (d’Afrique en particulier) |6| ont été contraints d’accepter les PAS et ainsi concéder une part importante de leur souveraineté. Si bien qu’avancer aujourd’hui que les choix stratégiques pour l’alimentation seraient encore dans les mains des gouvernements du Sud relève de l’escroquerie intellectuelle à moins d’un manque d’information indigne du journalisme que l’on est en droit d’attendre en démocratie. Entendons par là que fustiger à tort les Africains est une contre-vérité lourde de sens et qui n’aide en rien à créer un climat fraternel entre les peuples.

Un exemple pour mieux comprendre les impacts négatifs des PAS : Haïti

Les émeutes qui se sont déclenchées la semaine dernière à Port-au-Prince, mais aussi dans d’autres villes haïtiennes, ont été réprimées dans le sang. Une quarantaine de blessés au total dont quatorze par balles et au moins 5 morts. Pourtant, ces manifestations n’étaient que le résultat prévisible d’une flambée subite du prix du riz (de l’ordre de 200%). Quand on sait qu’aujourd’hui 82% de la population vit dans une précarité absolue avec moins de 2$ par jour, on comprend facilement de telles réactions face à cette augmentation. Haïti utilise 80% de ces recettes d’exportations uniquement pour couvrir les importations nécessaires à ses besoins alimentaires |7|.

Cependant, il n’en a pas toujours été comme cela. Avant la chape de plomb dictatoriale des Duvalier père et fils (de 1957 à 1986), l’île connaissait l’autosuffisance alimentaire. Mais la tendance qu’ont les IFI’s à soutenir les dictatures s’est encore confirmée ici et le peuple haïtien, en plus des blessures personnelles (tortures, exécutions sommaires, climat de terreur permanent instauré par les tontons macoutes), se voit réclamer le remboursement de la dette externe qui culminait en septembre 2007 à 1,54 milliard de dollars |8| Le secteur agricole aura été le plus durement touché par les exigences des prêteurs et puisque la population était majoritairement rurale, l’ampleur des dégâts n’en a été que plus importante. En cause ? Principalement l’abaissement des droits de douane imposé aux pays du Sud mais rarement respecté entre l’Europe et les Etats-unis. Et l’enchaînement fatal s’est mis en place ; arrivée d’un riz produit à l’étranger à moindre coût (car subventionné) donc exode vers les villes de nombreux paysans ruinés et donc impossibilité de réaction du marché local en cas de flambée des prix sur le marché international. Ici comme ailleurs, les bénéfices de la libéralisation sont inexistants pour la très grande majorité de la population, les dégâts sont par contre considérables.

Un tsunami d’origine bien humaine

Quand les pompiers pyromanes communiquent, partout la presse y fait écho. Le (pas très bon) mot de L.Michel est cité par tous les journalistes de la place européenne : « un tsunami économique et humanitaire ». On pourrait croire par là que la crise a une cause extra-humaine, comme le fruit d’une catastrophe naturelle. Pourtant, comme nous l’avons développé plus haut, les causes de la crise sont par trop le résultat de politiques dictées par les milieux financiers aux gouvernements du Sud. C’est aussi à notre voracité énergétique qu’il faut imputer une des causes de cette crise ; Les agrocarburants rentrent bien en concurrence, sur le marché, avec les denrées alimentaires. La spéculation qui se fait autour de cette nourriture changée en carburant tire le prix des céréales et du sucre vers de nouveaux plafonds. Même Peter Brabeck, patron de la multinationale Nestlé, s’inquiète de la situation dans une interview au journal suisse « NZZ am Sonntag » du 23 mars 2008. Pour lui, si l’on veut couvrir 20% de la demande pétrolière avec des agrocarburants, il n’y aura plus rien à manger |9|.

Il est donc plus que temps d’abandonner ce modèle de (sous-)développement néfaste et de laisser le choix aux populations de cultiver prioritairement pour leur marché intérieur. Actuellement, avec les connaissances acquises dans le domaine de l’agriculture respectueuse de l’environnement, nous pouvons viser l’autonomie alimentaire régionale sur l’ensemble de la planète et donc satisfaire à un droit humain fondamental, celui de se nourrir décemment. Les conséquences positives de ces progrès tant attendus seraient de favoriser rapidement la santé dans un premier temps, puis l’éducation, induisant une qualité de vie meilleure sous toutes les latitudes.

notes articles:

|1| p.4 de « la libre Belgique », un article de M.F.C. (avec l’AFP et Reuters) ce jeudi 10 avril 2008

|2| Lire E.Toussaint « la finance contre les peuples : La bourse ou la vie » chap.8 p.187 coédition Syllepse /CADTM/CETIM, 2004.

|3| Benoît Mandelbrot a conçu, développé et utilisé une nouvelle géométrie de la nature et du chaos. On sait moins que la géométrie fractale est née des travaux que Mandelbrot avait consacrés à la finance au cours des années 1960. Pour de plus amples informations lire : « Fractales, hasard et finance », de Benoît Mandelbrot, 1959-1997 en poche.

|4| Expert indépendant auprès de l’ancienne commission des droits de l’homme des Nations-Unies (sur les effets des PAS sur la jouissance effective des droits humains - rapport E/CN.4/1999/50 du 24 février 1999)

|5| Lire à ce propos la brochure éditée par le CETIM « Dette et Droits Humains », décembre 2007.

|6| Pour le Congo par exemple, au 30 juin 1960, jour de l’indépendance, la dette directe s’élève à un total de 921 096 301,44 US$ » (Tiré de l’article de Dieudonné Ekowana).

|7| Ce qui laisse très peu de marge pour tout le reste, tout ce qui est pourtant nécessaire au développement d’un pays. Jamais d’ailleurs le duo infernal FMI/BM ne s’est vanté d’une quelconque réussite de ses politiques sur cette île.

|8| Selon la Banque mondiale et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) Bébé Doc. aurait détourné au total entre 300 et 800 millions de dollars.

|9| Tout comme le Premier ministre italien, Romano Prodi, sceptique sur les bénéfices des agrocarburants et qui a affirmé qu’une transition vers ce type de palliatif au pétrole aurait un impact négatif sur la production alimentaire.