Wednesday, April 15, 2009
MAIS Bt DE MONSANTO STERILE...
Les fermiers d’Afrique du Sud, qui s’étaient lancés dans la cultures de variétés de maïs GM vendues par Monsanto ,ont eu la désagréable surprise de découvrir que leurs plantes transgéniques avaient produit des épis dépourvus de graines.
La stérilité des plants de maïs touche trois variétés distinctes vendues par Monsanto, au total ce sont plus de 82 000 hectares de maïs transgénique qui sont touchés. En apparence la croissance du maïs était satisfaisante, mais en ouvrant les épis pour juger de leur maturité, les agriculteurs se sont aperçus que les plantes étaient stériles et n’avaient pas produits la précieuse graine jaune. Quelques 280 exploitants agricoles Sud Africains se sont déjà manifestés pour rapporter ce phénomène dans leurs champs.
Monsanto a aussitôt reconnu sa responsabilité et s’est engagée à offrir une compensation aux cultivateurs lésés. Monsanto explique l’échec de ses trois variétés de maïs par un problème « d’infertilisation qui se serait produit au cour du processus de fabrication dans les laboratoires ». L’évaluation des dommages est en cours avec la participation des coopératives locales, d’après Monsanto cela concernerait environ 25% des semences vendues la saison passée. Les variétés de maïs incriminées avaient été génétiquement manipulées pour résister à l’herbicide Roundup, le best seller de Monsanto, et pour produire une toxine insecticide. D’après Kobus Lindeque, directeur de Monsanto en Afrique, il ne s’agit pas d’un « problème lié aux modifications génétiques » qu’ont subies les plantes, mais « d’une insuffisante fertilisation durant la production des semences ».
Pour les fermiers sud africains, « c’est une bonne chose que Monsanto propose immédiatement de dédommager les fermiers pour les pertes subies. » dit Kobus van Coller, touché par le phénomène. « Personne ne pouvait dire d’extérieur que la plante était stérile, il n’y avait aucun signe de maladie ou de parasites, mais lorsqu’on a ouvert les épis, il n’y avait vraiment que très peu ou pas du tout de graines. » Reste à savoir comment seront fixées les compensations financières offertes par Monsanto et si tous les cultivateurs y trouveront leur compte.
En revanche, du coté des activistes environnementaux, les chiffres sont plus alarmant. D’après Marian Mayet, directrice du Africa Centre for Biosecurity à Johannesburg, certaines exploitations auraient subi jusqu’à 80% de pertes. Son organisation, l’une des principales en Afrique du Sud, appelle le gouvernement à établir un moratoire afin de conduire une enquête sur les raisons de cet échec du maïs transgénique de Monsanto. De plus, les organisations environnementales réclament plus de transparence sur la présence d’OGM dans l’alimentation, par la mise en place d’une politique d’étiquetage obligatoire des produits alimentaires, qui aujourd’hui fait défaut.
Au delà du fait que cette contre performance du maïs GM de Monsanto plombe la récolte 2009, cela pose également la question de l’approvisionnement alimentaire dans les pays du Sud. Comme dans beaucoup de pays africains, le maïs est l’aliment de base des 48 millions de Sud africains. Une chute de la production subite risque d’entraîner une hausse du prix des denrées alimentaires sur le marché local. Or, la part du budget pour l’alimentation est en moyenne de 50% pour une famille africaine (80% pour les plus pauvres), ainsi même une légère augmentation des prix pourrait entraîner un appauvrissement des populations les moins favorisées et avoir un impact négatif sur la nutrition de ces personnes. Dans un contexte de crise alimentaire mondiale, c’est un sujet sensible, surtout en Afrique où les multinationales de la biotechnologie cherchent à s’implanter au nom de la « lutte contre la faim ».
C’est aussi la question de l’oligopole du marché des semences contrôlé par Monsanto, et quelques compagnies, qui est posée. Comme nous le voyons ici, Monsanto est le principal fournisseur de semences génétiquement modifiées en Afrique du Sud, ainsi un accident dans sa chaîne de fabrication des semences se répercute directement sur l’ensemble de la production de maïs du pays. Ces dernières années, l’homogénéisation des semences industrielles au nom de la productivité s’est faite au détriment de la biodiversité et des variétés locales. Aujourd’hui on découvre le revers de la médaille de ces semences high-tech qui peuvent échouer de façon tout aussi homogène et bouleverser toute une récolte, perturbant ainsi l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Comme certains militants le dénoncent, contrôler les semences ne revient-il pas à contrôler l’alimentation ? Est-il responsable de remettre l’approvisionnement alimentaire d’un Etat entre les main d’une multinationale étrangère ? La souveraineté alimentaire et le contrôle de la production agricole nationale ne seraient-ils pas des priorités stratégiques à poursuivre par tous les Etats ?
Des questions auxquelles devraient répondre tous les dirigeants politiques avant de céder aux sirènes des compagnies de biotechnologie, qui aiment tant se draper du voile de « sauveurs des affamés » pour vendre leur technologie.
Benjamin Sourice, chargé de campagne Combat Monsanto, le 2 avril 2009
Source : Digitaljournal.com, Afrique du Sud, du 29 mars 2009
La stérilité des plants de maïs touche trois variétés distinctes vendues par Monsanto, au total ce sont plus de 82 000 hectares de maïs transgénique qui sont touchés. En apparence la croissance du maïs était satisfaisante, mais en ouvrant les épis pour juger de leur maturité, les agriculteurs se sont aperçus que les plantes étaient stériles et n’avaient pas produits la précieuse graine jaune. Quelques 280 exploitants agricoles Sud Africains se sont déjà manifestés pour rapporter ce phénomène dans leurs champs.
Monsanto a aussitôt reconnu sa responsabilité et s’est engagée à offrir une compensation aux cultivateurs lésés. Monsanto explique l’échec de ses trois variétés de maïs par un problème « d’infertilisation qui se serait produit au cour du processus de fabrication dans les laboratoires ». L’évaluation des dommages est en cours avec la participation des coopératives locales, d’après Monsanto cela concernerait environ 25% des semences vendues la saison passée. Les variétés de maïs incriminées avaient été génétiquement manipulées pour résister à l’herbicide Roundup, le best seller de Monsanto, et pour produire une toxine insecticide. D’après Kobus Lindeque, directeur de Monsanto en Afrique, il ne s’agit pas d’un « problème lié aux modifications génétiques » qu’ont subies les plantes, mais « d’une insuffisante fertilisation durant la production des semences ».
Pour les fermiers sud africains, « c’est une bonne chose que Monsanto propose immédiatement de dédommager les fermiers pour les pertes subies. » dit Kobus van Coller, touché par le phénomène. « Personne ne pouvait dire d’extérieur que la plante était stérile, il n’y avait aucun signe de maladie ou de parasites, mais lorsqu’on a ouvert les épis, il n’y avait vraiment que très peu ou pas du tout de graines. » Reste à savoir comment seront fixées les compensations financières offertes par Monsanto et si tous les cultivateurs y trouveront leur compte.
En revanche, du coté des activistes environnementaux, les chiffres sont plus alarmant. D’après Marian Mayet, directrice du Africa Centre for Biosecurity à Johannesburg, certaines exploitations auraient subi jusqu’à 80% de pertes. Son organisation, l’une des principales en Afrique du Sud, appelle le gouvernement à établir un moratoire afin de conduire une enquête sur les raisons de cet échec du maïs transgénique de Monsanto. De plus, les organisations environnementales réclament plus de transparence sur la présence d’OGM dans l’alimentation, par la mise en place d’une politique d’étiquetage obligatoire des produits alimentaires, qui aujourd’hui fait défaut.
Au delà du fait que cette contre performance du maïs GM de Monsanto plombe la récolte 2009, cela pose également la question de l’approvisionnement alimentaire dans les pays du Sud. Comme dans beaucoup de pays africains, le maïs est l’aliment de base des 48 millions de Sud africains. Une chute de la production subite risque d’entraîner une hausse du prix des denrées alimentaires sur le marché local. Or, la part du budget pour l’alimentation est en moyenne de 50% pour une famille africaine (80% pour les plus pauvres), ainsi même une légère augmentation des prix pourrait entraîner un appauvrissement des populations les moins favorisées et avoir un impact négatif sur la nutrition de ces personnes. Dans un contexte de crise alimentaire mondiale, c’est un sujet sensible, surtout en Afrique où les multinationales de la biotechnologie cherchent à s’implanter au nom de la « lutte contre la faim ».
C’est aussi la question de l’oligopole du marché des semences contrôlé par Monsanto, et quelques compagnies, qui est posée. Comme nous le voyons ici, Monsanto est le principal fournisseur de semences génétiquement modifiées en Afrique du Sud, ainsi un accident dans sa chaîne de fabrication des semences se répercute directement sur l’ensemble de la production de maïs du pays. Ces dernières années, l’homogénéisation des semences industrielles au nom de la productivité s’est faite au détriment de la biodiversité et des variétés locales. Aujourd’hui on découvre le revers de la médaille de ces semences high-tech qui peuvent échouer de façon tout aussi homogène et bouleverser toute une récolte, perturbant ainsi l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Comme certains militants le dénoncent, contrôler les semences ne revient-il pas à contrôler l’alimentation ? Est-il responsable de remettre l’approvisionnement alimentaire d’un Etat entre les main d’une multinationale étrangère ? La souveraineté alimentaire et le contrôle de la production agricole nationale ne seraient-ils pas des priorités stratégiques à poursuivre par tous les Etats ?
Des questions auxquelles devraient répondre tous les dirigeants politiques avant de céder aux sirènes des compagnies de biotechnologie, qui aiment tant se draper du voile de « sauveurs des affamés » pour vendre leur technologie.
Benjamin Sourice, chargé de campagne Combat Monsanto, le 2 avril 2009
Source : Digitaljournal.com, Afrique du Sud, du 29 mars 2009
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